Black Hearts : Le poids du passé

Chapitre 10 : Questions

Donavan
Quitter le bureau sans exiger d'explication n'est pas facile. Déjà que j'ai énormément pris sur moi pour ne pas dégainé avant qu'Eileen ne le fasse. Parce que oui, je l'ai vu poser la main sur son flingue et ça ne m'a pas, mais alors pas du tout, plu. Enrico n'est pas notre chef pour rien. C'est le meilleur sniper que je connaissais, un maître en krav-maga et bien sure, il est d'une intelligence hors norme, confiant, d'une volonté de fer, implacable et si je ne le connaissais pas, je jurais qu'il était dénué de toutes émotions. Il est capable de torturer un homme pendant des heures sans flancher, ni même montrer une once de dégoût et dormir comme un mort à la nuit tombée. Mais pire encore, je sais qu'il est capable d'endurer un nombre impressionnant d'heures de torture. Et pourtant, malgré tout ce que je savais sur lui, pendant un moment dans ce bureau je me suis inquiété pour lui. La réaction d'Eileen m'a tellement pris au dépourvu que je me demande jusqu'où elle est capable d'aller. Je ne suis pas sûre qu'elle le sait elle-même. Elle a été sous un tel choc en apprenant que Vladimir Romanova et Dragan Ivanova étaient en vie... Comme si ça l'impactait personnellement. Pourtant, je ne crois pas qu'elle les connaissait. Si je ne me trompe pas, ce n'était qu'une gamine au moment des événements, elle ne devait pas avoir plus de sept ou huit ans. Moi-même je n'étais pas vieux quand les Romanova étaient tombés, je n'avais que onze ans à l'époque. L'histoire de la plus puissante famille de la mafia russe est très connue dans notre milieu mais peu de personnes de notre âge ne les avaient connu personnellement et étaient encore en vie pour en témoigner. Le massacre des Romanova avait été exactement ça. Un massacre. Les Berlusconi avaient tué tout le monde, des vieillards aux enfants et femmes enceintes. Mise à part Vladimir et Dragan dont la survie vient d'être révélé, il n'y avait eu aucun autre survivant. Du moins, c'est ce que la rumeur disait. Beaucoup de corps n'avaient pas été retrouvé.... Comme celui de la fille Romanova, Elena. Certaines rumeurs disent qu'elle a survécu... Dans le milieu elle est même surnommée la Dernière Tsarine en référence au mystère qui plane autour de la mort de la princesse Anastasia Romanov.

Enfin bref, Enrico n'a pas eu l'air surpris par la réaction d'Eileen. C'est presque comme s'il l'avait orchestré lui même. Cela ne me surprendrait vraiment pas venant de lui mais, je dois avouer que la façon dont elle a réagit m'a tout de même laissé dans l'incompréhension la plus totale. Je déteste être dans le noir et pourtant j'avance dans l'obscurité la plus complète avec elle. Oui, je ne la connais que depuis vingt-quatre heures mais j'ai toujours su lire les personnes qui m'entourent. Je sais les déchiffrer, prévoir le moindre de leurs mouvements avant même qu'elles ne pensent à les faire, mais Eileen... Cette femme est un véritable mur. Je ne parviens pas à la cerner et ça me frustre autant que ça m'existe. Cette fille m'intrigue bien plus que ce que je ne veux l'admettre. Je ne sais pas si c'était sa fougue, sa repartie ou le fait que j'attisais sa crainte autant que son esprit combatif... Mais y'a un truc chez elle, en plus de son putain de corps de déesse, qui me donne envie de la soumettre entièrement jusqu'à ce qu'elle me supplie de la prendre et qui, en même temps, me donne envie de la voir se battre becs et ongles contre moi.

Je sais que les gars sont à la salle de combat. Étant en repos aujourd'hui, je me doute qu'ils vont passer toute leur fin de journée là-bas. Je décide de les rejoindre, m'entraîner ne me ferait pas de mal. Surtout si je veux m'empêcher de retourner dans le bureau et exiger des explications. Ni Enrico, ni Eileen ne m'en donneraient et ce serait jugé comme de l'insubordination. Et honnêtement, je n'ai franchement pas envie de passer ma semaine avec Jeff en cuisine. Le vieux bougre ne m'a jamais vraiment pardonné de m'être amusé avec sa fille l'été avant qu'elle ne quitte le gang. Entre nous, elle avait autant joué que moi mais bon... Je m'apprête à passer les portes du bâtiment quand une voix que je ne connais que trop bien m'interpelle.

- Donavan, chéri! Tu es enfin revenu. S'exclame Astrid

Je soupire. Je ne la déteste pas mais la personne qu'elle était devenue ne me plaît pas du tout. Astrid est l'une des plus anciennes membres du gang, elle était arrivée à l'âge de quatorze ans en même temps que son père. A l'époque, c'était une fille douce, compatissante et pleine d'esprit. C'était l'une de mes amies la plus proche. Puis son père était mort quelques jours avant sa première mission d'information et elle n'a plus jamais été la même. A son retour, c'était devenue une véritable garce superficielle. Nous nous étions éloignés puis je ne l'ai plus qu'utilisé pour le magnifique corps qu'elle s'était sculptée et elle aussi. Aujourd'hui, nous sommes pratiquement des étrangers l'un pour l'autre... Enfin je ne peux pas nier qu'avec elle, je m'ennuyais rarement. Il n'y avait pas une position qu'elle refusait.