XXIX. Espoirs

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Le jour s'est levé, ce matin encore

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Le jour s'est levé, ce matin encore. Naho l'avait remarqué, bien qu'elle soit tout bonnement incapable de déterminer depuis quand. Le soleil courait d'est en ouest, le jour s'était levé puis couché, pour se lever une nouvelle fois encore. La jeune femme n'avait pas compté les heures, ni même les jours depuis que Levi s'était enfui. Sa solitude était immense, et pourtant elle s'y plaisait. Elle passait ses journées bercée par la lumière obstruée de leur chambre, les yeux clos et l'âme déchirée. Naho dormait peu et ne mangeait plus, ou rarement. Elle n'avait pas faim. C'était même l'inverse : les nausées l'assaillaient, cherchaient à l'étouffer et la noyer dans son propre désespoir, sa propre douleur.

De temps en temps, des hauts-le-coeur la surprenaient, et alors elle se levait précipitamment, ignorait sa tête qui tournait affreusement, et sa vision troublée par le manque de fibres et d'énergie, et descendait jusqu'au premier évier pour y rendre le vide de son estomac. Il n'y avait plus rien à vomir, et pourtant les spasmes ne cessaient pas, ils reprenaient toujours. On aurait dit que son corps lui-même cherchait à évacuer le fœtus qui grandissait en elle. Comme si son cœur avait envoyé des signaux de détresse, avait fait comprendre que les choses étaient compliquées, que garder un bébé dans ces conditions n'était peut-être pas la meilleure des idées. À force de se tordre en tous sens, Naho avait fini par se demander si ses entrailles allaient réellement finir par un jour expulser la petite âme fébrile qui dansait au creux de son ventre. Plus encore, elle se demandait si mener cette grossesse à son terme relevait ou non de l'inconscience. Après tout, même si cette maison dans laquelle elle dormait lui appartenait de moitié, l'argent qu'elle avait pu mettre de côté lors de ses années de service pour le Bataillon ne suffirait pas à élever ce bébé sur le long terme. Levi étant toujours résolument buté quant à la situation, Naho ne savait pas vraiment quel genre de conclusions elle était supposée en tirer. Quel genre de décision elle allait devoir prendre. La brunette avait entendu parler d'avortement, ou du moins des techniques archaïques et rustres qui se cachaient sous ce mot. Sans s'être renseignée sur les délais l'autorisant à mettre fin aux jours de son enfant, Naho était rapidement parvenue à la conclusion suivante, ou plutôt, cette conclusion s'était annoncée à elle sans crier gare : la femme qu'elle était se sentait de plus en plus Maman. Quoiqu'on puisse en dire ou en penser, la fibre maternelle germait chez Naho. La première concernée en était elle-même la plus étonnée : jamais la brune n'aurait pensé qu'un tel instinct puisse fleurir en elle. Et pourtant.

Plus les heures défilaient - Naho n'était pas certaine de pouvoir compter cela en jours - plus s'installait en elle, et un peu malgré elle, ce cocon d'amour qui n'avait qu'une envie : envelopper cet enfant et le sentir grandir, se développer jusqu'à voir le jour. Elle ne savait pas trop si c'était égoïste, ou si cela relevait simplement d'un besoin de protection primitif, mais un lien s'était d'ores et déjà créé. Un lien qui enlevait à Naho toute envie d'abandonner ce bébé, le fruit de sa chair et théoriquement, de son amour pour Levi. Peut-être était-ce également un moyen de garder quelques bouts du noiraud pour elle. Inconsciemment, elle se demandait ce que son homme aurait réussi à offrir en héritage à son miniature. Cet enfant aurait-il ses yeux ? La couleur de ses cheveux ? Son sale caractère ? La brunette ne put s'empêcher de sourire à cette idée. Effectivement, tout ça n'aurait pas été volé à qui que ce soit. Mais elle se rappela bien vite que ces paramètres la menaçaient aussi d'une certaine souffrance : celle de vivre avec un clone et de le voir grandir chaque jour. Naho pourrait-elle le supporter ? Pourrait-elle voir sa moitié disparue dans chaque regard que lui lancerait sa fille ou son fils ?

Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant