Chapitre 25: Fusillade (1)

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Eileen                                                            Présent

Je fus tirer de mes souvenirs par la clochette de la porte de l'accueil. Après avoir repris un minimum contenance, et pendant que Donavan était sous la douche, j'avais décidé d'aller faire un tour pour m'aérer la tête. Mes pensées étaient vrac et je n'avais pas la moindre idée de comment remettre de l'ordre dedans. Je savais que je devais me concentrer sur la mission, sur mes retrouvailles avec mon cousin... Mais mon esprit était encombré dans ces moindres recoins par cet idiot de Donavan et des sensations extraordinaires qu'il procurait à mon corps. Hormis ce matin, nous n'avions eu aucun contact physique, du moins pas de contact sensuel. Mais ces regards enflammés et ces paroles crues, que jamais je n'aurais pu penser si... Si sexy, m'émoustillaient totalement. Son parfum me faisait tourner la tête et le moindre de ces souffles contre ma nuque me procurait une myriade de frissons. En clair, s'il me touchait, j'étais foutue.

Complément et irrémédiablement foutue.

Bref, j'avais fumé une clope en tentant de contenir la rafale de souvenirs qui m'assaillait depuis que Donavan m'avait révélé qu'il était le filleul d'Enrico, avant d'aller chercher de quoi manger sur la route à l'accueil. Donavan me connaissait, enfin il connaissait Elena, et c'était un putain de coup de chance qu'il ne m'ait pas reconnu. Bon, je ne l'avais pas reconnu non plus... Pas vraiment du moins. Et notre rencontre se résumait à un après-midi haut en émotion les plus contradictoires les unes que les autres, plus de dix ans auparavant, donc... Mon secret était sauf pour le moment.

J'avais remarqué la veille, qu'en plus de vendre des souvenirs pour les touristes, ils vendaient des sandwiches et autres en-cas. Je relevais la tête pour voir qui venait d'entrer dans ce motel pourri et me plaquais rapidement contre le mur à côté du distributeur de boissons.

Merde, merde, merde!

Je savais que ce voyage était trop calme pour que ça ne dure. Hormis l'horrible pressentiment qu'un piège nous était tendu dans ce maudit motel près de Greensboro, rien n'était arrivé... Et je devais avouer qu'un peu d'action ne m'aurait pas déranger. Eh bien je venais d'être servie, deux types du Clan Berlusconi venaient juste d'entrer. Comment je les avais reconnu ? Rien de plus simple, deux grandes armoires à glace brunes, mate de peau et à l'accent aux fortes consonances italiennes. Et puis, depuis que nous avions passé Augusta, nous avions officiellement pénétré sur le territoire des Berlusconi alors ce n'était qu'une question de temps qu'avant d'en croiser. De là où j'étais, ils ne pouvaient pas me voir alors j'en profitais pour jeter un rapide coup d'œil autour de moi à la recherche de n'importe quoi qui pouvait me permettre de me barrer au plus vite. Parce que, oui, comme une conne j'étais sortie sans arme, trop bouleversée pour me préoccuper de partir sans au moins un couteau. Tout ça à cause de l'incube qui me servait de partenaire. Mon Dieu ce que je me détestais a ce moment-là. Je remarquais que le stand de sweets et casquettes à l'effigie de la Caroline du Nord - en clair, un gros pigeon rouge avec une marguerite géante dans le bec étaient fièrement dessinés sur chaque article. Je tendis discrètement la main et chopais un sweet à capuche et une casquette que j'enfilais rapidement. Je rabattis la capuche et me dirigeais calmement vers la sortie, tête baissée. Heureusement pour moi, les Berlusconi ne firent pas attention à moi et je sortis sans encombre. Une fois sure qu'aucun d'eux ne pouvaient me voir, je tapais mon meilleur sprint jusqu'à notre chambre. J'insérais la clé et me précipitais à l'intérieur, verrouillant chacune des trois loquets de la porte et fermant les rideaux au passage. Je choppais mon sac d'arme de voyage - ceux contenant les armes les plus grosses étaient restés dans la voiture - et le retournais sur le lit. Donavan sortit de la salle-de-bain encore couvert de mousse, une simple serviette autour de la taille, alerté par le boucan. Son regard se posa sur mon katana que je venais de fixer dans mon dos et ses yeux s'écarquillèrent, légèrement paniqués.

- Wahou! Que se passe-t-il? Me demanda-t-il

Quand il était apparu, mes mouvements s'étaient suspendus comme si mon cerveau avait complément cessé de fonctionner, focus sur une seule chose, le corps d'Adonis couvert de mousse devant moi. Mes joues s'échauffèrent et ma respiration se coupa un instant avant de repartir, erratique. Mon regard était hypnotisé par les goutes d'eau qui glissaient le long de ses pectoraux, avant de terminer leur course sur ces magnifiques abdos et de disparaître sous sa serviette. Je n'avais qu'une envie, effectuer le même chemin qu'elles avec ma langue, comme je l'avais fais le matin même. A cette pensée, ma poitrine s'alourdit et ma culotte devint aussi mouillée que ma bouche était asséchée.

- Mon ange, tu ne peux pas savoir à quel point je rêve de réaliser la moindre de tes pensée là maintenant, mais tu as un putain de katana accroché dans le dos alors...

Je m'administrais une magistrale claque mentale et levais les yeux vers Donavan qui peinait à contenir son rictus moqueur.

Bon sang Eli! Reprends-toi ma grande!

Je tachais de garder mon regard plongé dans le sien pour ne pas me laisser distraire par le reste de sa plastique parfaite et lui racontais ce que j'avais vu. Donavan lâcha tout un tas de jurons plus fleuris les uns que les autres avant de retourner dans la salle de bain et d'en ressortir deux minutes plus tard, prêt à se casser aussi vite que possible. Quand il ressortit, j'avais finis de m'équiper et ressemblais à une véritable arme ambulante. En plus de mon katana, un Desert Eagle était fixé à ma hanche avec cinq autres couteaux de lancer. Donavan m'observa, un sourcil haussé, l'air de dire « Sérieusement ? »

- Ben quoi ? Ça m'étonnerait qu'ils ne soient que deux. Remarquais-je en haussant les épaules.

Il leva les yeux au ciel en ricanant mais il s'équipa tout de même aussi lourdement que moi, à la différence qu'il avait autant de flingues que j'avais de lames. Donavan regarda derrière le rideau et m'indiqua que la voie était libre. J'ouvris prudemment la porte et passais ma tête dans l'entrebâillement. Au moment même où je le vis, Donavan me plaqua au sol.

- Attention! Hurla-t-il

Un des mecs que j'avais vu à la réception tout à l'heure était planqué juste à côté de la porte, une mitraillette dans les mains, prêt à faire feu. A peine quelques secondes après avoir touché le sol, la porte explosa sous les balles du Berlusconi.

- Putain! Vociférais-je. Tu m'as dis que la voie était libre!
- Parce qu'elle l'était! Brailla-t-il dans mon oreille en retour.

Les balles arrêtèrent de pleuvoir et nous sûmes que nous n'avions que quelques secondes pour bouger avant de mourir fusiller. Donavan se dégagea de mon dos sur lequel il était à moitié avachi et glissa derrière le lit. Je me relevais aussi rapidement que possible pour le rejoindre et nous réussîmes, par je ne savais quel miracle, à le retourner sur le côté, nous protégeant ainsi des balles.

- Ok... On fait quoi maintenant ? Demandais-je la respiration saccadée.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant