Le pick-up s'arrête devant la maison de Monsieur et Madame. Je saute de la remorque avant que le moteur ne soit éteint et me cache dessous le temps que Tan et ses amis entrent dans le salon.
Je sais que Madame a fait installer des caméras un peu partout sur la propriété mais grâce à mes mois de fugue je parviens à me faufiler dans la cave. Dans ce lieu sombre et hostile, je retire silencieusement la plaque de métal et les quelques pierres avant de me glisser dans le trou juste assez grand pour moi. Je rampe rapidement jusque sous la maison.
Je distingue les voix de Tan, de Madame et de Monsieur. Je les laisse me guider vers elles puis une fois en-dessous du salon, je sors mon téléphone et branche le microphone.
« Messieurs, sortez. Je dois parler à mon fils. » hurle Monsieur.
« Qu'est-ce que j'ai fait encore ? »
« Petite merde ! Tu t'es senti puissant en allant voir ses parents ? »
« Ce sont vous ses parents ! »
Le bruit d'une claque se fait entendre.
« Es-tu conscient de ce que tu as fait ? Tu as pratiquement réduit à néant tout ce que ta mère et moi avons construit ? »
« Je n'ai fait que leur donner un vieux journal. » dit Tan sur un ton nonchalant.
« Tu as fait bien pire que ça ! Petit con ! »
« Je ne vois pas en quoi. »
« Tu leur as redonné un peu d'espoir ! »
« Quel espoir ? »
« Mais pourquoi ai-je un fils aussi con ! » s'époumone Madame. « Ils se tuaient à petit feu entre eux mais toi, dans toute ta connerie, tu leur as redonné quelque chose de commun à laquelle se raccrocher ! Et comme si cela ne suffisait pas, cette chose est leur fille ! »
« Je ne vois toujours pas en quoi ça te concerne. Ce n'est pas toi qui les a fait arrêter, si ? »
« Non c'est nous. » disent simultanément deux voix.
Il me faut quelques minutes mais la voix si cruelle de ma mère biologique ne tarde pas à se faire reconnaître.
« Ah c'est donc à vous qu'ils donnent de l'argent tous les mois pour ne pas finir en prison. » dit Tan.
« Exactement. Ces deux cons nous ont donné un beau paquet d'argent depuis tout ce temps. Tout ça parce qu'ils ont encore l'espoir de revoir leur fille un jour. » ricane ma mère biologique.
Sous la maison, je manque de m'étouffer à ce que je viens d'entendre mais je me retiens de faire le moindre bruit pour éviter de me faire repérer et de pourrir la bande son.
« Ils ne sont pas prêts de sortir. » ajoute mon géniteur.
« Je suis fier de vous ! » dit une autre voix en arrivant dans le salon.
« Maître Dolios. Je vois que vous êtes toujours aussi ponctuel. » l'accueille Monsieur.
« Je le suis toujours avec les clients qui me paient le plus. »
« Je sais. Je vous ai grassement payé pour gagner ce procès. »
« Vous avez aussi payé le président et acheté tous les jurés. C'est vous qui les avez choisis je vous rappelle. »
J'ai l'impression que le sol est sur le point de m'engloutir face à toutes ses révélations.
« J'ai mis toutes mes chances de mon côté. »
« Ils n'avaient aucune chance. » dit Tan.
« Exactement. Mais ne crois pas que je l'ai fait pour elle. »
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Le contrat
KurzgeschichtenExiste-t-il un sentiment plus fort que l'amour ? Une attache plus puissante que la famille au sein de laquelle vous avez grandi ? Lorsque trois ne forment qu'un, comment s'imaginer que ce lien puisse être rompu ? Automne, jeune adolescente rêveuse e...