Chapitre 39: Règlement de comptes

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Eileen

Mes souvenirs s'entrechoquaient avec la réalité. Sanglant flash de cette fameuse nuit treize ans en arrière au sang qui s'écoulait en ce jour au Waldorf Astoria. Mais contrairement à treize ans plus tôt, je n'étais plus celle qui se pissait dessus, j'étais celle qui ouvrait le feu.

Je ne savais même pas comment tout avait pu dégénéré aussi vite. Un moment Donavan et moi nous précipitions vers la salle de réception à la suite des Berlusconi. Le moment d'après, des balles volaient et des corps tombaient. Mon cousin avait visiblement gardé une rancune farouche contre ce connard italien car, de ce que j'avais compris des hurlements des invités, il était celui qui avait ouvert le feu et abattu un Berlusconi.

- Tu les vois ? Me demanda Donavan dans l'oreillette.

Non. Non je ne les voyais pas et le problème était bien là. Après le premier coup de feu tiré, j'avais perdu mon cousin et Dragan de vue dans la foule de gens qui se précipitait vers la sortie. Je scrutais les corps la peur au ventre, neutralisant tout ennemi qui avait le malheur de se jeter sur moi. Je ne cherchais pas à ouvrir le feu, je souhaitais simplement me défendre et sortir Vlad et Dragan de ce guêpier saint et sauf... Enfin si seulement je parvenais à les retrouver. Beaucoup des corps qui gisaient au sol n'étaient que des dommages collatéraux, des innocents qui s'étaient retrouvés là au mauvais moment.

- Non. Répondis-je froidement, tachant de ne pas laisser mon angoisse transparaître. Giacomo ?

- Pas... En... Vue... Non... Fils de pute... plus. M'informa Donavan d'une voix essoufflée et visiblement en pleine action.

Je m'apprêtais à lui répondre quand le sifflement si familier et toujours aussi désagréable de la balle qui frôlait une tête résonna dans mes oreilles. Je me jetais à terre et roulais avant de me relever derrière un poteau en marbre blanc qui avait tourné rouge. Je passais furtivement ma tête et vis que la personne qui essayait de me descendre n'était d'autre qu'Hailey Robinson, un grand sourire narquois dans le visage et les yeux remplis d'une excitation malsaine.

La pute...

Elle m'avait reconnu.

Le reste de mes mouvements furent guidés par une colère sourde. Cette connasse et son abruti de copain étaient certainement les raisons pour lesquelles j'avais été repéré.

Pire encore, c'était à cause d'eux que j'avais certainement dû être démasquée...

Je jetais un dernier coup d'œil derrière le pilier suffisamment gros pour me protéger et vis que, trop pris dans sa folie meurtrière, Hailey ne s'embêtait même plus à me viser. Alors je m'élançais.

Recroquevillée sur moi même afin d'être le plus bas possible et éviter les balles mortelles d'Hailey, je zigzaguais entre les corps, me cachant de tant à autres derrières des tables aux nappes désormais couverte de sang, de champagne bien trop cher pour le goût amer qu'il avait et de bouillit de mets peu goûteux. Secondes après secondes, corps après corps, tables après tables, je me rapprochais toujours un peu plus d'Hailey. A peine dix mètres nous séparaient et pourtant chaque pas en valaient une centaine.

- Eileen! S'égosilla Hailey de sa voix haut perchée aux notes hystériques. Où est-ce que tu te caches espèce de garce voleuse d'homme?!

Je roulais des yeux. Je savais que cette pute me détestait à cause de LeRoy mais ce qu'elle n'avait visiblement pas compris c'était qu'à son instar, Simon me répugnait et qu'elle pouvait se le garder volontiers. Tout ce qui m'intéressait chez lui, c'était les énormes sommes que j'empochais à chaque cible abattue. Hailey hurla quelque chose d'incompréhensible avant que ces cris hystériques ne soient coupés en même temps que son souffle au moment où je la plaquais au sol. Son flingue vola et atterrit à plusieurs mettre de nous. J'immobilisais ses deux mains de mes genoux et écrasais sa trachée de mon avant-bras. J'appuyais suffisamment fort pour que son visage ne tourne au rouge et que ces yeux ne sortent de ces orbites. Mon visage était tellement proche du sien que je pus voir l'exact moment où elle me reconnue et la peur que je lui inspirais mélangée à une haine farouche. Elle savait que sa fin ne serait pas digne d'un conte de fée. Je lui souris de toutes mes dents et, malgré le rouge de son visage, je jurerais l'avoir vu blêmir. Elle tenta de se débattre, agitant ses jambes tel un poisson hors de l'eau, mais elle ne faisait que s'essouffler encore plus. Au moment où elle était sur le point de s'évanouir je relâchais un peu la pression. Elle prit instantanément de grande bouffée d'air, sa respiration sifflante.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant