⇝ Chapitre 9

35 9 0
                                    

— J'ai faim ! se plaint Alice, en entrant dans mon appartement.

— Moi aussi, renchérit aussitôt Mike, en tirant sa valise dans le salon.

Ses traits sont tirés, son visage minci et son corps amaigri. Seul son teint légèrement halé atteste de sa vie à San-Francisco.

— J'ai dit à James qu'on ne se verrait sans doute plus jamais, poursuit-il en se laissant tomber sur le canapé que j'avais converti en lit pour Caitlin et lui. Le problème, c'est que je l'ai dit pour rire et que lui l'a pris au sérieux.

— On ne sait jamais, rétorque Caitlin en s'asseyant à côté de lui.

— Comment vous vous sentez ? questionné-je.

— Fatigué et affamé, maugrée mon ancien correspondant, qui m'a sauté dans les bras dès qu'il m'a aperçue à l'aéroport.

Luke prend son bras et retrousse sa manche, dévoilant son bras rachitique.

— Tu m'étonnes. On mange avec Mathieu Wiener ce soir. Au restaurant.

— Compte sur moi pour faire honneur à la tablée, répond Mike, les paupières closes.

Je tends un verre d'eau à Caitlin qu'elle vide d'une traite.

— C'est votre ancien professeur, c'est bien ça ?

Alice opine de la tête.

— Oui, c'est lui. Nous lui devons beaucoup, soupire-t-elle. Je déteste être redevable.

Caitlin secoue la tête.

— On n'a pas à être redevable. Il ne nous doit rien.

— Mais nous si, insiste Alice.

— Pas encore, s'immisce Luke. Il nous a offert une seconde chance et on ne sait pas sur quoi elle va déboucher.

A côté de lui, Mike se redresse avec un sourire tellement radieux qu'il en est contagieux.

— J'ai vraiment hâte de jouer avec vous ! Vous m'avez manqué. Il ne s'est pas passé un jour sans que je ne pense à vous. Comme je l'ai confié à Caitlin plus tôt, c'était la première fois que j'étais aussi loin de vous si longtemps, avoue-t-il, ses yeux émeraudes teintés de peine posés sur Luke et Caitlin. Quant à vous deux, je déteste m'habituer à votre absence, ajoute-t-il à l'attention d'Alice et moi.

Luke lui tapote l'épaule.

— Ça va marcher, Mike.

🎶🎶🎶

Mike et Alice se lèchent les babines dès l'instant où leurs entrées arrivent. Jusqu'à présent, nous n'avons fait qu'évoquer notre passé dans nos lycées respectifs et notre ancien professeur nous a surtout écoutés parler, heureux que nous sommes de nous retrouver. Mike a déjà repris des couleurs et ses yeux verts pétillent de bonne humeur.

— Et vous, Monsieur, vous arrivez à jongler entre le lycée et notre groupe ? lui demande Caitlin, après avouer pris quelque bouchées de son assiette.

Mathieu balaie sa phrase d'un geste de la main.

— Pas de vous qui tienne, je ne suis pas ton professeur et ne l'ai jamais été.

Le temps d'une chanson (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant