Chapitre 37: Mission au Waldorf-Astoria (2)

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Donavan

Eileen n'était partie que depuis deux minutes mais je ne pouvais empêcher mon inquiétude de me compresser l'estomac. Pourtant, je savais qu'elle en aurait au moins pour cinq minutes perchée sur ces talons de dix centimètres... Mais ce petit bout de femme faisait ressortir mon côté protecteur, et pas de la meilleure des façons. Plus mes sentiments pour elle augmentait, plus il m'était difficile de ne pas l'enfermer dans un bunker jusqu'à la fin de toute cette mission.

J'avais autant conscience de la teneur de mes sentiments à son égard, que d'à quel point vouloir la protéger d'un monde dans lequel elle avait grandi était ridicule. J'étais peut être un connard coureur de jupon mais je savais reconnaître quand j'avais des sentiments. Et cette fille... Cette fille m'avait emprisonné dans ces maudits filets. Je ne m'en étais rendu compte que quand j'avais failli la perdre, quand elle m'avait surpris avec Armand. La haine et la douleur de ma trahison qui avait envahi son regard bleu si beau m'avait chamboulé a un point que je ne pensais même pas possible.  J'avais été terrifié à l'idée de la perdre, à la simple pensée qu'elle pouvait me haïr. J'avais eu tellement peur que j'avais été à deux doigts de lui dire la vérité.

TOUTE la vérité.

Ce que je lui avais raconté sur mon passé en prison était vrai. Au détail près que Stephan n'était pas le frère d'Armand et que je n'avais pas réussi à le sauver. Mais si je le lui avais dis... Jamais elle n'aurait comprit pourquoi Armand me donnait des renseignements. Je n'étais pas un traître et lui non plus mais tout raconter à Eileen m'éloignerait de mon objectif. De ce but que je convoitais depuis tant d'année qu'il m'était impossible d'y renoncer. Je savais que j'allais perdre Eileen tôt ou tard, c'était inévitable. Pour elle, je serais bientôt un traître, un menteur, une cible à abattre... Mais pour le moment, je voulais profiter de chaque minute qui me restait avec elle, de chaque relent de son parfum sucré qui m'enivrait à chaque bouffé, de l'éclat mélodieux de son rire que je n'avais plus entendu depuis ce matin-là au motel et qui était pourtant devenu mon son favoris...Je ne pouvais pas la perdre, pas maintenant. Mon passé condamnait peut être mon futur -quel qu'il aurait pu être- avec Eileen, mais je ne le laisserais pas gâché le peu de temps qu'il me restait avant qu'on ne devienne ennemi. Avant que la vérité éclate.

Avant que je les détruise.

Mes pensées furent interrompues par le claquement rapide de talon au sol. Eli se tenait devant moi, l'air complètement paniqué. Tous mes sens se mirent immédiatement en alerte.

- Quoi ?

Elle regarda autour d'elle, son regard passant frénétiquement d'un invité à l'autre.

- Eileen que se passe-t-il ? Réitérais-je plus durement.

La panique quitta son visage et la tueuse qui était en elle reprit le dessus.

- Hailey Robinson.

Merde.

Elle n'avait pas besoin de m'en dire plus pour comprendre qu'elle était tombée sur cette garce siliconée. Hailey était l'une des très nombreuses amantes de Simon LeRoy, mais c'était la plus vielle. Leur relation a commencé quand elle avait tout juste vingt ans, peu de temps après l'arrivée de Simon aux États-Unis. Cela faisait dix ans que ces deux là se côtoyaient et la garce connaissait parfaitement toutes les activités du français, légales ou non. J'imaginais très bien qu'elle avait dû connaître Eileen du temps où elle travaillait pour lui.

-Elle t'a reconnu ? Demandais-je, inquiet pour la suite des événements si c'était le cas.

Eli secoua vivement la tête.

-Je ne crois pas... Enfin je n'espère pas sinon je suis dans la merde. Hailey a toujours cru qu'il y avait quelque chose entre Simon et moi. Elle me détestait et...

- Ce n'était pas le cas ? La coupais-je, les dents serrées.
- Qu'est-ce qui n'était pas le cas ?
- Simon et toi ?

