Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMON

XXI. Démons du passé.

« Chère Anne-Lise,

Je vous avoue que votre couverture est troublante, et qu'elle me perturbe quelque peu dans ma manière de m'adresser à vous. Cependant, je comprends tout à fait les enjeux d'une telle démarche, et vous remercie de m'y faire participer. À ces remerciements s'ajoute toute ma gratitude, bien que j'estime que cette enquête ne soit pas foncièrement nécessaire et vous le savez. J'espère au moins qu'une fois cette affaire derrière nous, je pourrais définitivement tourner la page sur cette histoire. Je compte sur vous pour ne pas faire durer le suspense trop longtemps.

Concernant les membres de ma famille, j'ai pu réunir l'ensemble des informations qui me sont connues à ce jour. Malheureusement, j'espère que vous le comprendrez, elles restent assez limitées dans leur nombre. Je peux seulement vous attester de ce que j'ai vécu de manière directe, à savoir que mes parents, le Baron et la Baronne, étaient prêts à tout lorsqu'il s'agissait de récupérer de l'argent ou de le garder en sécurité. J'ai pour seuls souvenirs mon enfance, protégée par le mur Sina, au cours de laquelle je n'ai manqué de rien. Mon père travaillait énormément, du moins il était rarement présent, et ma mère passait son temps derrière moi pour me surveiller. Pardonnez-moi si mon récit est un peu décousu, je peine à me souvenir de ce qu'il s'est véritablement passé pendant les premières années de ma vie. Tout me paraît très loin, et surtout très fragmenté. Je n'ai que des bribes du quotidien qui me reviennent, jusqu'à ce fameux jour où ma mère a décidé de me renier en place publique. C'est aussi ce jour qui m'a condamnée à un procès, et tout ce qui s'en est suivi et que vous n'ignorez pas.

Sachez que ce jour-là, je ne sais pas exactement si je peux vous dire que je n'ai pas reconnu ma mère, ou si justement, sa véritable image s'est révélée. Je n'avais que dix ans, je ne sais pas s'il est préférable ou non de croire ce que j'ai vu avec mes yeux d'enfant. Mais croyez-moi, j'ai compris ce jour-là que cette femme n'était pas ma mère. Elle l'était par le sang, mais certainement pas par l'amour qu'elle me portait. J'ai compris également qu'elle était capable du pire, exactement comme elle avait réussi à m'offrir un amour mensonger depuis ma plus tendre enfance. D'où mes soupçons quant à sa disparition. J'insiste certainement plus que de raison, mais si vous menez une enquête, prenez soin de vérifier qu'elle est véritablement morte. Cette femme est une vipère, elle n'hésitera pas à vous mordre durant votre sommeil. Je préfère vous prévenir, elle trouvait toujours un malin plaisir à détruire ce que mes mains d'enfant façonnaient. Cela en était de même pour mes relations. Si elle devait se trouver encore en vie, elle n'hésiterait pas à s'en prendre à Levi, ou même à vous et le reste de vos soldats. Ce serait bien évidemment fâcheux pour tout le monde.

Si vous voulez mon avis sur mon père, je peux vous dire qu'il n'était pas un homme à qui il revenait de prendre les décisions importantes. À vrai dire, je pense que c'est ma mère qui se chargeait de diriger et de contrôler. Cela ne m'étonnerait d'ailleurs pas qu'elle ait forcé son mari à me renier avec elle. Même si mes parents sont tous deux pourris jusqu'à la moelle, mon père était sans doute le plus humain - ou le moins monstre, prenez cela comme bon vous semble - des deux. Voilà pourquoi j'ai du mal à me dire qu'il est celui qui se cache derrière le mandataire de la mission d'espionnage confiée à Arthur Roth. Je sais par ailleurs qu'il avait l'habitude d'aller chercher des jeunes dans les Bas-Fonds, pour les faire faire du travail ingrat et douteux en échange de quelques pièces. J'en voyais régulièrement faire des allers-retours dans notre demeure, jamais les mêmes. Cela m'amène donc à penser que ses pratiques - qui restaient toujours dans un cadre professionnel ou au moins politique - ont probablement inspiré ma mère dans sa quête de vérité.