Nous prenons une pause dans le procès. Je pense et repense au déroulement. Avec réflexion, plus j'essaie de défendre mes parents plus je valide la théorie des adversaires, affirmant que papa et maman m'ont mal élevée. Mais sur le moment, mon instinct est le seul à parler et ne laisse aucune place à ma raison.
Je termine mon sandwich puis nous retournons à nos places. Le président se lève et annonce :
« Nous avons eu connaissance de nouveaux faits dans cette affaire. Maître Dolios, veuillez en informer la cour. »
Après un sourire aux jurés et à ses clients, l'avocat s'avance puis se tourne vers nous.
« Je souhaiterais faire témoigner à la barre deux personnes. Ces personnes sont une part importante à mon sens. »
« Faites-les entrer. » ordonne le président.
Les gardiens derrière nous ouvrent alors les lourdes portes et mes yeux s'agrandissent autant que ceux de papa et maman. Un troisième homme en robe les suit.
« Poursuivez-vous Maître Dolios. »
« Messieurs, mesdames les jurés. Chers clients, chers collègues et toutes autres personnes dans la salle. Je vous présente Monsieur et Madame Tran. Les parents biologiques d'Automne ici présente. Je vous présente également Maître Nguyen, leur avocat. »
Je manque de m'écrouler lorsque mon cerveau saisit le sens de ses paroles. Mes parents sont blancs comme jamais. J'étudie chaque trait de mes parents biologiques, ces géniteurs mal venus. Je leur ressemble en tout point physiquement.
« Un Nguyen défendant des Tran ? Je nage en plein cauchemar... » dis-je pour moi-même.
« Je laisse la parole à Maître Nguyen. » dit Maître Dolios.
Maître Nguyen s'avance et commence à questionner ses clients.
« Merci cher collègue. Monsieur et Madame Tran, parlez-nous votre fille. »
« Elle n'est pas ma fille. Je l'ai abandonnée il y a des années. Aujourd'hui, si je suis ici, c'est à cause du sang que je lui ai donné mais elle n'est rien d'autre pour moi qu'un accident et un problème encombrant. »
Mon souffle se bloque dans ma gorge. Je cherche l'oxygène comme je peux tandis que les questions se poursuivent.
« Vous n'avez donc pas connu, ni même jamais rencontrer les clients de Maître Sarageon ou de Maître Dolios ? »
« Comme ma femme l'a dit. Nous ne connaissons pas ces personnes. Il y a des années, j'ai demandé à ma femme de laisser ce bébé qui pleurnichait dès qu'il est né, à qui le voudrait bien en échange de quelques dongs. »
Je reste clouée sur place tandis que papa utilise toute la volonté du monde pour empêcher maman de sauter à la gorge de mes parents biologiques.
Maître Nguyen finit ses propres interrogations avant que notre avocat ne prenne la suite :
« Avez-vous signé le contrat d'adoption ? »
« Contrat ? Quel contrat ? » demande mon père biologique en tournant la tête vers son épouse.
« Bien sûr que j'ai signé un contrat. C'était la seule solution que j'avais. »
« Aviez-vous connaissance des détails ? »
« Absolument pas. Tout ce qui m'importait, c'était de me débarrasser de ce problème et récupérer ma vie normale. J'aurais signé n'importe quoi pour n'importe qui tant que ça me débarrassait de cette... enfant. » dit-elle en se rattrapant in extremis de dire un mot beaucoup plus cruel.
VOUS LISEZ
Le contrat
Short StoryExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...