⇝ Chapitre 41 ~ Mike

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Depuis qu'il a quitté San Francisco pour ne jamais y remettre les pieds, Mike n'a eu qu'une envie : tout laisser derrière lui et ne jamais trop y penser. Cela s'était confirmé lorsqu'il a cessé de lui écrire et a rompu tout contact avec lui. Bien-sûr, Mike comprenait pourquoi il avait fait ça : d'une part James ne l'aimait pas, d'autre part, les raisons qu'il avait données étaient compréhensibles. Même si pour Mike tout sortait de nulle part.

Lorsqu'il a su que la famille d'Emmy serait là, en particulier son cousin, il a tout d'abord songé à s'éclipser loin d'ici, à prétendre être malade, ou n'importe quoi d'autre lui permettant d'éviter ce moment. Cependant, se rendre à San Francisco a créé de considérables changements dans l'esprit de Mike, si bien que quand il a aperçu Thomas, il n'a rien ressenti. Son cœur n'a pas bondi dans sa poitrine, il n'a pas eu l'impression de l'avoir quitté la veille et que rien n'avait changé. Il a simplement eu l'impression de revoir une ancienne version de lui-même, qui cherchait quelque chose avec quelqu'un d'autre. Une version qui n'avait rien à voir avec ce qu'il voulait aujourd'hui.

   Le moment où il a salué son ancien amant n'a pas été gênant. Thomas avait été clair avec lui dès le début. C'était Mike qui avait espéré et voulu autre chose. « Comme avec James » songe-t-il avec tristesse. L'histoire était-elle irrévocablement condamnée à se répéter ?

— Je suis fier de toi, Mike. Emmy m'a dit que tu avais fait rencontre plutôt... intéressante à San Francisco, lui confie joyeusement Thomas.

Les joues de Mike chauffent, allant jusqu'à prendre une teinte cramoisie, face au regard brun teinté de curiosité du jeune homme. Une curiosité dépourvue de jugement et de malsanité.

— Oh, euh merci. Et... oui. Même si c'est compliqué en ce moment.

Thomas hausse les épaules.

— Entre la distance et la célébrité, et le travail, c'est difficile, n'en déplaise à ma cousine.

Un petit rire franchit les lèvres de Mike.

— Elle n'a pas ce problème-là. Pour une fois, sa vie sentimentale n'est pas problématique.

Thomas lance une œillade appuyée à Luke avant de revenir à Mike, avec une pointe de soulagement.

— Je suis ravi de l'apprendre ! Je craignais que ce ne soit trop difficile pour eux, mais il faut croire que les sentiments de ma cousine ont évolué plus vite que prévu.

— C'est un trait familial, d'être capable d'énoncer clairement ce que l'on souhaite, observe pensivement Mike. Il fallait bien qu'un des deux mette les pieds dans le plat, et ça ne pouvait qu'être Emmy !

Un sourire fend le visage de son interlocuteur.

— Il lui arrive parfois de céder à ses émotions et d'être trop impulsive, mais-...

— Parfois ? Souvent, tu veux dire ! le coupe Mike.

— Pour une fois, les conséquences sont tout sauf désastreuses, termine Thomas en contemplant sa cousine avec fierté. Je me souviens encore du Noël où elle a reçu sa première guitare. Elle ne savait pas en jouer, tous les sons étaient affreux, mais elle était inarrêtable !

Les yeux marron de Thomas sont voilés par les souvenirs. La passion peut mettre des années à venir, mais une fois qu'elle s'est révélée, il est impossible de s'en détacher.

Mike se racle la gorge. Il y a encore quelque chose qu'il doit faire, des mots qu'il doit prononcer. Ceux-là ne peuvent pas restés coincés dans sa gorge sèche.

— J'ai quelque chose d'important à te dire, commence-t-il en se tordant les mains.

Thomas opine de la tête pour lui signifier qu'il l'écoute.

— Merci, Thomas. Pour tout ce que tu m'as offert le temps d'un été, pour ton soutien et tes mots encourageants et réconfortants. Tu as veillé sur moi quand je ne pouvais pas le faire, et j'avoue que si tu avais été avec moi à San Francisco, tu m'aurais passé un sacré savon en me voyant m'acharner.

