XXVII. Déchirure.

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Les heures avaient défilé, et pourtant la tristesse ne tarissait pas

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Les heures avaient défilé, et pourtant la tristesse ne tarissait pas. Naho avait pleuré comme rarement cela avait été le cas, et lorsqu'elle pensait ne plus avoir de larmes à verser, celles-ci recommençaient à couler de plus belle. La brunette ne saurait dire exactement combien de temps elle était restée blottie contre Jeanne, l'âme déchirée et le cœur complètement dévasté. Elle comprit en se réveillant qu'elle s'était probablement endormie de fatigue et de douleur, car elle n'avait pas bougé depuis l'annonce que son amie avait faite un peu plus tôt. Naho observait le plafond, résolument absente de cette existence où elle ne comprenait plus vraiment quelle était sa place. Elle se sentait mal. Terriblement mal. En plus d'avoir envie de vomir toutes ses tripes, la jeune femme se sentait lourde, si lourde qu'elle aurait pu se laisser tomber du haut du mur Rose juste pour avoir le sentiment d'être soulagée. Ressentir quelque chose, quoi que ce soit pourvu que ce sentiment lui prouve qu'elle n'était pas complètement éteinte, morte de l'intérieur. Un long moment s'écoula, dont elle ne parvint pas à estimer la durée. À son terme, elle entendit dans le lointain le bruit d'une porte qui s'ouvre puis se referme, et des pas se rapprocher dangereusement d'elle. Naho les laissa venir, incapable de fuir, ou même de faire front.

La brunette crut comprendre, dans sa léthargie, que Jeanne venait prendre de ses nouvelles. La petite rousse n'obtint cependant pas de réponse - elle n'en n'attendait pas. Elle observait son amie qui était devenue aussi livide que le ciel un jour plein de nuages, grise et sans émotions. Vide. Voilà ce qu'elle était. En elle, il n'y avait plus rien, sinon la vie qui animait son bébé. Leur bébé. Celui dont Levi ne semblait pas vouloir. Le réaliser n'avait fait que fendre un peu plus son cœur déjà en miettes, à tel point que Naho se demandait s'il était possible de souffrir encore. Sans vraiment comprendre ce qu'il lui arrivait, la jeune femme se sentit être attrapée par les douces petites mains de son amie, qui la redressa contre la tête de lit, calant son buste contre l'un des immenses oreillers. La brunette n'entendît pas lorsque Jeanne lui intima de manger quelque chose. Elle ne toucha pas au plateau que l'infirmière lui avait préparé, malgré les insistances de cette-dernière. Elle n'entendît pas non plus lorsqu'elle lui annonça que Levi comptait la ramener à Rose tout à l'heure. Cela lui était complètement égal. Rose, le QG, Naho n'en n'avait plus rien à faire, car où qu'elle soit, chaque lieu lui rappellerait encore un peu plus qu'elle portait un enfant qui garderait pour sa vie entière les séquelles d'un manque d'amour évident. Et elle s'en voulait déjà par avance.

Ce fut ainsi qu'elle se retrouva finalement installée dans une calèche, dont l'attelage finirait par la ramener exactement là où elle ne voulait plus être. L'habitacle était affreusement silencieux, malgré l'autre âme présente juste en face d'elle. Levi la fixait, sans pouvoir détourner le regard, sans pouvoir se détacher une seule seconde de ce ventre, qui lui promettait bientôt une troisième petite entité à chérir. La réaction qu'il avait eue n'avait de toute évidence pas été la bonne, même s'il refusait encore de se l'avouer en bonne et due forme. Pourtant, il voyait cette femme face à lui, l'amour de sa vie, et ne pouvait s'empêcher de constater à quel point il l'avait détraquée. Où était la jeune femme un peu naïve au caractère bien trempé qu'il connaissait ? Cette Naho-ci l'aurait envoyé sur les roses, aurait même réussi à lui faire accepter n'importe quoi tant Levi était un homme amoureux. Mais la Naho qu'il avait devant lui était devenue sensible, vulnérable, constamment triste aussi. Il ne pouvait s'empêcher de se dire, encore une fois, qu'il avait excellé dans l'art de tout gâcher. Et comme si cela n'était pas déjà assez, il avait réussi à détruire la seule femme qui comptait réellement à ses yeux, autant que sa défunte mère. Ce constat lui était difficilement acceptable, et pourtant il restait criant de vérité. Peut-être était-ce cela le plus douloureux.

Play It Again. [Levi Ackerman X OC] [Double Jeu/Reviens-moi TOME 3] | LEMONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant