Brianna

Le cœur au bord des lèvres, j'attrape la main d'Hari et entrelace mes doigts aux siens tandis que nous approchons le sol new-yorkais. Selon notre plan, il est prévu qu'Owen nous dépose chez mon père et ma belle-mère, suite à quoi il ramènera Lewis, Eleanor et Hayden chez Hari où les attendent Richard, Gladys et Cody, et où, si tout se passe bien, nous les rejoindrons en fin de soirée.

Miraculeusement, nous avons réussi à faire en sorte qu'aucun détail de notre retour ne s'ébruite, évitant ainsi une horde de paparazzis à notre arrivée. A mon plus grand soulagement. Une fois à la limousine, je lâche la main d'Hari et monte à bord.

— Aussi surprenant que cela puisse paraître, je commence à regretter l'Irlande, je dis tandis qu'Owen claque la portière derrière nous.

Hari passe un bras autour de ma taille et me tire contre lui.

— Ne t'en fais pas, je suis sûr que tout va bien se passer.

Lewis rebondit aussitôt :

— Dans le cas contraire, si Hari se fait massacrer, vous serez la bienvenue chez nous.

— Lew, souffle Eleanor.

Hayden relève la tête, sourcils froncés.

— Oncle Lew, ton sens de l'humour est vraiment douteux.

L'intéressé s'esclaffe d'un rire franc et lui ébouriffe les cheveux. Pour ma part, je le regarde attendrie par son naturel, une fois de plus impressionnée par la maturité dont il fait preuve malgré son très jeune âge.

Hari rapproche sa bouche de mon oreille :

— Espérons qu'Oncle Lew se trompe.

**

Vingt minutes plus tard, Owen nous dépose devant l'immeuble de mon père. Je serre la main d'Hari de toutes mes forces lui arrachant une grimace. À notre entrée, Sonia me prend dans ses bras tandis que mon père et Hari échangent une poignée de main virile.

— Bon retour parmi nous.

— Merci, Monsieur.

Ils regagnent le salon. Ma belle-mère me tire dans la cuisine. Aussitôt aux fourneaux, elle m'assène de questions sur notre voyage. Je lui réponds, l'oreille tendue à l'affût du moindre bruit suspect.

— Et donc, si j'ai bien retenu, tout ce petit monde est apparenté à Hari par Richard qui est aussi le père biologique de ce Caederic, récapitule-t-elle. (J'acquiesce. Une lueur curieuse traverse son regard.) Vous avez l'intention de les inviter au mariage ?

— Eh bien...

Je m'interromps, surprise par un fracas assourdissant en provenance du salon. Sonia et moi nous y précipitons. A ma plus grande stupeur, coupes et bouteilles de Champagne jonchent le sol. Le verre éparpillé craque sous nos talons. Les yeux de ma belle-mère jonglent entre mon père et Hari qui se regardent en chien de faïence.

— Que s'est-il passé ?

Mon père me pointe du doigt, furieux.

— Demain première heure, centre d'orthogénie.

Je jette un coup d'œil accusateur en direction de mon fiancé.

— Tu étais supposé m'attendre ! je mime du bout des lèvres. (Puis, prenant une inspiration. :) Je n'en ferai rien. (Mon père s'apprête à me contredire :) Hari et moi sommes fiancés, je le coupe. Nous allons nous marier. Nous sommes suffisamment grands pour savoir si nous voulons ou non de cet enfant.

— Et nous en voulons, renchérit mon fiancé.

— Toi, ta gueule, lui intime mon père.

— Je la fermerai le jour à condition que vous arrêtiez de traiter votre fille comme une gamine.

Mon père l'attrape par le col, prêt à le frapper. Sonia s'interpose:

— Ça suffit ! (Elle tend une main devant chacun d'eux.) Vous allez faire redescendre la testostérone et surtout, vous allez me nettoyer ce souque ! Bon sang ! (Elle leur assène une tape à l'arrière de la tête.) Heureusement que Sam et Hayden ne sont pas là !

Dans un dernier regard d'avertissement, elle m'attrape par le bras. Nous retournons dans la cuisine où nous finissons de préparer le repas qui commence dans une ambiance des plus tendues.

N'y tenant visiblement plus, Hari finit par lâcher :

— Les accidents ça peut arriver à n'importe qui.

Je lui donne un coup de pied discret. Mon père émet un rire amer:

— Accident mon cul, oui.

— Chéri, le rabroue Sonia.

La sonnette retentit. Prenant une inspiration, je m'essuie les lèvres et me lève. La porte à peine ouverte, ma mère m'attrape dans ses bras en criant :

— Surprise !

Elle me serre contre elle et dépose un énorme baiser sur ma joue. Hari nous rejoint. Bobby et lui échangent une accolade amicale. Ma mère se détache de moi toute guillerette.

— Nous avons eu du retard à cause des embouteillages.

Elle salue brièvement Hari puis se fraie un chemin jusqu'au salon où mon beau-père la suit après m'avoir fait la bise. Hari et moi leur emboitons le pas. À mon plus grand soulagement, la tension semble être redescendue d'un cran.

Ma mère sourit jovialement :

— Grande nouvelle. Bobby et moi...

— Brianna est enceinte, l'interrompt mon père.

Tous les regards convergent dans ma direction.

— C'est vrai ? me demande Bobby.

Je prends une inspiration et m'humecte les lèvres :

— Oui et je n'ai pas l'intention d'avorter.

— Encore heureux ! s'exclame ma mère. (Mon père lui lance un regard offusqué.) Sai sa benissimo cosa penso dell'aborto, se défend-elle.

— Ce n'est pas pour autant qu'il faut encourager notre fille à faire n'importe quoi.

— Que c'est commode de ta part de parler de son éducation maintenant. (Un silence gênant s'abat sur la pièce. Elle prend une gorgée d'eau.) Cela me fait plaisir de savoir que je ne serai pas la seule à crouler sous les couches, ajoute-t-elle son regard à nouveau sur moi.

Ses lèvres s'étirent en un grand sourire entendu. Je lâche ma fourchette, le cœur battant à tout rompre:

— Tu es...

— Enceinte. Oui. (Je couvre ma bouche afin de contenir un petit rire joyeux. Ses lèvres s'étirent de plus belle.) Un bébé Stanford et un bébé O'Neill à quelques mois d'écart. Nous espérons que cela ne vous déçoit pas trop.

— Pas le moins du monde, la rassure Hari.

Sonia se lève et les prend dans ses bras:

— C'est une très belle nouvelle, félicitations, les félicite-t-elle.

— Un petit bébé O'Neill alors que notre bébé va avoir un bébé, soupire théâtralement mon père. (Il secoue la tête.) Mère et grand-mère en même temps, j'espère que tu te sens prête.

Mia Nonna l'ha fatto. D'ailleurs, en parlant d'elle, grenouille de bénitier comme elle est, le plutôt Bree et Hari seront mariés, le mieux ce sera pour tout le monde.

— Grenouille de bénitier et âgée, la rectifie mon père.

— L'âge qui compte est celui qu'on a dans la tête. (Elle ponctue sa phrase d'une grimace et se tourne vers nous.) Alors, le mariage ?

— Ne vous en faîtes pas Angie, la rassure Hari tout sourire. Bree et moi serons mariés avant que sa grossesse ne se voie.

Je hausse un sourcil, taquine.

— Je n'ai donc pas à craindre que tu te désistes ?

Il s'esclaffe, puis d'une voix profonde et rauque, son pouce caressant tendrement la bague à mon annulaire, il promet : Jamais.

** **** ** **

Au Premier Regard (tome 2) EN COURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant