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Point de vue, Rose.


- Donc oui, je suppose que quand nous rentrerons à la maison, je vais... Billie ?

La tête de ma copine s'est redressée, se détachant de son téléphone, levant les sourcils tout en me regardant. 

- Ouais ?

Je soupirai doucement, sentant une légère pointe de colère monter en moi alors que je regardais ses yeux se plonger à nouveau dans son téléphone.

Depuis qu'elle a posté cette photo de nous, elle n'est plus pareil. Je comprends que c'est stressant et que beaucoup de choses vont changer à partir de maintenant, mais je la trouvais bizarre et distante alors que nous étions censé avoir plus de liberté.

- Bon, commença-t-elle, s'éclaircissant la gorge tandis qu'elle jeta son portable sur le côté et se dirigea vers le frigo, ouvrant la porte pour regarder à l'intérieur. Je dois partir en voyage d'affaire à notre retour à la maison. Quelques jours. Ils ne prennent pas tous ce "coming-out" à la légère.

Ma mâchoire se serra alors que je regardais la fille aux cheveux verts prendre une bouteille d'eau, revenant en courant vers le canapé et récupérant son portable pour se replonger dedans, là où elle s'était arrêté, et j'en avais vraiment marre. Sentant que ma respiration commençait à s'accélérer, j'ai marmonnais quelques chose pour dire que j'avais besoin de prendre l'air et j'ai attrapé la clé de la chambre qui était sur le comptoir avant de sortir, fermant doucement la lourde porte derrière moi.


Point de vue, Billie.


J'ai expiré toute l'oxygène que je retenais sans m'en être rendu compte quand Rose à quitté la pièce.

Les voix étouffées de la télévision, le vrombissement du climatiseur et la douce musique qui flottait dans la pièce depuis l'extérieur ont commencé à résonner de plus en plus fort dans mon crâne et j'ai claqué la porte de la chambre avant de glisser mes mains dans mes cheveux. Je posai mon front contre le mur tapissé de fleurs alors que je fermais les yeux, toutes les barrières que je m'étais imposées au cours des dernières heures pour m'empêcher de pleurer s'envolant, laissant une larme couler sur ma joue.

Je ne comprends pas comment j'ai pu laisser ça arriver.

Pas encore.

C'était l'ancien moi. L'ancien moi qui n'avait pas de responsabilités ou des millions de personnes qui surveillaient chacun de mes mouvements, et qui n'était pas amoureux.

J'ai toujours étais obsédée par l'autodestruction. Putain, je ne sais même pas pourquoi. Cela ne fait de mal qu'à moi-même, et pourtant, pour une raison ou une autre, tout ce que je sais faire, c'est attendre que tout aille bien dans ma vie puis de réfléchir à un moyen de tout foutre en l'air.

Je ne sais pas si c'est le fait de me dire "personne ne peut me faire de mal si je blesse en premier", ou bien si c'est pour autre chose. J'ai toujours eu l'habitude de ne pas me soucier de ça. Je pouvais avoir huit mecs à la fois et en avoir rien à foutre, parce qu'aucun d'eux ne se souciait vraiment de moi, donc s'ils devaient partager et bien ils trouveraient quelqu'un d'autre avec qui jouer, et ça m'allait puisque j'en avais encore sept autre sur qui me rabattre. A l'époque, je ne pouvais pas me poser la question de savoir si l'un d'eux se souciait vraiment de moi, je ne pouvais pas le supporter, la culpabilité était trop écrasante. 

Mais c'était il y a des années.

Je savais que c'était mal alors j'ai arrêté.

Jusqu'à ce que je rencontre Rose.

Ok, ok, attendez. Je sais que vous êtes tous tellement en colère contre moi, ce qui est compréhensible d'ailleurs, je le suis aussi.

Mais !

Vous devez m'écouter.

"J'étais avec" Aiden avant même de rencontrer Rose. Je le connais depuis des années, c'était mon meilleur ami et on se fréquentait depuis longtemps. Il est réconfortant et me rassure.

Est-ce que je l'aime ?

Putain, non.

Est-ce que j'aime le fait qu'il m'aime ?

Putain, oui, bordel.

C'est la seule raison pour laquelle je l'ai toujours gardé. Il me dit de belles choses, me donne de beaux surnoms. Je n'ai jamais cru en ce qui sortait de sa grosse bouche, mais l'attention était tout ce que j'ai toujours voulu.

Il l'a toujours mit en veilleuse et il sait qu'il n'a jamais était ma première option. Mais, il sait qu'il en ai une. Une option constante en faite. Une option à laquelle je me suis trop habituée ces deux dernières années. Il s'y attend, et moi je n'y pense même pas. 

Mais maintenant, tout est différent. Et ça ne l'a jamais autant était auparavant.

Rose.

Rose est un ange. Je sais qu'elle l'est, et je peux jurer sur ma putain de vie qu'il n'y a pas une seconde de ma journée où je ne penses pas à elle. Tous ces mecs dégoûtants qui ont des copines à côté et que jouent avec d'autres comme si c'était un jeu, je ne suis pas comme ça. Je sais que je ne le suis pas. Je l'aime. Je l'aime de tout mon coeur et rien n'y changera.

Elle est la lumière que je n'ai jamais trouvé auparavant. A partir du moment où je l'ai vu, quand je suis tombé sur elle derrière la salle, ça m'a frappé au plus profond de mon âme, et je savais que ses yeux noisette allaient me baiser la gueule d'une manière ou d'une autre.

Elle est gentille, douce. Elle me traite comme si je méritais tout ce qu'elle peut offrir de bon. Et moi, je ne le fais pas. Elle le mérite, et je ne lui donne pas. Je l'embrasse une fois sur la joue et ça lui remplit la tête pendant des heures, la distrayant pendant que je vais rassurer mon copain.

Je me rends malade. Vous n'avez pas besoin de me le dire, je le sais déjà.

Je ne demande pas de pitié. Je sais que c'est foutu, mais je promets que je ne suis pas comme tous ces gars.

Je ne vais pas lui faire de mal. Elle ne le saura même pas.

Et je sais que je devrais commencer par rompre avec Aiden. Merde, j'aurais dû rompre avec lui à la seconde où la lumière rouge dansait sur sa peau, que "Summertime in Paris" résonnait dans les haut-parleurs et que ses lèvres étaient contre les miennes. 

Mais je ne l'ai pas fais. J'avais l'impression de ne pas pouvoir. L'idée d'être sans lui me fait paniquer. pas parce que je me soucie de lui, mais parce qu'il est là, et que si Rose découvre à quel point je suis une salope et rompt avec moi, je n'aurais plus personne vers qui me tourner et je serais seule.

Seule.

Etre seule est quelque chose que je connais, mais ce n'est pas quelque chose dans lequel je suis bonne. Etre seule est dangereux. Et l'idée d'être seule après Rose... Merde, mec. N'y pensons même pas.

Chaque jour, mon doigt passait au-dessus du bouton d'appel, et un million de façons de rompre avec lui me traversaient la tête. Mais il y avait toujours une excuse. Soit, j'étais occupé, soit, Rose était de retour.

Et ça n'arrivait jamais.

Et c'est sur que cette merde n'arrivera pas aujourd'hui non plus.


the artist. TERMINEEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant