XXII. Lyn.

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« Il faut que je te parle de Lyn

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« Il faut que je te parle de Lyn. »



« Tu ne penses pas avoir d'autres choses à me dire avant ? »

Naho était certainement en train d'halluciner. Son père mourant l'avait fait se déplacer jusqu'à sa chambre à Sina, alors même qu'ils ne s'étaient pas vus depuis plus de dix ans, et la seule chose qu'il trouvait à lui dire était de lui parler de Lyn ? Personnage qui lui était complètement inconnu, qui plus était ?

« Quel genre de choses ? » demanda-t-il, presque innocemment.

Cette question fut celle de trop pour la brune. Les émotions étaient décuplées en elle, et semblaient l'être d'autant plus depuis qu'elle avait posé les pieds sur le carrelage du hall d'entrée. Elle peinait à les maîtriser, et cela se ressentait dans sa voix qui tremblait, et ses doigts, crispés au bout de ses bras. Son énervement commençait à bouillonner sous le feu de sa conscience.

« Je ne sais pas, ce que je fais là peut-être ? Ce que tu me veux, comment tu as su où j'habitais ? Tu me fais suivre, même après quinze ans ? Ne me dis pas que tu as oublié ce qu'il s'est passé ? »

Le regard de l'homme en face d'elle s'assombrit, un voile de tristesse recouvrant ses yeux, la déception prenant place sur son visage. Naho voulait qu'il parle, et qu'il se taise en même temps. Elle voulait l'entendre s'expliquer autant qu'elle rêvait de lui casser le nez. Elle avait tant souffert par sa faute - par leur faute. Face à son père, elle s'attendait à tout, même au plus impensable - mais certainement pas à ce qu'il s'apprêtait à libérer de sa bouche.

« Nahori...S'il y a bien une chose que je regrette dans cette vie, c'est de n'avoir pas su tenir tête à ta mère pendant tout ce temps. »

Naho écarquilla les yeux aussi grand qu'elle le pouvait, mesurant au fur et à mesure l'impact des mots de son père sur sa conscience, sur son âme, et son cœur, qui ne savait plus trop où il en était, ni s'il existait une place pour lui quelque part.

« Tu...Tu ne crois pas que c'est un peu facile ? » bredouilla-t-elle, tout en luttant pour garder sa contenance, « Qu'est-ce-que tu cherches à faire ? Te dédouaner pour espérer mourir en paix ? »

« Je...- »

« Ça ne fonctionnera pas. » le coupa-t-elle, résolument énervée et incapable de contrôler cette émotion qui mûrissait et grandissait jusqu'à brûler au fond de sa gorge, « J'ai grandi seule. Me suis élevée seule. J'ai appris la vie seule, sans vous, parce que vous avez décidé de ne pas me garder dans la vôtre. J'ai vécu la misère, celle que tu n'as jamais connu, et maintenant que je vis en paix, tu penses que je vais te prendre dans mes bras et te pardonner ? Qu'est-ce-que tu attends au juste ? Des remerciements ? Tu ne mérites aucun pardon. Repentis-toi pour l'éternité, je ne te ferais pas ce cadeau de te laisser partir en paix.»

Son regard lançait des poignards. Tout ce qu'elle retenait depuis tant d'années était en train de sortir, elle évacuait chacune des larmes qui n'avaient pas pu couler, toutes celles qu'elle avait refoulées. Toute sa peine s'égosillait au creux de sa voix, si bien que même le plus insensible des hommes aurait été transcendé par sa tristesse. Dire que son père était resté impassible face à ce tableau désastreux aurait été un mensonge. Le Baron eut une pensée pour sa défunte femme, alors qu'il observait sa fille et ses traits tirés, déformés par un désespoir trop longtemps contenu.

Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant