Chapitre 5

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Lorsque je rentre à la maison ce soir-là, mes parents ont l'air abattus. Ils n'ont pas remarqué ma présence mais je peux apercevoir la flamme du désespoir se consumer dans leurs yeux.

« Ces gens-là n'ont aucun scrupule. » dit maman entre deux sanglots tandis que papa fait les cent pas dans le salon.

« C'est notre fille, elle est à nous ! » grogne rhétoriquement papa.

« Devons-nous la mettre au courant ? Elle n'est pas stupide et elle finira par l'apprendre... » demande maman la voix cassée.

« Je ne sais pas. Je ne sais plus quoi faire. Mais je sais que nous devons la protéger. »

« Et tu ne penses pas que si nous lui disons ce qu'il se passe et toute l'histoire, elle pourra mieux se protéger ? »

« Tu veux vraiment lui dire l'origine de ce papier ? » lance papa avec un regard de fureur mêlée à de la peur.

« Je n'y tiens pas mais je ne pense pas que c'est lui rendre service de la laisser dans l'ignorance et le doute. Elle finira par l'apprendre, par nous ou par eux... Ou pire. Au moins, elle sera un peu préparée sans que ces nouvelles ne lui tombent dessus... »

« Mais... Ces nouvelles comme tu dis, nous sont tombées dessus d'un coup. »

« Pas tout à fait... Nous avons toujours su les risques que nous prenions. Nous espérions simplement qu'aucune de nos craintes ne se réalisent... Mais nous le savions. Ce qui n'est pas le cas d'Automne et je ne veux qu'elle l'apprenne par quelqu'un d'autre. »

« J'aurais voulu qu'elle ne l'apprenne jamais. » murmure papa.

« Je sais moi non plus... »

Papa et maman continue leur désaccord sur le fait de m'avouer la vérité pendant un long moment. Je pince du nez en essayant de rassembler les morceaux de ce puzzle compliqué dans ma tête. Un silence tombe sur le salon et je peux pratiquement entendre les pensées de mes parents. La frustration de ne pas savoir de quoi il s'agit s'accentue un peu plus chaque jour et me vole de précieuses heures de sommeil.

Au lycée, rien ne va plus pour moi. Privée de nuits calmes et reposantes, mon humeur fait vivre un cauchemar à tous ceux qui m'entourent. Dans ma classe, je ne parle plus qu'à quelques personnes. En dehors, seules Léa et Camille sont restées entièrement loyales. Mais comment pourrais-je en vouloir aux autres de mettre de la distance ? Comment pourrais-je être calme lorsqu'une tempête a remplacé mon esprit et que je me retrouve au milieu d'une histoire dont j'ignore toute l'ampleur ?

Les enseignants principaux s'inquiètent mais sans plus. Mes notes baissent mais restent stabilisées autour de quatorze de moyenne. Seule ma professeure préférée semble lire entre les lignes, mêmes celles dont je ne parle pas.

Pour l'instant, le seul souci dont je m'inquiète réellement sont les retombées de toute cette histoire. A cause de son travail et de sa position, il n'a pas fallu longtemps pour que toute la ville soit au courant que quelque chose d'important se prépare au cœur de ma famille. De plus, les enfants de la plupart des personnes sous l'autorité de papa sont au lycée avec moi, certains sont mêmes dans ma classe. Les commérages vont bon train et les langues de vipère se déchaînent. Je suis devenue malgré moi la proie facile de ceux qui se veulent grands justiciers et qui ont décidé que de venger leurs parents du management de papa au travail. Ces « gros cons » comme les appelle papa, je les connais depuis le collège et ils m'ont toujours détestée pour quelque chose que je ne maîtrise pas.

La situation est déjà difficile à gérer mais maintenant tout le monde y va de son avis alors que je ne leur ai jamais demandé et que j'ignore toujours la nature de ce papier. Papa et maman se disputent toujours à propos de me parler ou non. Camille essaie de faire barrage contre toutes les méchancetés que je reçois en pleine figure et Léa tente de me rassurer en vain car je sais qu'elle a aussi peur que moi.

Le contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant