Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMON

XXV. Chute.

Il avait envie de laisser tomber au sol le paquet qu'il tenait dans ses bras. Même ça, il n'avait plus la force de le faire. Levi demeurait stoïque, immobile, le regard rivé sur son amante, l'Amour de ses nuits et de sa vie entière, dans les bras d'un autre, contre la bouche d'un autre. Il ne connaissait pas cet homme, ne l'avait jamais vu. Et pourtant, la trahison était grande. Il avait l'impression que le frère qu'il n'avait jamais eu venait de le poignarder dans le dos. Le noiraud ne savait pas exactement à qui il en voulait le plus, à l'instant T. Il avait envie d'hurler, de se précipiter vers eux pour interrompre ce baiser défendu. Mais il ne pouvait pas, n'y arrivait pas. Parce que, quelque part, il pensait l'avoir mérité. Peut-être avait-il simplement du mal à s'avouer que son cœur venait de se briser en mille morceaux, et que la douleur était bien moins soutenable que tout ce qu'il avait pu s'imaginer auparavant.

Il observait Naho, sous toutes les coutures. Il détaillait le moindre mouvement de ses traits, ceux-là même qui étaient supposés lui révéler ce que sa brunette ressentait. Plus il la regardait, plus il se détestait, et il ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir à elle. Parce qu'il voyait. Il avait compris. La manière avec laquelle ses fines mains passaient dans la nuque du grand châtain, et s'y agrippaient. Sa façon de happer les lèvres de son vis-à-vis, son nez qui s'entrechoquait au sien. Le léger sourire qui déformait sa bouche au travers du baiser, et ses yeux clos. Elle aimait. Levi n'était pas certain de l'avoir déjà vu apprécier un baiser de sa part de la même manière. Ou peut-être n'était-il plus en capacité d'émettre un véritable jugement. Tous étaient faussés, parce que l'homme qui protégeait Naho n'était pas lui.

L'ancien Caporal cligna des yeux plusieurs fois, comme pour s'assurer qu'il n'était pas en train de rêver. Malheureusement, le cauchemar était on ne pouvait plus réel, si bien qu'il tendait à devenir interminable. Levi avait l'impression de voir la scène se répéter, inlassablement, alors qu'elle ne s'était point encore achevée. Les poings serrés, il ordonna à ses jambes, qui refusaient jusqu'alors de lui obéir, de se remettre en mouvement. Il ne pouvait pas en voir davantage, au risque de laisser son cœur imploser au creux de sa carapace de pierre. Finalement, il parvint à prendre la route, ignorant royalement le drame qui avait lieu sous ses yeux, aussi aisément que son esprit le lui permettait. Le brun avançait d'un pas lent, qui avait perdu tout sens de l'existence. Ce pas, d'habitude si assuré et faussement confiant s'était transformé en une errance sans but. Que faire ? Rentrer chez eux ? Était-ce au moins encore chez-eux ?

Levi avait mal. Terriblement mal. La douleur frappait fort au creux de sa poitrine, si bien qu'il crut quelques secondes sentir ses poumons s'écraser au fond de sa cage thoracique. Son cœur l'avait lâché, et pourtant il continuait de respirer. À croire que le supplice n'était pas encore assez affligeant. Le trentenaire réfléchissait à tout et à rien à la fois, incapable de caler son esprit sur un seul flot de pensées. Mille et unes questions se bousculaient. Qui était cet homme ? D'où venait-il ? Depuis combien de temps se connaissaient-ils ? Depuis combien de temps s'embrassaient-ils ?