Eileen leva les yeux aux ciel, exaspérée.

- Bien sure que non. Et puis d'abord qu'est ce que ça peut te faire?

Ça me ferait royalement chier. Imaginer Eli avec cet imbécile me donnait envie de briser chaque os du corps de ce pervers français.

-Rien. Marmonnais-je

Eileen leva un sourcil, peu convaincue, avant de reprendre là où je l'avais coupé.

- Comme je disais, reprit-elle en me faisant les gros yeux, Hailey me détestait et je suis sure que c'est toujours le cas aujourd'hui alors si elle savait que j'étais là, elle n'hésiterait pas une seconde à me jeter en pâture à ces fils de putes de Berlusconi.

Il était vrai qu'Hailey avait toujours eu la réputation de se débarrasser de ses rivales. Alors ça ne m'étonnerait pas une seule seconde qu'elle dénonce Eli sans aucun regret. Au même instant, la rousse sulfureuse passa prêt de nous en fusillant Eli du regard. La panique m'envahit et je posais immédiatement ma main sur mon flingue accrocher à l'arrière de mon costume. Eli posa sa délicate main sur mon bras et appuya fortement dessus.

- Du calme. Elle est énervée parce que je l'ai bousculé en sortant des toilettes. Me rassura-t-elle d'une voix douce.

Je détournais mon regard meurtrier d'Hailey et le plongeais dans celui magnifique d'Eli. Même noir, son regard me transperçait. La douceur de sa voix et le calme dans ses yeux firent redescendre la pression qui m'était montée. Je savais que j'aurais du détourner le regard et me concentrer à nouveau sur la mission, sur nos cibles, mais je ne réussis qu'à m'enfoncer d'avantage dans la mer noire de ses yeux. L'atmosphère lourde et pesante le devint pour une tout autre raison. Le rouge se rependit sur son décolleté, ces yeux s'assombrirent de désir et son souffle devint plus saccadé. Si elle continuait à me regarder de cette manière, je ne pourrais plus me contenir et réprimer les pulsions qui m'animaient depuis quelques temps déjà. Surtout que depuis qu'elle était sortie de la salle de bain, elles étaient devenues plus pressantes, plus animales. Sa longue robe noire à paillette qui moulait son corps à la perfection était un appel à la luxure et l'échancrure qui remontait jusqu'au milieu de sa cuisse me donnait envie de lui arracher sa robe avec les dents et de la pénétrer violemment. Je ne voyais plus qu'en ses longs cheveux bruns, qui descendaient en cascade jusqu'à la magnifique chute de ses reins et dont la couleur lui allait si bien qu'elle semblait être naturelle, une prise à tirer au rythme de mes coups de reins. En voyant mes pensées se refléter dans son regard pétillant de malice et sombre de désir, mon pantalon déjà trop serré devint presque inconfortable.

Désir quand tu nous tiens...

-On danse ? Lui lançais-je soudain, la surprenant tout autant que moi.

D'où je sortais une phrase pareille sérieux ? Mes envies me faisaient perdre la tête.

Eileen examina la main que je lui avais tendu avec perplexité, son regard confus passant de ma main à mon visage comme une pendule cassée. Je m'attendais à ce qu'elle refuse et me surpris à vouloir qu'elle accepte. Mais sa réponse fut tout autre, me surprenant d'avantage encore que l'improbable proposition que j'avais lancé et réchauffant mon cœur d'une joie sur laquelle je ne préférais pas me pencher. Elle plaça sa main dans la mienne et hocha la tête fermement, comme si elle cherchait à se convaincre elle plus que moi qu'elle avait pris la bonne décision.

Ou une décision tout court d'ailleurs.

Mon cœur s'emballa alors que je la conduisais sans un mot sur la piste de danse. Au milieu de la piste et de la foule d'inviter, je pris une seconde pour l'admirer de nouveau, me disant une fois de plus qu'elle ressemblait véritablement à un ange. Un ange de la mort certes, mais un ange tout de même.

Et nous dansâmes.

... On devient de vrai crétin.

Black Hearts : Le poids du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant