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Brianna

Trois jours. Ce n'est qu'une question de trois jours. Ça va le faire. Je prends une grande inspiration et serre un peu plus mon châle autour de mes épaules tandis que les voitures franchissent le portail. Hari passe la tête par sa fenêtre ouverte.

— Je t'appelle dès que nous serons rentrés.

J'acquiesce. Nous échangeons un dernier sourire, suivi d'un petit signe de la main. Je reste sur le perron écoutant le doux vrombissement des moteurs qui résonnent à travers la nuit hivernale. Ce n'est qu'une fois le silence revenu que je me décide à regagner l'intérieur le cœur lourd. La porte fermée, je retire mes chaussures à la va vite et rejoins le salon où Bobby et ma mère sont blottis l'un contre l'autre, sur le canapé, tasses de chocolat chaud en main.

— Tout le monde est parti ? demande mon beau-père.

— Mmmm.

Je récupère un livre au hasard et m'assieds près de la cheminée dans laquelle crépite un feu. Si tout se passe bien, je devrais avoir des nouvelles de Hari et Hayden d'ici deux heures grand maximum. A moins que le blizzard ne reprenne, ils ne devraient pas avoir trop de difficultés pour rentrer. Noël étant une fête familiale, la majorité des Américains sont probablement tous assis autour d'une grande table à l'heure qu'il est.

— Tout va bien ma chérie ?

Je relève la tête. Ma mère me regarde soucieuse.

— Un peu fatiguée, mais ça va.

Elle m'adresse un sourire furtif tout en attrapant son téléphone. J'en profite pour replonger mon nez dans mon livre.

— Heady, Joe, Danny, Luke et Emmy ne devraient pas tarder.

Je lui jette un regard en coin sans me déconcentrer de l'histoire du Casse-Noisette pour autant. Elle se lève et regagne la cuisine en fredonnant joyeusement. Bobby suit rapidement le mouvement remplaçant les informations pas des musiques de Noël qu'il met en bruit de fond afin de ne pas me déranger. Je me blottis un peu plus dans mon fauteuil bien décidée à profiter des quelques minutes qu'il me reste pour...

Dring.

— Bree, tu peux aller ouvrir ?

Je soupire, referme mon livre, quitte mon petit cocon et vais ouvrir la porte.

— Plus rapide que...

Je me stoppe net. Personne.

— Il y a quelqu'un ?

Pas de réponse. Des nuages de buée s'échappe de mes lèvres. Je jette un coup d'œil sur l'extérieur plongée dans la pénombre. Une personne cagoulée sortie de nulle part surgit dans mon champ de vision.

— Prends ça, salope !

Un cri m'échappe. Une douleur fulgurante s'empare de mon être entier tandis que mes jambes cèdent sous mon poids. Mon souffle et ma respiration s'affolent. Mes mains se referment instinctivement autour du petit poignard planté dans le bas de mon ventre. La personne retire sa cagoule et s'avance dans la lumière. Un frisson désagréable me parcourt l'échine. Il ne me faut que quelques secondes pour noter la ressemblance frappante entre elle et Gwenaëlle, à la différence que ses traits sont plus marqués par la maturité et les années passées.

— Hortense...

L'intéressée fait un pas de plus dans ma direction. « On se reverra » mime-t-elle du bout des lèvres avant de disparaître par le portail. Mon corps s'effondre. Ma vision se floute. Mes oreilles bourdonnent. Les voix de Bobby et ma mère me parviennent de manière incohérente. Un son de sirène retentit dans le lointain. Des points noirs apparaissent devant mes yeux. Une sensation de froid s'empare de tout mon être me faisant frissonner. Je cligne des paupières tentant de lutter contre le voile sombre qui menace de tomber.

— Ça va aller ma chérie, souffle ma mère d'une voix tremblante.

Elle attrape ma main dans la sienne. Je m'y agrippe telle à une bouée de secours.

— Hari... (Un souffle plaintif m'échappe.) Je veux Hari.

**

Hari

« Vous êtes bien sur la messagerie de Brianna Andrews. Je ne suis pas disponible pour le moment, alors laissez-moi un message et je vous rappellerai ».

Je soupire exaspéré tandis que j'appuie sur le bouton raccroché pour la énième fois depuis qu'Hayden et moi avons quitté les Andrews une fois arrivés à New York. Brianna n'a toujours pas répondu à mes messages et mes appels, ce qui m'inquiète. Comme promis, j'ai essayé de la contacter dès que nous sommes rentrés chez nous mais rien.

Gladys me rejoint sur la terrasse. Elle vient s'accouder à la rambarde, son regard rivé sur moi. Je glisse mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon et récupère mon paquet de cigarettes. J'en allume une sur laquelle je tire une longue bouffée.

— Alors ?

J'expire lentement la fumée tout en m'humectant les lèvres.

— Aucune nouvelle.

— Elle a dû s'endormir.

J'émets un rire mi-amer, mi-sceptique. Ma frangine me donne un petit coup de coude complice un sourire au coin des lèvres.

— Relaxe va, elle va te rappeler. (Les vibrations de mon téléphone retentissent. Je l'extirpe de ma poche à la va vite. Le nom de Bree s'affiche sur l'écran comme pour appuyer ses dires. Elle rit :) Quand on parle de la louve.

— Bree ! Est-ce que tout va...

Je suis coupé dans ma phrase par des sanglots et une respiration saccadée. Je sens mon cœur faire de violentes embardées contre mes côtes. Gladys me regarde les sourcils froncés, confuse.

— Que se passe-t-il ? mime-t-elle du bout des lèvres.

Je lève la main devant moi lui demandant de patienter.

— Bree ?

Nouveau sanglot.

— Hari, ce n'est pas Bree...C'est Angie.

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines. Angie. Bordel de merde. Je m'empresse de retourner à l'intérieur ma sœur sur les talons. La panique monte d'un cran. Mon cœur cogne si fort contre mes côtes que j'ai l'impression qu'il pourrait surgir de ma poitrine à tout instant.

— Que se passe-t-il ? je demande la voix tendue.

Silence. Les scénarios les plus catastrophiques en profite pour se dessiner malgré moi dans mon esprit. Je me fige sur place, la main serrée autour du mobile plaqué contre mon oreille.

— Angie ?

— C'est Brianna... Elle a été agressée.

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Au Premier Regard (tome 2) EN COURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant