Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMON

XIV. Angoisse maladive.

« Alors, qu'est-ce-qu'elle a ? »

L'agacement profond se sentait dans le ton que Levi avait employé pour s'adresser à la petite rousse. Jeanne, au chevet de Naho, semblait prendre sa température en s'aidant de sa propre chaleur corporelle. Le brun était exaspéré par tout depuis quelques jours, et la non-réponse de l'infirmière ne faisait qu'attiser un peu plus son énervement, qu'il contenait tant bien que mal. Il l'observait examiner le corps de son amante qui, recouverte de leurs draps et d'un édredon supplémentaire, paraissait à la fois morte de chaud et tremblante de froid. Réveillée, mais à-demi consciente seulement, Naho n'entendait pas, ou plutôt, ne comprenait pas le sens de la conversation qui était en train de se tenir en sa présence. Les mots résonnaient bien trop fort pour qu'elle s'y attache. Une enclume lui tombait sur la tête à une fréquence répétée, si bien qu'elle n'aspirait qu'à une seule chose : qu'on la laisse s'éteindre en paix, et surtout qu'on ne la ranime pas.

« De la fièvre, Caporal. »

« Comment ça ? Juste de la fièvre ? Et elle est dans cet état ? » s'indigna Levi, qui ne parvenait pas à comprendre le lien pourtant évident entre sa brune et le mal qui l'attaquait de parts en parts.

Jeanne se saisit du linge humide qu'elle avait apporté, l'essorant dans la bassine d'eau qui trônait sur la petite table de nuit. Ses mains effleurèrent le front de la jeune femme, passant le linge contre sa peau pour apaiser la chaleur qui la consumait.

« Soyez content que ce ne soit qu'une fièvre, justement. Tout le monde n'est pas aussi résistant que vous, et d'autres sont morts pour moins que ça. » fit remarquer la petite rousse en quittant son poste d'observation, « Je m'en vais lui préparer une infusion-remède. Vous voulez bien rester près d'elle en attendant ? »

Elle n'en attendit pas plus pour quitter les lieux, sachant pertinemment que son supérieur avait parfaitement saisi le caractère obligatoire de sa demande. La porte refermée derrière elle, Levi s'était approché à son tour de sa belle, aux côtés de laquelle il n'avait eu de cesse de veiller pour la nuit entière. Ces-derniers jours avaient été particulièrement stressants, pour lui comme pour elle. En effet, le jour de leur départ approchait à grands pas, et tous deux commençaient à saisir ce que les choix qu'ils avaient faits impliquaient réellement. Dans trois jours exactement, ils quitteraient définitivement le quartier général du Bataillon d'exploration, comme Levi l'avait annoncé à Erwin il y a bientôt un mois. Bientôt ils abandonneraient leurs existences passées pour en créer une qui entrerait en résonance avec leurs deux âmes à la fois. Une sorte de collaboration. Même s'il n'en n'avait rien dit, il avait senti Naho plus tendue depuis le début de la semaine. Elle appréhendait probablement ce nouveau départ, autant qu'il en était excessivement terrifié.

Et la vérité était là, sous les yeux du brun. Naho angoissait pour ce futur, au point de s'en rendre malade, au point où son corps, pour combattre l'appréhension, avait déclenché sa procédure d'urgence, la clouant au fond de son lit. La brunette veillait tard depuis des semaines, se sentant redevable envers Levi, et envers les concessions qu'il avait faites. Elle vivait à son rythme depuis le mariage de Sara, rythme qui l'épuisait plus que de raison. Pourtant elle ne flanchait pas. Même si elle finissait par sombrer dans les méandres du sommeil, calée dans l'immense fauteuil qu'il n'imaginait plus sans elle blottie entre les accoudoirs, elle restait à ses côtés. Elle l'accompagnait. Tous deux n'avaient jamais vraiment reparlé de la manière avec laquelle Levi avait fait part à Erwin de leur souhait de s'installer en ville. Le Caporal-chef n'avait pas voulu s'étaler sur un sujet qu'il n'était lui-même pas certain de maîtriser. Un coup de tête, certainement. Il avait pris cette décision pour faire plaisir à Naho. Parce qu'il l'aimait, plus que ce que sa raison lui laissait entendre. Parce qu'il l'aimait au point de renoncer à sa vie entière pour débuter la leur.