Chapitre 16

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Les jours suivants, mon regard et mon humeur envers Monsieur et Madame sont exécrables. Ils ont cessé leur hypocrisie et ont enfin montré leur vrai visage. Ils sont comme Tan : perfides, manipulateurs et narcissiques. Madame me rappelle toujours que je suis à elle mais cela sonne désormais comme une touche possessive au lieu de rassurant. Je me sens comme sa prisonnière. Elle prend soin de moi comme elle polirait un trophée lui rappelant une grande victoire.

Je m'enferme dans ma chambre pour travailler et reste dans ma bulle. Désormais, je dois concilier avec Tan qui a changé de stratégie envers moi. Il est devenu mesquin, sexiste, et cruel. J'entends des pas dans l'escalier. Je sais qu'il arrive.

« Alors ? Encore en train de travailler, tu as peur de ne pas être à la hauteur ? » questionne-t-il la voix puante d'alcool.

Je ne réponds pas et me concentre sur le cours de physique.

« Réponds-moi salope ! » crie Tan, vexé d'être ignoré. « Tu te sens forte parce que tu as le soutien de mes parents ? Pourtant, cela fait des jours que je fais de ta vie un cauchemar mais je n'ai pas vu tes parents venir pour te défendre. Oh mais attends. Ils ne peuvent pas. Ils n'ont pas le droit de t'approcher selon l'ordonnance du juge. »

Tan titube jusqu'au fauteuil en face de moi et le manque en voulant s'assoir. Je retiens mon rire mais ne loupe pas la scène pour autant.

« Tu n'en as pas assez d'être tout le temps rejetée ? Ta propre mère t'a abandonnée. Deux fois. Elle t'a même vendue. Deux fois. »

Cette phrase fige mes mouvements mais je me force à rester stoïque. Si seulement, Léa et Camille étaient là...

« Je sais ce que tu veux vraiment. Tu veux revoir tes parents d'avant. »

Cette fois je ne peux empêcher ma tête de se redresser vers celui qui est devenu indirectement mon frère.

« Ah. Je vois que j'ai touché un point sensible. »

« Qu'est-ce que tu veux Tan ? »

« Moi ? Mais seulement la même chose que toi. Je veux mes parents. »

« Tu as forcé cette situation et maintenant tu joues la victime. Le premier signe des lâches. »

« Comment tu m'as appelé ? »

« Lâche. »

Sa mâchoire se crispe mais un sourire finit par apparaître sur son visage.

« Je suis peut-être lâche à ma manière mais alors que dire de ton papa et de ta maman ? »

« Laisse-les tranquille ! »

« Je crois savoir qu'ils t'ont jetée dehors il y a quelques jours non ? »

« Toujours mieux que tes parents qui ne te regardent même pas. »

« Peut-être mais je n'ai rien attendu d'eux. »

« Ce n'est pas ce que tu as pu dire au tribunal. Lâche avec une mémoire de poisson rouge ? »

« Contrairement à toi, je n'ai grandi dans l'ignorance. Tes parents n'ont rien fait pour te garder. Sais-tu pourquoi tu es ici ? C'est parce que tes supers parents n'ont pas payé lors du procès pour te garder. » dit Tan en m'empoignant par le col de mon sweat.

« C'est faux ! Tu mens connard ! »

« Réfléchis. S'ils avaient payé le prix qu'il fallait tu serais avec eux en ce moment-même. »

« Tu mens ! Ils ont payé ! J'en suis sûre ! »

« Alors pourquoi es-tu dans ma famille ? Ils ont dit à la cour qu'ils t'aimaient mais tu es chez moi. Pourquoi es-tu ici ? »

« Je ne sais pas. Mais je suis sûre qu'ils ont tout essayé pour me garder. Il doit y avoir une explication ! Ce ne peut pas être possible qu'ils m'aient laissée sans rien faire !

« Regarde ce que tu es devenue. »

« Tu n'étais pas dans la salle lors des négociations ! Tu ne peux pas savoir ! Je ne te crois pas ! »

« Mes parents m'ont tout dit. Tes parents n'ont rien fait. Ils ont refusé de payer pour toi contrairement aux miens qui ont sacrifié les trois quarts de leur fortune pour te récupérer. »

« C'est faux ! Ils ont essayé ! Tu es bien le fils de tes parents, un connard tout comme eux ! »

Je saisis le premier objet qui me tombe sous la main et le jette avec force au visage de mon frère légal. Mon presse-papier s'écrase lourdement son front mais l'alcool imbibe tellement ses veines qu'il ne semble même pas se rendre compte du coup.

« Il n'y a que la vérité qui blesse ma chère sœur. » dit-il en riant avant de sortir de ma chambre.

Je ne réponds pas. Je ne peux pas répondre à cela. Juste avant de passer la porte, il s'arrête et se retourne vers moi.

« C'est bien dommage que tu ne me croies pas car je suis le seul à toujours t'avoir dit la vérité n'est-ce pas ? J'ai été le seul à t'avouer toute la vérité sur ton passé et ton origine. »

« Dégage ! »

Je crie et le pousse dans le couloir avant de fermer ma porte à clé. Je l'entends continuer de rire tout en buvant. Lorsque ce son ignoble s'arrête, je me jette sur mon lit. La tête dans mon oreiller, je libère toutes mes émotions et fonds en larmes.

Il dit la vérité. Il est le seul. Tan a été le seul véritablement honnête avec moi depuis le début. Certes, il a manipulé notre première rencontre mais il ne m'a jamais menti ensuite. J'ai su tout de lui. Même pas de maman et papa.

La seule raison pour laquelle ils refuseraient de payer pour moi serait qu'ils considèrent qu'ils n'ont pas acheté leur propre fille. Mais ce qu'affirme Tan, aussi horrible soit cette idée, expliquerait pourquoi ils m'ont rejetée quand je suis allée les voir après les résultats.

J'avais confiance en papa et maman jusque-là. Je les ai vus se battre pour moi et me protéger en me cachant une vérité que j'aurais dû savoir avant tout le monde. Mais maintenant je ne suis plus sûre de rien.

Cela fait plusieurs jours que Tan m'avance des arguments que je ne peux pas réfuter mais que je ne peux pas confirmer non plus. De plus, ses affirmations donnent du sens au comportement de papa et maman et cela me rend à la fois triste et en colère. Je saisis mon téléphone sur le bord de mon lit et compose le numéro si connu de la maison Je veux savoir s'ils ont payé ou non et ne pas rester dans le doute. Je tombe sur la messagerie du lieu de travail de papa qui est liée à la nôtre. Je raccroche puis tape sur le contact de papa. Une nouvelle fois, je n'atteins que la messagerie. De même pour maman. Ils ont sûrement vu que j'appelais alors ils n'ont pas voulu décrocher.

Est-il possible ? Papa et maman ont-ils vraiment voulu se débarrasser de moi ?

Le contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant