Chapitre 43

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« Oseriez-vous contester la Convention des Nations Unies et les droits fondamentaux de l'enfant, uniquement parce qu'elle met en péril vos clients qui en ont bafoué les moindres détails ? » menace Maître Siopi avant même qu'un seul mot ne sorte de la bouche de ses confrères.

Pétrifiés, les hommes de droit n'osent pas répondre et se contentent de la regarder se rassoir tranquillement à sa place. La main de mon avocate passe dans ses cheveux blonds alors qu'elle regarde le plafond du tribunal. Dans une dernière démonstration de charisme, elle clôt son plaidoyer :

« J'ai terminé. »

Maman et papa rayonnent. Madame et ma mère biologique tentent de convaincre leur avocat de riposter mais, même corrompus, aucun d'eux ne se risque à contester la loi. La cour est séparée en deux : d'un coté les cris et les menaces fusent, et de l'autre l'espoir renaît silencieusement.

Ce dernier appel de loi achève les deux parties adverses. Chaque accusation porté contre elles est soutenue par la loi et la convention des Nations Unies, irréfutables par la cour ou les Tribunaux de Grande Instance de Nantes et de Paris.

Le président lève alors la séance et les jurés se retirent pour délibérer. Contrairement au premier procès, il ne faut pas des heures pour rendre leur verdict. Il est dix-huit heures lorsque celui-ci tombe. Les jurés et mes parents biologiques sont reconnus coupables de corruption et sont condamnés à rembourser la somme reçue en échange de la liberté de mes parents, à payer une amende importante à ma famille et à ne plus pouvoir exercer de fonctions de jurés dans n'importe quelle cour. Les avocats sont également reconnus coupables et sont bannis de leur ordre. Les inconnus du camps n'échappent pas à la sentence et sont amenés à payer une lourde amende pour harcèlement moral sur personnes démunies.

Quant à Madame et Monsieur, ils sont tous les deux condamnés à la prison ferme pour diffamation et torture sur autrui. Comme ses parents, Tan est condamné à la prison mais écope d'une peine moins lourde en échange du remboursement de tout l'argent perçu à ma place depuis cinq ans.

Enfin, le papier le plus attendu arrive devant moi. Je signe sans attendre la déclaration officielle faisant de papa et maman mes parents légaux et de contrat. Le document passe ensuite entre leurs mains et je peux apercevoir le stylo trembler quand ils s'empressent eux aussi d'apposer leur signature.

Le président clôt le procès et quitte la salle suivi des jurés. Les policiers entrent menotter et arrêtés Madame, Monsieur et Tan avant de les emmener. Mon ancien frère se retourne vers moi en affichant une expression disant à la fois vouloir me tuer et me demander pardon.

« La vengeance est douce. Le triomphe est savoureux. » dis-je.

Mon géniteur est tiré rapidement vers l'extérieur par la police tandis que celui qui tient ma mère biologique s'arrête devant moi.

« Un dernier mot peut-être pour votre mère biologique ? » me demande-t-il gentiment.

Ma mère et moi nous nous regardons dans les yeux pendant qu'un seul mot me vient à l'esprit pour elle :

« Salope. »

Elle disparaît de ma vue après avoir passé les grandes portes. Je rejoins mes amis qui me sautent dessus avec une joie et un sentiment de victoire débordants.

« Merci... Merci pour tout... Jamais je n'aurais réussi sans vous. »

« Vive l'ourson ! »

Tout mon clan se met à rire et Maître Siopi se joint à nous.

« Merci Erin. Vous aussi vous êtes des oursons maintenant. »

« Pourquoi ? Parce que nous aussi nous grognons ? » demande-telle en boudant comme une enfant.

Gatien et moi secouons la tête en riant.

« Tu préfèrerais être un Némésis numéro deux ? »

« Non ! Un ourson c'est beaucoup plus mignon ! »

« Ah tu vois qu'ils sont bien les nounours ! »

Erin me frappe amicalement le bras avant de faire un léger signe de tête. Mon avocate s'avance vers moi et me serre la main pour conclure le procès.

« Merci à vous Maître, je vous dois la liberté de mes parents et de ma famille. »

« C'est plutôt à moi de vous féliciter. Je n'ai fait que mon travail tandis que vous... Vous avez tout risquer pour reformer votre famille même quand il n'y avait plus d'espoir. Vous avez gardé la tête haute, prêcher le faux pour savoir le vrai et surtout vous avez su vous entourer de magnifiques personnes. J'espère que votre amitié vous unira pour de nombreuses années. »

Je me retourne vers amis. Gatien, Erin, Léa et Camille me regardent en souriant et hochent la tête dans un mouvement commun. Rien n'aurait été possible sans eux. Je m'approche de Léa et me fond dans un câlin.

« Toujours là depuis presque dix ans. » dis-je en murmurant à son oreille.

« Toujours. »

Mon avocate nous félicite chaleureusement encore une fois puis sort du bâtiment pour entamer son marathon médiatique. Mes amis et ma famille s'écartent et forment une haie d'honneur vers mes parents. J'attends cet instant depuis des années mais je me tétanise et perds toute notion de mon espace. Erin me claque l'arrière de la tête pour me faire réagir mais mon corps refuse de bouger.

Maman ouvre ses bras et je me précipite contre elle. Papa nous serre toutes les deux dans son étreinte. Nous pleurons pendant de longues minutes dans un silence réconfortant. Je sais que dehors les médias et les journalistes nous attendent alors je me fonds encore plus dans les bras de mes parents.

« Papa... Maman... »

« Je ne te laisserai plus partir. » dit maman.

« Au sens propre ou figuré ? »

« Les deux ! »

« Oui mais là, tu dois me lâcher car j'ai faim ! »

Maman et papa se mettent à rire mais me gardent contre eux.

« Tu vas pouvoir rentrer à la maison ! »

« Je le suis déjà. »

Un peu plus loin, j'entends mon clan discuter doucement.

« Elle est la fille de ses parents. » disent à l'unisson Léa et Camille.

« L'intelligence de son père et la loyauté de sa mère... » dit ma tante aînée alors papa m'embrasse et que maman refuse de me lâcher.

« A votre avis, auquel des deux elle ressemble le plus ? » demande mon parrain dans un murmure que j'attrape au vol.

Je m'écarte légèrement et regarde papa et maman qui pleurent toujours devant moi. Il n'y a qu'une seule réponse à sa question :

Je ne ressemble ni à l'un ni à l'autre. Je suis la parfaite symbiose du meilleur des deux.

Le contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant