Chapitre 40

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J'attends que les avocats reprennent leur place pour me placer à l'endroit prévu.

« Maître Siopi. Vous avez eu l'heure demandée. Avez-vous les preuves nécessaires dont vous parliez ? »

« Monsieur le président. Je les ais. Mais avant toute chose, je souhaiterai appeler un dernier témoin à la barre. »

« Objection ! Nous avons eu suffisamment de témoins ! »

« Vous ne pouvez pas me refuser un témoignage. »

« Objection rejetée. Poursuivez Maître. »

« Merci Monsieur le Président. Faîtes entrer le témoin. »

Les grandes portes s'ouvrent devant moi et j'apparais maintenant aux yeux des personnes dans la salle. Mon clan jubile tandis que les expressions des deux autres familles tombent à terre. Papa et maman manquent de s'évanouir de joie et de surprise. Je m'installe sur le siège des témoins.

« Monsieur le président, Maître Siopi ne peut faire intervenir un témoin ne figurant pas sur la liste des personnes convoquées à ce procès. »

« Vous avez raison, Maître Nguyen. » confirme le président au grand soulagement de Madame. « Maître Siopi. »

« Monsieur le président ? »

« Avez-vous une explication à cela ? »

« Vous voulez dire en dehors du fait que ce procès la concerne en tout point ? Eh bien, si vous prenez la peine de regarder la liste vous verrez que son nom y figure bien. »

Le président ajuste ses lunettes et cherche mon nom sur toutes les pages.

« Vous voyez monsieur le président. Vous ne la trouvez pas donc elle n'a rien à faire ici. » clame Maître Dolios. »

« Je n'ai jamais précisé la page sur laquelle son nom est écrit. »

« Elle est forcément inscrite quelque part. »

« En effet. Elle n'est pas sur la liste des témoins. Elle est la personne qui vous poursuit en justice en ce moment. »

En dehors de mes oncles, tantes et amis, la salle manque tout à coup d'oxygène et suffoque.

« Mais comment est-ce possible ? Votre cliente est sa tante. »

Mon avocate se tourne alors vers Maître Dolios et Maître Nguyen.

« Je n'ai jamais dit que ma cliente est sa tante. D'ailleurs, je n'ai jamais précisé non plus qui était réellement ma cliente. »

L'étau se resserre autour des accusés.

« Monsieur le président. Je peux vous apporter la preuve de ce qu'a avancé mon avocate mais aussi celle que mon frère s'est emparé du dossier papier avant de le détruire. »

« C'est faux ! Je n'ai rien fait de tel. »

« Gatien ? »

Gatien s'avance timidement et soulève un des dossiers de mon avocate. Il saisit la micro-caméra placée avec discrétion et demande un ordinateur pour projeter le contenu. Les vigiles lui apportent rapidement le matériel et les images suffisent. Mon frère apparaît alors sur l'écran en train d'échanger les pages du dossier et les remplacer par des feuilles blanches lors de l'une des pauses de la journée d'hier.

« Je suis la métis des cours. J'observe en silence puis j'agis. Comme je vous l'ai dit : je porte aussi bien mon nom que vous. » dit mon avocate en regardant Maître Dolios.

« Métis est la déesse grecque de la ruse. Siopi signifie silence en grec ancien. » dis-je en roulant des yeux face à l'ignorance de l'avocat de ma famille légale.

Puis je m'adresse à Tan :

« Tu es vraiment un petit joueur mon frère. » dis-je en souriant. « Comment as-tu pu penser que je te ferai confiance au point de laisser sans surveillance ce dossier si important. Nous t'avons tendu un piège et tu as couru dedans. Mais je pense que cette idée ne vient pas vraiment de toi, n'est-ce pas ? »

Toutes les têtes suivent mon regard et se tournent dans la direction de Madame dont la colère ressort.

« Avez-vous les preuves ? » rappelle le président.

« C'est impossible ! J'ai tout détruit. »

« Vous admettez donc qu'il y en avait bien. » affirme mon avocate.

« Maintenant tu la fermes ! » hurlent Madame et Monsieur sur leur fils.

Je plonge ma main sous le haut du col de ma chemise et attrape le cordon autour de mon cou. Lorsque je lève la main, je tiens une clé USB.

Tan tombe du banc sur lequel il est assis. Je regarde Madame toujours confiante me sourire.

« Sur cette clé USB se trouvent les numéros bancaires des jurés présents lors du premier procès et les preuves des virements effectués par Madame sur leur compte respectifs. De même, vous trouverez les accusations avancées concernant mes parents biologiques et Maître Dolios. Toutes les preuves de corruption sont ici. Il y a aussi les aveux de Madame concernant l'ensemble des chefs d'accusation. »

D'un grand bond, Tan se précipite sur moi. Il m'arrache la clé des mains et l'écrase avec son pied avant de me regarder fier de lui. Je vois les espoirs de papa et maman disparaître de leurs yeux.

« Et maintenant ? Qu'est-ce que tu vas faire ma chère sœur ? » demande-t-il se penchant vers moi, les deux mains appuyés sur les accoudoirs de la chaise.

Mon expression horrifiée passe petit à petit et se transforme en sourire dangereux.

« Que dois-je faire de cela ? » crie Erin attirant l'attention sur elle.

Erin montre l'autre clé grise dans sa main. La tête de mon frère pivote vers elle puis reviennent sur moi. Ses yeux sont écarquillés.

« Me crois-tu assez folle pour ne pas faire de copie ou crypter ces données sensibles ? »

Tan se retourne rapidement vers Erin qui baisse immédiatement le bras. Gatien se place devant elle avant toute tentative de mon frère.

« Essaie. »

Les vigiles interviennent sur un claquement de doigt sec de mon avocate. Pendant que Tan est ramené à sa place, le président demande que la clé lui soit apportée. Les bilans financiers, les photographies du détective privé, les transactions sur le compte de Tan concernant l'argent qui m'était destiné, celles de mes parents à mes géniteurs pour rester 'libres' ainsi que les images des caméras du camp récupérées par Erin où nous pouvons apercevoir le traitement infligé à mes parents... Tout est là. Mais Madame se lève à nouveau...

Le contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant