Fin Juin 2012. Les épreuves anticipées des classes de premières se terminent. Je fixe le tic-tac de l'horloge devant moi. Dans quelques secondes, mon épreuve favorite va débuter. Le sujet officiel est devant moi face caché.
Mon stylo vert préféré roule entre mes doigts d'impatience de rouler sur la feuille de brouillon jaune. Je sens comme un élan de libération lorsque le surveillant nous autorise à retourner le sujet. Je souris en découvrant le sujet d'Histoire : « les mutations économiques » ou « la Guerre d'Algérie ».
« Merci papa. » me dis-je en sentant les larmes me monter aux yeux.
Je commence mon brouillon pour la dissertation.
Les surveillants me regardent curieusement. Je suppose que je dois être la seule à écrire un brouillon avec un stylo vert. Je pose les yeux sur mon stylo spécial brouillon. J'ai toujours pensé que c'était injuste pour le stylo vert qu'il ne soit utilisé seulement pour tracer des lignes ou apposer un bon point quand le rouge est la couleur des professeurs et des points importants et le noir celle des schémas. Le bleu reste privilégiée, partout et tout le temps. Alors, un jour j'ai décidé que dorénavant j'écrirai mes brouillons en vert. C'est mon petit toc pendant les examens. Je poursuis la construction de mon argumentaire. Je sais que papa a déjà ouvert son ordinateur au travail pour chercher le sujet que je suis en train de traiter. Je n'ai travaillé que ces deux chapitres dans mes révisions alors le plan et les arguments viennent de façon automatique. Le brouillon terminé, j'entame la rédaction sur la copie officielle. Les dates sont précises, les mots de liaisons s'inscrivent sur le papier et les explications s'écrivent noir sur blanc.
Je finis la conclusion et prend un moment pour me relire. Je grimace en corrigeant les quelques fautes de syntaxe et replace la ponctuation au bon endroit. Je peux pratiquement entendre la voix de papa rire dans mon dos : « tu as toujours été fâchée avec les virgules. »
« Papa... »
Du coin de l'œil, je vois Tan s'acharner sur son brouillon... Il n'a visiblement pas anticipé le sujet. Je soupire et me concentre sur l'exercice d'explication de texte. Mon grognement s'échappe discrètement de ma gorge.
« La seconde guerre mondiale et l'extermination nazie ? Ils n'ont rien trouvé de plus original et difficile ? »
Une nouvelle fois, mon stylo vert glisse sur la feuille jaune de brouillon et prépare les grandes lignes du texte officiel. Ensuite, c'est au tour de la plume de mon stylo de prendre le relais, cette fois-ci sur la copie blanche à petits carreaux. Il ne me reste plus qu'une seule étape avant de finir l'examen. L'exercice de géographie... J'anticipe une grimace car il n'est définitivement pas mon favori et la lecture de la consigne ne me réconcilie pas avec lui. Je sors mes stylos rouge et noir pour représenter « l'organisation des réseaux de transports en France métropolitaine et de leurs connexions avec l'Europe et le monde ». J'invente les trois-quarts de mon croquis mais laisse papa guider ma main sur la carte. J'espère avoir limité la casse. L'épreuve se termine et je sors rapidement après avoir rendu ma copie au surveillant.
Au lieu de rester profiter du soleil comme la majorité des premières et des terminales, je cours à la maison de Monsieur et Madame pour préparer l'épreuve orale de français. Le thème de mon année est la poésie, ce que je préfère dans le programme. L'écrit s'est relativement bien passé mais je passe les prochains jours à réviser les fiches de mes textes que j'ai dû apprendre à la dernière minute après avoir changé de lycée. Je veux gagner le plus de points d'avance pour l'année prochaine. Le jour de l'épreuve, je tire au sort un poème d'Alfred de Musset. Lors de la préparation, je réponds à la question puis écris les parties de l'explication de texte.
Mon tour pour l'oral arrive. Je présente ma réponse à la question de cours puis mes arguments. Les réponses à mes questions semblent satisfaire l'examinatrice devant moi et je ressors donc satisfaite. Le soir à table, Monsieur et Madame interrogent Tan et moi sur l'ensemble des épreuves. Nos réponses sont radicalement différentes. Tan s'en prend aux professeurs pour leurs sujets pitoyables alors que personnellement je suis anxieuse mais plutôt satisfaite.
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Le contrat
Short StoryExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...