POV - Automne
Une nouvelle année scolaire débute. Je suis maintenant en classe de première S. Léa et Camille sont aussi passées en année supérieure. La seconde a été assez mouvementée au début en retrouvant certaines personnes que je n'aime particulièrement pas mais j'ai pu compter sur mes amies pour passer outre. Mes notes ont légèrement baissé, néanmoins j'ai pu garder une moyenne relativement correcte autour de quinze. Cette moyenne annuelle m'a classée neuvième sur les trente-cinq élèves de la seconde trois, réputée être un très bon cru par nos professeurs. Il est vrai que sur la totalité des élèves de la classe, vingt-huit avait eu une mention au brevet dont dix-sept mentions très bien, le plus haut taux avec la seconde neuf.
Durant cette première année de lycée j'ai pu découvrir certaines choses sur moi-même. Par exemple, le fait que je déteste l'économie. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai refusé d'aller en filière économique et sociale. Ensuite, j'ai pu confirmer d'autres points tels que mon intérêt pour le latin et le Français grâce à celle qui restera ma professeure préférée entre tous, ou tels que mon dégoût pour l'anglais et les mathématiques... Mais bon, oui oui, j'ai bel et bien pris la voie d'un baccalauréat scientifique...
En première, je n'ai donc plus de sciences économiques ou d'options qui ne me servaient pas à grand-chose. Toutefois, je suis l'année de la réforme et je vais donc passer les épreuves anticipées d'Histoire-Géographie à la fin de l'année en même temps que celles de Français. J'ai entendu dire que mon professeur d'Histoire était le meilleur du lycée, même si j'en ai déjà un à la maison.
Léa me retrouve à la pause et nous comparons nos emplois du temps. Elle et moi sommes une fois de plus séparées dans deux classes différentes mais je ne sais par quel miracle, nous avons nos cours d'anglais ensemble. Nous avons souvent eu les mêmes professeurs mais plus du tout les mêmes cours depuis la 5ème. Je vois dans son œil un petit soulagement, car je sais que c'est sa première année sans Laura, avec qui elle a toujours été depuis le collège. Camille nous saute sur le dos à sa grande habitude et se joint à notre analyse. Avec le latin, j'ai des heures en plus qu'elles et souvent à des horaires pas horribles comme le midi ou le vendredi après-midi quand tous les autres sont déjà partis en week-end. Si ce n'est pas le latin, c'est l'italien qui est bloqué sur cette plage horaire et mon enseignante n'est jamais absente.
Je grogne en voyant cela faisant éclater de rire Léa et Camille à mes côtés.
« Quelle idée d'avoir pris latin et italien aussi ? » commente Léa.
« Ouais ! Tu ne pouvais pas prendre espagnol et rien d'autre comme tout le monde ? » lâche Camille entre deux rires.
« Gnagnagna ! Heureusement que j'aurais des points en plus l'année prochaine. »
La sonnerie reconnaissable de la reprise retentit dans les bâtiments et nous courons à nos cours respectifs. Les mois poursuivent leur avancée au fil des histoires de cœurs et des cours des unes et des autres. Grâce à Camille, d'autres amies ont intégré notre trio. Deux filles de sa classe font désormais partie du groupe. Le père de Léa nous appelle « les classiques » car nous sommes constamment ensemble, à tous les anniversaires, les fêtes et les quelques rares sorties pendant les week-end. Camille ne se moque plus de mes cours de latin depuis que je suis partie avec les classes de latin-grec en voyage au cœur de la Sicile antique juste après les épreuves du bac blanc. Maman m'a dit qu'Isis m'avait cherché partout dans la maison pendant mon absence.
Isis nous a d'ailleurs quitté peu de temps après ce qui a laissé un grand vide dans nos vies après presque douze ans de nuits passées sur l'oreiller à côté de moi. L'année dernière, c'est mamie qui était partie et c'est aussi pour elle que j'ai choisi d'aller en filière scientifique. Elle avait dit à toutes ses amies que sa petite fille ferait « un métier de sciences car elle était aussi douée que les garçons ». Papa avait répondu que c'était surtout parce que j'étais nulle en anglais pour faire littéraire et que je détestais l'économie pour aller en économie. En réalité, un peu des trois.
Les vacances de Pâques arrivent à grand pas. Plus que deux heures d'italien. Alors que je me rends à mon cours, je vois passer Camille de l'autre côté de la grille. Elle me tire la langue et me souhaite un bon cours tout en riant. Je rentre immédiatement dans son jeu :
« Si je n'avais pas un cours qui commence je t'aurais poursuivie ! »
Vu sa taille et la mienne, je sais qu'il me faudrait pratiquement trois pas contre un donc dans tous les cas je n'ai aucune chance. Nous nous saluons et je rentre dans la salle.
Le cours commence par les habituelles petites histoires de la semaine. C'est un rituel que notre professeure a instauré et durant lequel nous devons raconté individuellement ce que nous avons fait cette semaine ou ce que nous ferons pendant les vacances, en italien évidemment. Puis nous entamons le point de grammaire. Ma voisine, la même depuis quatre ans, grimace à côté de moi. Ni elle ni moi n'aimons la grammaire mais elle reste similaire au français donc elle passe encore dans mon cerveau même en fin de journée.
Comme c'est le dernier cours avant les vacances, nous avons le droit de regarder un film. Je l'ai déjà vu au collège alors j'entends sans vraiment écouter. En revanche, j'ai très bien écouté la sonnerie de fin des cours.
« Vacances ! » crie ma voisine faisant rire toute la classe et même notre enseignante qui nous presse dehors.
Je sors tranquillement de la salle et me dirige vers mon casier pour récupérer mes cahiers de la journée. Le lycée se vide des derniers élèves pendant que je referme mon cadenas tout en vérifiant que je n'ai pas laissé mes clefs à l'intérieur. Je suis parmi les dernières personnes hors personnel à partir. Le lycée est à moins de deux cents mètres de chez moi ce qui est très pratique.
Le surveillant me souhaite un bon week-end et de bonnes vacances avant de fermer les grilles. Je décide de faire le grand tour et de passer par la cathédrale sur ma droite au lieu de la petite place sur ma gauche. Je mets mes écouteurs et ma musique préférée de Disney qui énerve tant papa.
Pendant que je prends mon temps tout en croisant quelques connaissances sur le chemin, je ressens une pression sur moi, comme une présence non désirée qui me fixerait de loin. J'accélère mon pas et éteins la musique tout en gardant mes écouteurs afin de recevoir tous les signaux auditifs possibles. Alors que j'arrive presque devant chez moi, une main se pose sur mon épaule et me retourne fermement. Une capuche recouvre le visage de la voix féminine qui arrive à mes oreilles.
« Tu es à moi. »
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Le contrat
Short StoryExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...