Mes oncles et tantes m'ont aidée à déménager à Lille. J'ai pu effectuer ma rentrée à l'école sans souci. Pendant l'été, j'ai cherché une piste pour retrouver mes parents en vain. Madame et Monsieur se font discrets afin de n'éveiller aucun soupçon de ma part. Maintenant que je suis majeure et plus ou moins indépendante, le mépris gardé caché ces dernières années ressort et je ne peux le cacher devant ma famille légale.
Les frères et sœurs de papa et maman ont commencé à réellement me soutenir mais je ne fais confiance qu'en mes amis, présents depuis le début. Je définis mes priorités : d'abord je retrouve mes parents ensuite je m'occupe de mon frère et de sa famille. Mes tantes ont pris peur face à ma détermination à me venger. Elles comprennent que je veuille retrouver mes parents mais ne savent jusqu'où j'irai pour soulager ma douleur. Elles ne se doutent pas non plus que je compte également faire regretter à ma mère biologique ce qu'elle m'a fait et toutes les paroles qu'elle a osé prononcé devant moi au procès alors que j'étais totalement vulnérable.
Rien ne me fera reculer pour rendre l'honneur perdu à ma famille, la vraie, celle que j'ai toujours connue et que je n'aurais jamais dû quitter ! Au début de toute cette histoire, ma réaction a été instinctive mais en fin de compte c'est une vendetta.
Gatien et Erin tiennent les jurés et l'avocat. Maintenant, je dois faire ma part et refermer l'étau sur Tan et Madame. Je ferai tomber Monsieur dans le même temps même si je suis convaincue qu'il n'est pas aussi acteur dans cette histoire que son épouse. Je ferai un lot trois pour le prix de deux et je ne m'arrêterai pas avant de voir mon frère et sa mère derrière les barreaux.
Pour le moment, Tan et moi nous nous rendons coup sur coup. Chaque fois que l'un de nous attaque, l'autre riposte encore plus violemment. Parfois l'humiliation se fait mentalement parfois physiquement. C'est la raison pour laquelle nos corps ne sont plus que deux ecchymoses géants alors que nos visages restent sans égratignure. Gatien et Erin sont venus plusieurs fois à mon secours puisqu'ils sont à Paris mais ils ont rapidement compris que seules mes retrouvailles avec mes parents pourraient mettre à un terme à toute cette violence.
Je repense au chemin parcouru depuis le lycée. Je suis assise dans le grand amphithéâtre de l'école avec les autres étudiants de ma promotion. Mon nouveau groupe d'amis et moi-même sommes en train de choisir les premiers vœux de spécialité pour l'année prochaine. Le tronc commun de matières me rend plus ou moins folle. Je maîtrise certaines d'entre elles et d'autres pas du tout. Les emplois du temps changent toutes les semaines et sont affichés à l'avance sur le babillard respectifs des niveaux. Les cours ont une durée d'une heure trente avec trois séances le matin et deux l'après-midi avant les ateliers du soir, généralement les options et les langues vivantes. Le jeudi après-midi est laissé libre aux activités et manifestations sportives. Mon école peut se vanter d'avoir l'un des plus gros bureaux des sports de France et la majorité y sont présents. Grâce à cela, j'ai pu recommencer l'équitation et l'escrime mais aussi découvrir le squash. Tout aurait pu être parfait... Tout aurait dû l'être... La vie en a décidé autrement mais je compte bien reprendre mon destin en main.
Je discute sur les spécialités de quatrième année avec mes deux voisines, lorsque je sens mon téléphone vibrer. Le vibreur est rapide et saccadé donc il s'agit d'Erin. Je ne peux pas répondre sans me faire attraper par l'intervenant alors je le laisse vibrer comme un fou dans ma poche.
« Tu comptes décrocher un jour ? » rit ma voisine.
« Plus fort je crois qu'à Paris ils ne t'ont pas entendu. » dit doucement son voisin pour couvrir le bruit du vibreur.
Je glisse ma main dans ma poche pour essayer de réduire la force du vibreur et heureusement pour moi j'y parviens avant de me faire remarquer. Je sens ma cuisse continuer de bourdonner quand même. Au bout de la troisième série, je me dis que ce doit être important alors je tente le tout pour le tout et regarde l'écran le plus discrètement possible. Je n'aurais pas dû... Le message qui apparaît manque de me faire hurler et je dois me mordre la main jusqu'au sang pour m'en empêcher. Les minutes jusqu'à l'intercours me paraissent interminables. Lorsque l'intervenant nous laisse enfin partir, je suis saute hors de la salle et appelle Erin.
« Allez décroche bordel ! Tu le fais exprès ou quoi ? »
« Oui oui, j'ai décroché ! Et je t'entends très bien, ce n'est pas la peine de hurler. » répond mon amie entre le rire et l'angoisse.
« Alors ? C'est vrai ? Dis-moi ! Je veux savoir ! »
« Hé doucement l'ourson ! » me dit-elle en essayant de calmer mes nerfs sans vraiment y parvenir.
« Je ne suis pas un ourson ! »
« Automne... Les nouveaux étudiants de ton école sont appelés les oursons et tu as plus d'ours en peluche que tous les enfants de ma famille et des amis de la famille réunis... Donc si, tu es un ourson. »
« Je ne suis pas un ourson ! Je suis un nounours ! »
« D'accord, d'accord, un nounours. »
« Un nounours pas content du tout car tu ne veux me répondre alors que tu as fait vibrer mon téléphone pendant vingt minutes ! »
« Oh un nounours pas content ! »
« Laisse mes bébés ours en peluche tranquille et dis-moi ! »
« Et bien... »
« Allez ! Allez ! Ne me laisse pas comme ça après un message pareil ! »
« Automne... Nous avons réussi... »
« Ou ? Quand ? Quoi ? Comment ? »
« Ce ne sont pas les bonnes conjonctions ! »
« ERIN ! » dis-je en dévalant les escaliers vers la salle de mon prochain cours.
« Automne, nous savons où sont tes parents. »
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Le contrat
Short StoryExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...