Brianna

De retour dans ma chambre, je regagne mon lit le plus silencieusement possible afin de ne pas réveiller les filles. Je me glisse sous les couvertures sans cesser de me rejouer mon échange avec Hari, le nouveau champion des McDonnell. Un rire sans joie m'échappe. Je ferme les yeux et me tourne dans mon lit espérant apaiser mon esprit. Le léger grincement de la porte attire mon attention me faisant tressauter.

— Bree ?

J'ouvre les paupières, surprise.

— Matthew ? (Je me redresse. Il s'assoit au pied de mon lit.) Que fais-tu là ?

— Je n'arrivais pas à dormir.

— Tu m'as entendue me disputer avec Hari, c'est ça ?

— Oui. (Je soupire.) Si cela peut te rassurer, je ne sais pas de quoi vous avez parlé. Mais te connaissant, je me suis douter que tu risquais de tergiverser dessus avant de t'endormir.

— Bingo, je ris doucement.

Ses lèvres, éclairées par le flash tamisé de son téléphone, s'étirent en un petit sourire.

— Penses-tu réussir à trouver le sommeil ? poursuit-il à voix basse.

Je secoue négativement la tête.

— Moi non plus. (Il jette un coup d'œil furtif à l'heure.) Que dirais-tu de partir à la chasse aux fantômes ?

— La chasse aux fantômes ?

— Oui. D'après ce qu'on m'a raconté, des fantômes apparaîtraient sur les rives de la Nore une fois le crépuscule tombé.

— C'est ce que Rory m'a raconté aussi, je dis sentant les poils se hérisser sur mes bras.

— Le jeune homme un peu étrange qui est arrivé à minuit passé avec sa fiancée ?

— Oui. (Une lueur perdue traverse son regard.) Longue histoire.

— Dans ce cas... (Il se lève de mon lit, une main tendue vers moi.) Peut-être pourrais-tu m'en dire plus pendant que nous partons vérifier si ses dires sont vrais ?

Il baisse son regard taquin sur mon pyjama long à chemise.

— Non pas que les fantômes se formaliseraient de te voir ainsi, mais tu risques d'avoir froid.

J'attrape sa main et lui assène un coup de coude dans les côtes en me relevant.

— Nigaud !

Il s'esclaffe. Eleanor et Fanny marmonnent dans leur sommeil mais ne se réveillent pas. Matthew fait mine de s'essuyer le front.

— C'était moins une, souffle-t-il.

Nous échangeons un regard complice. Je me dépêche de récupérer une veste, ainsi que des chaussures, que j'enfile à la va vite, et le suis hors de la chambre. Ma main appuyée sur son arrière-bras, je le laisse me guider à travers les couloirs plongés dans un silence rompu par le bruit de nos respirations et le frottement de nos chaussures sur le sol.

— Tu es sûr que tout le monde dort ? je chuchote tandis que nous nous engageons dans les escaliers.

— Sûr et certain.

Mes lèvres s'étirent en un sourire comploteur. Sans crier gare, je dévale les marches restantes à toute vitesse. Ma main lâche son bras. Nous atteignons la porte d'entrée principale dont nous passons le seuil en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Je ris de soulagement et m'arrête quelques secondes le temps de prendre une longue inspiration. L'air frais de cette nuit hivernale emplit mes poumons. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Enfin un peu de calme et de liberté.

Au Premier Regard (tome 2) EN COURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant