Chapitre 38

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Le président fait son apparition et ouvre le procès. J'ai besoin de toute ma détermination pour garder mon stress et mes doutes à l'intérieur de mon cœur. En dehors de mon clan, personne ne sait réellement pourquoi il est ici. Même mes parents sont perdus et se laissent porter par les événements. La présence de leurs frères et sœurs ne fait qu'augmenter leur confusion.

Ma tante aînée s'avance pour s'exprimer à ma place et en mon nom sans me citer. Puis le président laisse la parole à mon avocate qui se charge alors d'informer les présents.

« Vous êtes ici pour être comparaître. Ceci devra se faire sous l'égide de la justice de notre République et de Marianne. Ma cliente a été outragée par vos actes et vos accusations et demande réparation. » Elle se tourne ensuite vers les anciens jurés. « Avant de vous déclarer innocents, je démontrerai ici devant la cour votre corruption dans le déroulement du procès qui a brisé la famille de ma cliente. »

Maître Siopi termine ses chefs d'accusations en s'adressant aux inconnus : « Quant à vous. Votre présence est due à la plainte déposée par ma cliente à votre encontre pour diffamation envers ces deux personnes. » dit-elle en désignant papa et maman.

Les visages tombent les uns après les autres. Au fur et à mesure que les expressions se fadent, celles de mes parents reprennent un peu de vie.

Le procès commence enfin. Maîtres Dolios et Nguyen entament leur défense en appelant à la barre leurs meilleures cartes. Madame, Monsieur, Tan puis mes parents biologiques se succèdent à la barre. Sans grande surprise, Madame et Monsieur jouent les innocents et mon frère se fait passer pour la victime de l'affaire. Je ne nie pas le fait qu'il a été dupé par son propre père mais cela ne peut expliquer son comportement à mon égard. Aucune allusion n'est faite au lieu où ont été enfermés mes parents durant ces dernières années ni au fait que Tan et Madame l'aient toujours su. Ma famille et mes amis se retiennent les uns les autres.

« Patience. » dis-je doucement.

« Nous t'entendons, je te rappelle. » répond Gatien énervé dans mon oreillette.

J'ai l'impression d'être dans une série policière que je regarde à la télévision mais ce n'est pas le cas.

« Ne faisons pas tout rater à cause d'un coup de sang dès le début. »

Gatien soupire de frustration mais touche discrètement les épaules ou les bras de mes oncles et de mes amies. La raison doit l'emporter dans ce genre de moment. Nous ne pouvons pas nous permettre la moindre erreur dans un plan calculé au millimètre près. Nous devons faire confiance à notre défense et nous rappeler que tout ce qui est passé sous silence lors des témoignages se retournera contre eux à un moment ou à un autre.

Concernant ma mère et mon père biologiques, ils se montrent fidèles à eux-mêmes et répètent sans scrupule ni vergogne les mêmes paroles que j'ai entendu sous la maison. Toutefois, les différentes expressions des jurés est nettement visible d'où je suis grâce à une vue plongeante et panoramique sur la salle. Les nouveaux jurés se montrent choqués et agacés par les dires de ma mère biologique tandis que les anciens lui expriment davantage leur accord ou leur soutien. Maître Dolios appelle à témoigner quelques personnes du camp.

« Ces personnes sont des monstres ! Ils ont volé un enfant à sa mère et maintenant ils recommencent ! »

« Personne ne devrait avoir à vivre le vol de son enfant ! »

« Ce que vous avez fait s'appelle un crime ! Vous devez être traités et jugés comme les criminels que vous êtes ! »

Le bras gauche de maman est enroulé autour du bras droit de papa et sa tête est posée sur son épaule. Ses yeux sont fermés comme pour tenter de se réveiller de ce nouveau cauchemar pour elle. Pourtant de là où je suis, je peux voir que la présence de Léa semble la rassurer.

Quand les inconnus du camp sont tous passés à la barre, Maître Dolios sourit satisfait en regardant les jurés avec une attitude victorieuse. Il n'a pas eu besoin de jouer la comédie puisque ces ignorants ont apporté les preuves dont il a besoin. Un grognement sourd sort de ma gorge en entendant les accusations de ces personnes qui ne connaissent rien à ma vie.

« Je vais leur faire manger le sol ! »

Cette fois, c'est Erin qui doit intervenir par le biais de sa propre oreillette pour m'éviter de briser la glace devant moi et de sauter au milieu du procès. Léa jette un coup d'œil par-dessus son épaule en ma direction puis vers mes parents comprenant de moins en moins la situation.

La première journée se termine. Même si je n'ai pas participé directement, je me sens vidée. J'attends que tout le monde sorte du tribunal pour les suivre et retrouver Gatien et Erin. Léa et Camille restent avec mes parents et le reste de ma famille.

Dans ma chambre d'hôtel, je fais le point avec mes amis et mon avocat pendant que nous dînons. Maître Siopi n'a prononcé aucun mot aujourd'hui en dehors des chefs d'accusation. Elle nous fait part de ses observations sur les jurés et sur les méthodes douteuses des avocats adverses. Nous rassemblons les preuves en notre faveur tandis que je tiens le dossier le plus important du procès, voire de ma vie. Il s'agit de la retranscription papier de l'enregistrement audio contenant les aveux de Tan et de Madame. Nous finissons de dîner avant que mon avocate parte. Gatien, Erin et moi nous nous couchons peu de temps après, complètement épuisés.

Deuxième jour.

La même scène que la veille se répète jusqu'à l'arrivée du président. D'autres témoins sont appelés à la barre. D'abord les anciens jurés qui tous assurent leur totale impartialité dans la sentence prononcée. La répétition du mot « innocent » à l'accusation de corruption fait exploser de colère Léa et Camille.

Je n'ai jamais vu mes deux meilleures amies dans cet état.

« Nous étions là ! Nous savons ce que vous avez fait ! »

« Les monstres ce sont vous ! »

Elles ne peuvent en dire davantage car elles sont reprises par Maître Siopi avant même que le président de la cour ne puisse réagir.

« C'est ce qui s'appelle garder son calme. » se moque gentiment Erin dans l'oreille de Gatien pour que j'entende également.

« Elles étaient là il y a cinq ans. Je ne peux pas leur en vouloir. » dis-je tristement en regardant mes amies se rassoir, la colère émanant toujours d'elles.

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