Deuxième jour de la semaine d'épreuve. L'après-midi vient à peine de commencer.
La cloche sonne le début de l'épreuve de physique-chimie. Ce n'est pas ma plus grosse faiblesse mais ce n'est clairement pas mon point fort non plus. Le sujet de cette année n'est pas vraiment innovant : deux sujets de chimie et un de physique. Je parcours les questions des yeux et note sur mon brouillon les numéros de celles dont je connais les réponses avec certitude. A la fin du sujet, je grimace en remarquant que je ne suis pas certaines de beaucoup de mes réponses.
Je commence par ce que je préfère : la chimie. L'exercice porte sur l'enzyme catalyseur et est composée de deux grandes parties sur l'uréase. Les questions de cours sur les acides et les bases sont relativement simples tout comme les effets de la température ou le temps de demi-réaction sur l'équation chimique. Je ne sais pas répondre à tout mais je parviens à rééquilibrer ma réaction à la fin de l'exercice. Je me sens comme un chat qui tombe du troisième étage les pattes en l'air mais qui atterrit finalement non sans mal sur ses coussinets.
J'enchaîne sur le second exercice de chimie : le sucre. Je dois relire la description car je n'ai pas absolument rien compris à la première lecture et la première question n'arrange rien. Cette année, il nous ai demandé de synthétiser un corpus de trois documents scientifiques en un nombre limité de lignes et d'y ajouter nos connaissances sur le sujet. Quelles connaissances ?
Heureusement, l'identification des groupes caractéristiques des molécules, de l'atome de carbone asymétrique et les représentations des énantiomères me permettent de prendre quelques points sur cette partie. Après la chimie, la physique et l'étude d'un GPS. Je sens déjà que je vais détester les questions. Je réponds à ce que je peux au maximum puis profite du temps qu'il me reste pour améliorer mes réponses précédentes.
Lorsque les trois heures trente se terminent, je suis partagée entre le soulagement et l'inquiétude. Erin me met une claque derrière la tête en me disant de rester concentrée car le couperet tombera demain matin. Je ne perds pas de temps et rentre directement commencer les révisions de dernière minutes. Je prends tout de même le temps de dîner avec Monsieur, Madame et Tan pour ne pas lui faire le plaisir de me montrer inquiète. La nuit tombée, je poursuis mes lectures dans le plus grand silence. Je reçois un message d'Erin peut de temps après pour me dire d'aller me coucher afin de ne pas être fatiguée lors de la journée la plus importante pour moi.
« Oui maman. » dis-je en riant avant de faire ce qu'elle me dit.
Quand je me réveille, le jour n'est pas encore levé. J'éteins mon réveil car je sais que je ne me rendormirai pas. Je me lève discrètement et prépare mes affaires pour la journée. Sur le bord de la fenêtre un petit oiseau tapote son bec contre la vitre avec insistance. Etonnée, je fais entrer l'animal qui se jette sur mon épaule.
« Que veux-tu petit piaf ? »
Papa a toujours appelé « piafs » les moineaux ou les petits oiseaux. L'animal secoue ses ailes et me tend sa patte. Il me faut presque une loupe pour apercevoir le bout de papier tenu par un badge. En passant mon doigt dessus, je sens que la matière n'est pas lisse et forme une sorte d'image que je connais : ce sont les armes de la famille d'Erin. J'aurais pu m'en douter... Ce moyen de communication vieux jeu ne peut venir que d'elle ou de moi.
Je déploie le petit morceau de papier et laisse mes yeux parcourir les mots. Une immense colère monte en moi. Erin a découvert que mes parents sont retenus quelque part sur ordre de Madame. Il ne me manque plus que des aveux de cette femme qui a brisé ma famille. Cependant, elle est bien trop rusée pour se laisser prendre au piège par de simples questions. De plus, nous nous méfions l'une de l'autre donc je ne peux l'interroger sans éveiller le moindre soupçon d'elle ou de son fils. J'entends la maison s'animer alors je prends la note mentale de réfléchir à un moyen de lui faire avouer une fois que cette semaine sera terminée.
Après le petit-déjeuner péniblement avalé, je prends le chemin du lycée. Il est un peu plus de huit heures et l'épreuve commence dans moins d'une heure. Gatien m'attend déjà devant la salle habituelle où sont répartis les terminales scientifiques depuis deux jours. Les surveillants nous font entrer et nous trouvons nos places dans un désordre total bien que tous les élèves sachent où se trouvent leur place numérotée. Je vois Gatien faire la girouette sur le côté à la recherche d'Erin. Je fais le lien entre son absence et l'événement de ce matin, et espère qu'elle n'arrivera pas trop tard pour l'épreuve. A notre grand soulagement, elle finit par arriver à temps mais complètement essoufflée. Je vois qu'elle me cherche du regard et lui réponds par un clin d'œil rapide pour lui confirmer ce qu'elle souhaite. Un des surveillants commence à refermer la porte et mon frère en retard se la prend dans le nez. Je roule des yeux quand la salle explose dans un rire commun.
Les copies sont rapidement distribuées et chacun élève présent se précipite pour remplir les encadrés du haut. Nous savons tous qu'il peut être extrêmement stressant et énervant de ne pas avoir de copie prête lorsqu'il ne nous reste seulement quelques secondes de temps imparti et plusieurs réponses connues à écrire. Je peine à écrire le nom de l'épreuve sur la ligne attribuée : « Mathématiques ». Le voici mon plus gros point faible... Je tente de maîtriser mon stress et ma main pendant que je reçois le sujet retourné. Mon corps tout entier semble vouloir s'éloigner le plus possible de ces quelques feuilles blanches...
Le début de l'épreuve est annoncé et je regarde toutes les questions avec appréhension. Lorsqu'à la lecture complète du sujet aucune réponse ne me vient instantanément je me demande quelle raison m'a poussée à poursuivre mes études dans la filière scientifique. Je sens le regard fixe et moqueur de Tan surveiller ma réaction face à cette épreuve que je redoute plus que toutes les autres. Je fais alors mine de maîtriser ce que je fais et commence à écrire sur mon brouillon. Le seul mot qui me vient à l'esprit est : « Help ! »
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Le contrat
Short StoryExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...