Son cœur se serre dès l'instant où les mots « San Francisco » sortent de sa bouche. Quelqu'un d'autre a veillé sur lui, là-bas, s'est inquiété de si il avait dormi, mangé et de s'il était assez reposé.

— Tu as été comme une première goulée d'air frais après un long moment en apnée, reprend courageusement Mike. L'erreur que j'ai faite est de ne pas t'écouter. Tu avais raison, on ne voulait pas la même chose.

Un sourire compatissant étire les traits de Thomas.

— Je t'avais prévenu. Mais je suis content d'avoir pu t'aider. Tu m'as aussi apporté beaucoup de réconfort, et grâce à toi j'ai pu envisager sérieusement de tourner la page. Je ne suis pas encore complètement guéri, mais la majorité de ma situation s'est améliorée.

Les prunelles de Mike se teintent d'une pointe de tristesse.

— On oublie jamais son premier amour.

Pour lui, cela avait été Hailey, cette fille qui l'avait trompé et traité comme un moins que rien. Une fille que ni Luke ni Caitlin n'avait sincèrement apprécié, d'ailleurs.

Thomas hoche gravement la tête. Mike était tout de même heureux d'avoir vécu cet été avec Thomas. S'il ne l'avait pas fait, sa vie aurait sûrement été teintée de plus de regrets. Thomas n'en faisait pas partie, au moins.

— Et dans le groupe, ça se passe bien ? reprend Thomas, sur un ton plus joyeux.

— Comment ça ?

— Est-ce que c'est aussi bien que ce à quoi tu t'attendais ?

— C'est encore mieux, répond Mike sur un ton enjoué. Passer des journées en studio à écrire, composer et s'enregistrer est littéralement ce qui est attendu de nous ! J'ai voulu ça toute ma vie.

— Parfait, alors. Quel est l'aspect qui te plaît le plus, dans ce cas ?

Mike prend quelques secondes pour réfléchir avant de décider qu'il aimait tout mais qu'il avait une grande préférence pour les concerts.

— Ça, dit-il en désignant la loge où ils se trouvaient. Être sur scène avec mes amis, à interpréter nos chansons. Ça n'a pas de prix.

— Une chance que ça soit pour la vie, alors ! conclut Thomas, tandis que Mike plonge déjà dans les moments clés du concert de ce soir.

— Je vis chaque concert comme si c'était le premier et le dernier à la fois.

Et c'était ces moments qui le poussaient à avancer, à croire que la vie pouvait s'améliorer, parce qu'elle s'était effectivement améliorée pour lui, mais aussi pour ses amis.

— Tout a changé si vite. Tu t'y habitueras.

— Mais j'éprouverai toujours de la gratitude. Sans Dark Fate, tout ne serait pas allé si vite.

Thomas hausse les épaules, indifférent.

— Ça serait quand même arrivé.

Il pose sa main réconfortante sur l'épaule de Mike.

— Je suis content pour toi, Mike. Content que ça aille mieux et que tu puisses enfin t'épanouir.

Un sourire peint les traits du jeune homme. Si on effaçait l'ombre de James du tableau, tout était en effet pour le mieux. Et se rendait-il compte, c'était exactement ce qu'il voulait, en arrivant à San Francisco. L'univers lui avait offert ce qu'il voulait sur un plateau d'argent. Alors, maintenant qu'il en était là, il n'allait tout de même pas s'apitoyer sur la seule tache noire que comportait sa vie. Non, dorénavant, il ne se concentrerait que sur la musique, l'éternelle confidente qui marchait toujours à l'ombre de ses pas.

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Hello! Comment allez-vous ?

Merci d'avoir lu ce chapitre ! Que pensez-vous de ces retrouvailles avec Thomas, de leur discussion à tous les deux ? Comment envisagez-vous la suite ?

On se trouve la semaine prochaine pour la partie 6 !

A très vite !

Le temps d'une chanson (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant