⇝ Chapitre 55

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Les yeux dorés de Ludovic brillent de bonheur lorsqu'il m'aperçoit.

— Emmy ! s'exclame-t-il en me serrant dans ses bras. Tu m'as manqué !

Je guette la moindre réaction chimique dans mon corps, mais rien ne se produit. J'ai caressé l'espoir de m'être aussi menti à moi-même sur ce sujet, mais j'ai apparemment fait preuve d'honnêteté. Mon cœur a donc choisi l'unique garçon marié à la musique, aussi inaccessible que s'il était fictif.

— Toi aussi ! m'exclamé-je en lui faisant la bise.

— Comment tu vas ? Tu as l'air un peu fatiguée, mais honnêtement, tu rayonnes ! poursuit-il, enthousiaste.

Je me contente de lui offrir mon meilleur sourire, songeant que j'étais bien mieux à rester dans le déni concernant mes sentiments. Après ma discussion avec Freddie, lorsque ma tête a touché l'oreiller, je n'ai cessé de ressasser mes souvenirs, en écoutant le bruit que produisait mon cœur en éclatant un peu plus à chaque fois que son regard apparaissait dans mon esprit.

— J'espère que tu es prêt, car nous avons quelques chansons qui méritent que tu y jettes un œil ! Ou une oreille, devrais-je dire !

A ces mots, je m'écarte pour qu'il puisse saluer le reste de la bande. Mathieu et Alice viennent d'aller le chercher à l'hôtel où il a choisi de résider. Puisque Mathieu loue une voiture, il a accepté de s'occuper de nous l'emmener les jours où nous voudrons travailler avec lui.

— Mon autre ami violoniste ! lance-t-il, à l'attention de Freddie, qu'il salue d'une brève accolade.

— Je suis toujours d'accord pour notre concerto, signale l'intéressé en lui souriant d'un air aimable.

— J'y compte bien !

Après nous être tous salués, nous nous installons tous sur la terrasse avec des boissons fraîches. Le thé glacé qu'Alice a réalisé est délicieux, et j'espère vivement qu'elle retentera l'expérience ! D'ailleurs, cette dernière n'a pas la langue dans sa poche : à peine avons-nous eu le temps de boire une gorgée qu'elle assaille Ludovic de questions.

— Alors comme ça, tu as une copine ? Elle te rejoint quand ? Est-ce que je pourrai la rencontrer ? Comment elle s'appelle ? Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Et comment vous vous êtes connus ? débite-t-elle.

— Wow, doucement, Alice ! Laisse-le arriver ! le défend Caitlin.

Je retiens un rire après avoir échangé un regard amusé avec Ludovic. Ça, c'est bien Alice !

— Je me doutais que tu allais m'accueillir comme ça ! Je suis même surpris d'avoir eu le temps de m'asseoir.

Il marque une pause et sourit de toutes ses dents à ma meilleure amie avant de repousser quelques mèches dorées de son visage. Ses cheveux, rassemblés en un chignon, atteignent désormais son menton. Avec son teint hâlé et son air détendu, il ne ressemble plus du tout au lycéen que j'ai connu (ce qui est une bonne chose, on ne peut pas avoir seize ans pour toujours). Il tourne ses prunelles ocres vers moi, mais son regard plongé dans le mien ne me désarçonne plus non plus.

— Pour tout te dire, on n'est plus ensemble depuis quelques semaines, avoue Ludovic en grimaçant, ses yeux toujours rivés à moi.

— Oh, non ! déploré-je, compatissante.

— Ce n'est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent, objecte Ludovic en se concentrant à nouveau sur les autres.

J'évite le regard inquisiteur de Freddie, qui n'a malheureusement rien pu louper de notre échange puisqu'il est en face de moi. Quand ai-je basculé ? Il m'est désormais impossible de le contempler sans avoir le cœur au bord de l'implosion.

Le temps d'une chanson (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant