⇝ Chapitre 65

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Mike pousse un profond soupir, les yeux fixés sur la voûte céleste. La nuit n'est pas encore très avancée, on distingue encore les lumières du crépuscule au bord de la lointaine mer Egée.

— Ça craint, lâche-t-il. Ni toi ni moi, on est capable de bien se débrouiller quand il est question de sentiments.

Installés sur le balcon du dernier étage de la maison, où se trouvent les chambres de Mike et de Luke, nous profitons de la fraîcheur du soleil couché. Là où nous sommes, sur les hauteurs, une brise légère nous caresse perpétuellement la peau, tant et si bien que la chaleur ne paraît plus être si suffocante. Quelques étoiles percent déjà les nimbes rosées du ciel. La nuit promet d'être claire et pleine d'étoiles filantes, que j'irai probablement contempler au bord de la piscine.

— Si encore il n'y avait que nous ! déplore Caitlin en me jetant un coup d'œil.

Elle qui était venue se prélasser sur le salon de jardin (elle avait même sorti tous les coussins) ne semble plus détendue du tout, maintenant que moi et Mike l'avons rejointe pour profiter aussi de la température qui diminue un peu. Cela fait du bien de ne pas avoir une constante pellicule de sueur dès qu'on met le nez dehors.

— Ça fait longtemps que j'ai arrêté d'espérer qu'Emmy sache gérer ça, rétorque Mike en grimaçant.

— Hé ! protesté-je en me redressant. Je ne suis pas si nulle.

— C'est vrai, affirme Caitlin, tu es la seule ici qui peut au moins être fixée.

— Elle est juste tombée amoureuse du seul garçon qui a décidé de ne pas vouloir d'amour dans sa vie. Je ne vois pas ce qu'il y a de malchanceux là-dedans ! ironise Mike en levant les yeux au ciel.

— Arrête d'être bougon ! le taquiné-je. Tu es sûrement celui qui a le plus de chances de s'en sortir sans avoir le cœur brisé...

— C'est vrai, répète encore Caitlin. Je suis sûre que James serait ravi de recevoir un message de ta part !

— Il s'est montré très clair sur ses intentions la dernière fois qu'on s'est parlé, grommelle Mike.

— Qui était en décembre, rappelé-je. De l'eau a coulé sous les ponts.

— Vous ne comprenez pas... Vous n'étiez pas là. Moi, si. J'ai vu son visage, et j'ai lu dans son regard tout ce que j'avais besoin de savoir. Je suis le seul imbécile à être tombé amoureux dans cette histoire !

La colère et le désespoir qui percent sa voix me frappent autant qu'un couteau lancé avec une furieuse précision sur un tendon. Pauvre Mike ! Restera-t-il quelque chose de son cœur s'il continue à être malmené ainsi ? Pourquoi ne perçoit-il pas ce que j'ai clairement distingué lorsqu'il m'a confié toute l'histoire ?

— Mickey, lui dit gentiment Caitlin, on ne te conseillerait pas de le contacter si c'était une mauvaise idée.

— Désolée les filles, mais au vue de vos vies sentimentales respectives, je pense que je ne vais pas vous écouter, s'entête Mike en soupirant.  Pardon, ajoute-t-il face à nos mines déconfites, mais c'est la vérité. Vous ne savez pas gérer ce qui vous arrive.

J'ouvre la bouche pour protester mais me ravise face au regard noir que me jette Mike.

— Ne t'avise pas de prétendre le contraire, Emmy ! Tu t'es pris je ne sais pas combien de râteaux de la part de Freddie et tu continues d'espérer. Rends-toi à l'évidence : s'il voulait vraiment de toi, il ne t'aurait pas repoussée.

— Ce n'est pas si simple !

— Mais il l'aime, proteste Caitlin au même moment. Comment réagirais-tu, à sa place ?

Le temps d'une chanson (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant