Point de vue, Billie.
J'adore créer.
J'adore le fait de savoir que ce que je griffonne sur les pages d'un carnet, que je marmonne dans mes notes vocales, que j'envoie à Finn et que j'écoute écore et écore dans mes écouteurs sur mon lit dans ma chambre entourée de lumières rouges, puisse éventuellement résonner à travers de grosses enceintes dans une salle à guichets fermés. N'importe où dans le monde, avec des milliers de voix qui me crient tous ces mots.
Avec de nouvelles significations toutes différentes dans chacun de leurs précieux cœurs battants.
Battants en synchronie, juste pendant une heure ou deux.
Battant avec le mien, avec la personne à sa gauche, et à sa droite.
Nous ne faisons qu'un, le temps d'un instant.
J'ai créé ça.
Et j'adore créer ça.
Cependant, je n'aime pas certaines choses que je crée.
Je déteste même.
Certaines choses n'auraient jamais dû être créées déjà, et une fois que je m'en rends compte, c'est facile pour moi de tourner en rond et de réaliser à quel point j'ai fais de la merde sans laquelle les gens seraient mieux et comment ils seraient mieux sans moi. Beaucoup mieux sans moi.
La spirale est infernale.
Et égoïste.
Pas toujours, Dieu merci. Cette tourmente apporte de la douleur, mais cette douleur fait grandir et tout le monde a besoin de ressentir ça de temps en temps. Ce n'est pas un signe de faiblesse que d'être dedans, parfois.
Mais, dans ce cas là...
Ça l'est.
Je sais que vous vous attendiez pas ça.
Je sais que vous vous vouliez que je retombe dans les bras de Rose et que je la serre contre moi pendant que nous pleurons jusqu'à la nuit tombée, et puis que le soleil se lève le lendemain et que nous fassions des crêpes ensemble avec Ethan, se faisant des câlins tous les trois et chantant des putains de chansons de Sound of Music, et que tout serait bien et que nous serions heureux. Que chaque parties à l'intérieur de moi n'aient pas l'impression de brûler.
Mais, au cas où vous l'auriez pas deviné, ce n'est pas ce qu'il s'est passé.
Comme toujours, putain.
Ok, ok. Revenons sur cette merde que je racontais juste avant ça, à propos de ne pas aimer mes créations. Vous devez juste m'écouter une seconde.
Vous voyez, je ne parle pas de trois poubelles remplis de papiers jetés et tâchés d'encre dans un coin de ma chambre quand je vous dis que je suis déçu de quelque chose que j'ai créé.
Je ne me souviens même pas des coupes iMovie supprimées de Bad Guy, ou même des innombrables vers perdus au fond de mes notes.
Je parles de ces yeux noisettes dorés, généralement brillants d'espoir et d'admiration, optimistes et réfléchis sur ce monde, que j'ai tâchés de rose, injectés de sang, glacés de douleur, de trahison, de chagrin et de regret.
Je l'ai fait.
J'ai pris ce visage, ce doux visage d'ange et saupoudré de petites rousseurs, et je l'ai taché de faibles vaisseaux sanguins, pas du bon type de rougissement palpitant sur ses joues. Je l'ai faite froncer les sourcils de confusion et d'incrédulité, j'ai rendu son petit nez rouge, ses sils recueillant des gouttes rosées de larmes. Des larmes coulant sur ses joues, jusqu'à son menton. Des larmes de tristesse.
Je l'ai fait.
Les mains qui effleurent habituellement mes cheveux et dansent sur ma peau, serrant les miennes quand je suis nerveuse, tremblaient maintenant et serraient les poings, fourrés dans ses poches, se retirant de tout contact que j'essayais d'avoir avec elle.
Elle a toujours été une œuvre d'art, Dieu qu'elle l'est toujours, mais ce n'est pas moi qui l'ai créée.
Je ne sais pas quel putain de Dieu au-dessus l'a créée, mais celui qui l'a fait a pris tout ce qui est doux et délicat, chaque goutte de compassion et de loyauté, chaque sentiment d'émerveillement, de rire et de lumière qu'il a pu retirer du centre de la Terre, et l'a transformé en la personne la plus angélique et la plus belle que j'ai jamais eu le plaisir de rencontrer, sans parler d'aimer.
J'ai pris cet ange, et j'ai fais ça.
J'ai eu l'occasion de créer de nouvelles choses pour cette personne, de nouvelles raisons de rougir, de nouvelles raisons de plisser les yeux dans un large sourire, d'être la personne qui embrasse la fossette qui n'apparaît que sur son côté gauche quand elle sourit, ce sourire qui m'était réservé.
Et je l'ai fait, pendant un certain temps.
C'est moi qui ai embrassé ses joues chaudes au milieu de la nuit, dans le lit, quand le radiateur bruyant nous a réveillées. C'est moi qui ai dansé avec elle dans la cuisine à trois heures du matin en pyjama sur de vieilles chansons que nos parents adoraient, ses pieds se tenant au-dessus des miens alors que notre rire contagieux devenait beaucoup trop fort pour cette heure. J'ai été celle qui avait été nerveuse de rencontrer un jour ses parents lors d'un escale en tournée, des fleurs pas si bien cachées derrière mon dos alors qu'elle ouvrait la porte, embrassant mon nez et sentant mes nerfs s'envoler.
J'ai fait tout ça.
C'est ce que je vois quand je la regarde.
Mais maintenant, à cause de tout ça...
Ce n'est plus ce qu'elle voit quand elle me regarde.

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the artist. TERMINEE
Fanfictionhistoire traduite de @latibulefeeling qui de base est écrite en anglais Rose x Billie