Chapitre 21: Sur la route

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Donavan

Mon regard se promenait partout dans la station service à laquelle je m'étais arrêté pour faire le plein. Elle était vide mais j'avais besoin de rester en alerte. Eileen aurait dû prendre le relais deux heures plus tôt mais elle s'était assoupie, emportant avec elle la tension invivable dans la voiture. L'atmosphère entre nous était électrique et je ne savais pas si j'allais le supporter encore longtemps. Nous ne savions pas combien de temps nous partirions alors autant faire en sorte que ça se passe bien.

Bref, quand ces yeux s'étaient fermés, je n'avais pas oser la réveillé malgré ma fatigue. Elle avait l'air tellement paisible, tellement... Angélique. Si au départ je m'amusais à l'appeler « mon ange » pour l'énerver - personne n'aimait être comparé à un ange dans le milieu -, mon surnom avait prit tout son sens à la vue de son visage détendu et sa bouche si appétissante légèrement entrouverte.

Non, je mentais, il ne m'avait jamais semblé plus juste que l'autre soir. Étrangement, au milieu de cette frénésie, alors que mon regard était plongé dans ces magnifiques yeux bleus reflétant le même besoin insatiable que le mien, je m'étais senti vivant. Comme si, pour la première fois depuis que j'étais sorti de taule, je n'étais plus l'être froid et sans cœur que je voyais dans le miroir chaque fois que je m'y regardais. Elle m'avait regardé avec une telle profondeur que tout mon être en fut ébranlé.
Puis Astrid avait débarqué et la magie du moment s'était envolée avec Eileen. J'avais été tellement frustré et en colère que j'avais envoyé chier la brune et m'étais enfermé dans ma chambre, à me branler comme un ado de treize ans. Mon corps avait depuis développé une putain d'obsession pour celui d'Eileen et il m'avait été impossible de penser à autre chose, même durant mes dernières parties de baise avec Astrid.

Le bip de la machine m'indiqua que j'avais atteint le maximum, je retirais la pompe et partis rapidement payer au comptoir avant de reprendre la route. Nous n'avions roulé que quatre heures sur les onze qui nous séparaient de Greensboro, la ville où nous avions prévu de nous arrêter pour la nuit, alors je ne voulais pas m'attarder plus que ça.

Éventuellement, Eileen finit par se réveiller.

-J'ai dormi longtemps ? Me demanda-t-elle d'une voix éraillée par le sommeil

Je lui jetais un coup d'œil et me confrontais à ses yeux bleus brillants et son visage rosit. Les images de l'autre soir se superposèrent et ma gorge s'assécha. Je détournais le regard et me raclais la gorge avant de lui répondre.

- Cinq heures environ.
- Quoi ? S'exclama-t-elle. Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ? Tu dois être épuisé.

Je tournais ma tête vers elle, surprit par son inquiétude qui, d'après ce que je lisais sur son visage, était sincère. Je ne pus m'empêcher de penser qu'à ce moment-là, elle était l'incarnation même de l'innocence avec ces lèvres légèrement entrouvertes, son front légèrement plissé par le soucis et la lumière du soleil qui faisait étincelé ses grands yeux bleus.

Bordel, reprends-toi mon vieux! Ce n'est qu'une femme! Rien que tu n'es pas déjà vu avant.

- Ne t'inquiète pas pour moi, mon ange. Et puis tu avais besoin de dormir. Lui répondis-je avec un sourire en coin.

Eileen hocha la tête et se tourna vers la fenêtre avant de redevenir silencieuse.

- Je voulais te dire, par rapport à l'autre soir... Commençais-je

Je la sentis se tendre à côté de moi et je ne pus empêcher mon sourire de s'agrandir face à sa gêne.

- Je voulais simplement te demander si on pouvait repartir sur de bonnes bases,  toi et moi.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant