Chapitre 2: Préparation

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Eileen

Six heures...

Voilà le temps que nous venons de passer à errer de boutiques en boutiques à la recherche de la tenue parfaite. Cléo m'a traîné dans tous les magasins du centre commerciale de la Nouvelle-Orléans et si elle me dit encore une fois « tu trouves que cette robe me boudine ? » la bouche en cœur, alors qu'elle a un putain de corps de mannequin, je jure que je l'étrangle.

- Tu sais ce qu'on devrait faire ? Me demande Cléo avec enthousiasme alors que nous sortons enfin du magasin de chaussures, sac en main.
- Repartir de cet endroit de torture et commander tous les plats de la carte du room-service de l'hôtel ? Suggère-je avec l'espoir qu'elle acquiesce.

Je commence à avoir le Mall en horreur et je suis prête à y foutre le feu. Je ne suis pas trop portée sur la pyromanie mais j'imagine que passer quatre ans dans la même cellule qu'une folle du feu faisait ressortir des pulsions. Je n'ai qu'une envie, retourner dans la chambre d'hôtel que nous avons pris pour la nuit - le domaine étant trop éloigné pour faire l'aller-retour - et me gaver de nourriture jusqu'à partir pour The Devil's Heart, la boîte de nuit la plus prisée de la ville. Cléo me regarde avec de grands yeux horrifiés et je sais que mon rêve ne se réalisera pas.

- Ne dis pas n'importe quoi Eli!

Elle secoue vivement la tête avant d'enchaîner, très sérieuse.

- Non. On va se faire coiffer et maquiller! 

Je grimace de dégoût et ne retiens pas mon gémissement d'agonie.

- Ne sois pas si dramatique. Elle attrape une mèche de mes cheveux avec une moue dubitative. De toute façon, ta couleur a grand besoin d'un rafraîchissement.

Je regarde mon reflet dans une vitrine et effectivement, il est peut être temps de passer chez le coiffeur. Le blanc neige de mes cheveux commence à s'estomper, laissant place à mon brun naturel. Si je ne fais pas quelque chose maintenant, je vais finir par ressembler à Cruela Devil dans les 101 dalmatiens. Je me teins les cheveux entièrement en blanc depuis presque trois ans maintenant et c'est un peu comme ma marque de fabrique. Alors, certes je suis certainement surnommée « L'arme blanche » en référence à mon affection particulière pour l'arme blanche, mais les cheveux rajoute un plus franchement cool, alors peut-être que le coiffeur n'est pas une si mauvaise idée. Mais il est hors de question que je me fasse maquiller. Je le lui dis et malgré les supplications et les protestations de mon amie, elle finit par accepter de rentrer après nous être occupées de nos cheveux.

***

Nous rentrons à l'hôtel aux alentours de cinq heures de l'après-midi, la faim au ventre et épuisée par cette journée. Comme je l'ai suggéré, nous commandons pratiquement tous les plats de la carte de l'hôtel et nous empiffrons toute la fin d'après-midi devant The Big Bang Théorie.

Finalement nous nous préparons vers huit heures et à dix heures tapante, nous sommes prêtes à aller danser. Cléo a revêtue une robe bleue marine cache cœur qui lui descend juste au dessus du genoux, coupée d'une fente qui remonte mi-cuisse. Elle a maquillé son visage simplement et relevé ces cheveux en une queue de cheval haute tressée. Elle a complété le tout avec des escarpins noirs vertigineux. Quant à moi, j'ai enfilé une combinaison pantalon noire à bretelle et au décolleté plongeant et chaussée des escarpins noirs aussi hauts que ceux de Cléo. J'ai également maquillé simplement mon visage, à l'exception de mon rouge à lèvres rouge sang. Cléo s'apprête à mettre le blouson en cuir du gang mais je l'arrête. 

- Je ne pense pas que nous devrions les prendre ce soir.

- Pourquoi? Tu sais très bien que c'est la garantie que nous passions une soirée sans emmerde. Argue-t-elle, les sourcils froncés. 
- Ou la garantie que nous nous en attirions encore plus. Rétorque-je en lui lançant un regard appuyé.

Elle glousse aux souvenirs de la dernière fois que nous sommes sorties que toutes les deux, sans d'autres Hearts. Nous avions enfilé nos blousons noirs en pensant que les gens réfléchiraient à deux fois avant de nous emmerder, mais nous n'avions pas prévu de tomber sur deux Stones complètement bourrés à la recherche de sensations fortes. Les Black P. Stones contrôlaient une bonne partie de la côte ouest, aussi nous avions été étonné de les voir traîner par là. Enfin... jusqu'à ce que ces deux abrutis nous disent que le gang attendait un chargement de marijuana en provenance de Colombie. Fallait dire aussi que nous n'y étions pas allées de mains mortes. Les idiots pensaient nous maîtriser et s'amuser un peu et avaient eu la surprise de leur vie quand nous leur avions botté le cul en bonne et due forme. Nous avions un peu fais pression sur eux et cinq minutes plus tard, ils crachaient tous ce qu'ils savaient. Bien évidemment, ils avaient tous les deux finis avec une balle dans la tête. Même si, pour une fois, cela n'avait pas été de notre faute, c'était la goutte de trop pour Enrico qui nous avait interdit de sortie à deux jusqu'à nouvel ordre. Il est vrai qu'ensemble, Cléo et moi avions la fâcheuse tendance à nous attirer des ennuis et de semer des cadavres partout où nous passions. Mais bon, ce n'est pas de notre faute si les mecs des autres gangs - les mecs en général d'ailleurs - sont assez stupides pour nous sous-estimer. Enfin, nous avons échappé au pire grâce aux informations que nous avions ramené. 

- T'as raison. De toute façon, ce n'est pas comme si nous savions pas nous défendre et puis (elle soulève sa robe, révélant le Glock 26 attaché à sa cuisse, un sourire malicieux étirant ces lèvres) nous sommes armées.

Je suis moi-même équipée d'un Désert Eagle et d'une panoplie de couteau de lancé. Nous sommes aussi armées qu'une armada de flics en faction. 

Sans cela, nous ressemblons presque à deux jeunes femmes parfaitement ordinaires prêtes à faire la fête au Devil's Heart. Je dis bien presque parce que... Voyons! 

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant