Hari

Lorsque nous regagnons nos chambres, après une rapide visite des quartiers inférieurs où travaillaient et logeaient les domestiques, il est plus de minuit passé. Malgré les courbatures dues à notre longue journée de marche, je me sens parfaitement éveillé. Après une douche bien chaude, je m'enroule la taille dans une serviette et retourne dans la chambre où je m'écroule sur le grand lit moelleux.

Brianna me rejoint, toute propre, elle-même vêtue d'un simple peignoir en soie. Un sourire espiègle au coin des lèvres, je la tire à moi et me place au-dessus d'elle tout en lui retirant son peignoir.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-elle le regard brillant d'une lueur provocatrice.

Je lui caresse lentement les seins, ce qui la fait frémir. Je rapproche ma bouche de son oreille.

— Je m'apprête à honorer votre couche, Bhean, je souffle la voix rauque.

Elle s'esclaffe :

— Je vous en remercie Votre Seigneurie !

*

Au petit matin, nous sommes réveillés par la voix d'Ailein à travers la porte :

Tha bracaist deiseil ! Le petit-déjeuner est servi !

La tête dans le coaltar, nous nous habillons, rangeons nos affaires puis descendons à la salle à manger où Noah, Hayden Lew, El et Ailein ont déjà commencé à manger.

— Bien dormi ? nous taquine mon meilleur ami tandis que nous prenons place face à eux.

Je lui lance un regard d'avertissement auquel il répond d'un grand sourire. De leur côté, El et Bree discutent du programme de la première moitié de matinée avec Ailein. Le petit-déjeuner fini, nous nous aventurons dans les jardins du château et descendons sur les abords du Loch qu'il surplombe. Ce début de matinée ensoleillé et légèrement brumeux apporte une petite pointe de magie au cadre dans lequel nous nous trouvons.

Ailein nous raconte la légende de Cailleach, la sorcière gaélique.

— Ce personnage, dont le nom peut être traduit par « vieille femme » ou « sorcière », est commun aux légendes irlandaises, écossaises et mannoises. Pour nous, Ecossais, Cailleach est également connue sous le nom de Beira, la Reine de l'Hiver. En tant que telle, elle est aussi déesse du temps, des tempêtes violentes et des vents glacials. Son histoire varie d'un bout à l'autre du pays. L'une de mes versions préférées est celle relatée par Otta F. Swire dans Skye : l'Île et ses Légendes.

— Quelle est-elle ? lui demande Bree intriguée.

— A l'aube du monde, il existait une grande pleine qui s'étendait d'Ouest en Est, du Loch Brachadale aux Montagnes Rouges. Un endroit sombre et solitaire que la Cailleach ne quittait que pour aller faire bouillir son linge dans les eaux du Corryvreckan entre les Îles Jura et Scarba. Chose faite, elle revenait et faisait sécher son linge sur le Storr, malgré le froid et le vent permanent sur l'Île à cause d'elle. Le Printemps la méprisait, si ce n'est la haïssait, car elle retenait prisonnière une servante pour forcer cette dernière à rendre une toison brune blanche. (Lewis s'apprête à intervenir. Bree lui lance un regard d'avertissement.) En position d'infériorité face à la Cailleach, le Printemps appela le Soleil à l'aide. Un jour où la Cailleach traversait la plaine, le Soleil la visa de sa lance dont la lame était si brûlante qu'à son contact, la terre trembla et explosa donnant ainsi naissance aux Cuillins. Il est d'ailleurs dit qu'ils sont restés si brûlants qu'aucune neige ne tient au sommet.

— Cela me fait un peu penser à l'histoire Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique de C.S Lewis, d'une certaine manière, remarque mon meilleur ami.

L'ombre d'un sourire effleure les lèvres de notre guide :

— En fonction des versions, il est effectivement possible de trouver des points communs entre la Cailleach et la Sorcière Blanche, en effet, acquiesce-t-elle. (Jetant un rapide coup d'œil à sa montre, elle ajoute :) Il va être l'heure de faire demi-tour.

Lewis, Eleanor, Noah, Brianna, Hayden et moi prenons la pause pour une petite photo devant l'immense étendue d'eau surplombée par les montagnes avant de la suivre jusqu'au château où nous faisons un tour par la boutique souvenir avant de reprendre la route.

Pour ce deuxième après-midi sur l'île, nous empruntons la A855 qui longe le littoral. Lewis et moi nous relayons au volant du Old Man of Storr aux Fairy Glen, en passant par le Kilt Rock, le Quiraing et ses vues panoramique sur la Baie de Staffin ou encore le Skye Museum of Island Life. Le soir, nous nous arrêtons au The Isle Inn, dans la petite ville de Portree, au port bordé de falaises, où nous profitons d'un repas typique et d'une tasse d'hydromel autour d'un bon feu.

Aux environs de vingt-deux heures, Noah accompagne un Hayden éreinté jusqu'à sa chambre adjacente à celle que j'occupe avec Bree. Ma fiancée et moi en profitons pour prendre congé de Lew et El en pleine discussion avec l'aubergiste.

Non scopate troppo forte ! s'exclame Lewis.

Je lui réponds d'un geste obscène. Nos doigts entrelacés, Bree et moi nous précipitons dans les escaliers jusqu'au premier où se trouvent les chambres réservées à la clientèle. Nos vêtements à peine retirés, nous nous précipitons sous la douche de la petite salle de bain. L'eau chaude coule en cascade sur nous tandis que j'empoigne Bree par les hanches.

Je la pénètre lui arrachant un cri de plaisir et la pistonne. De plus en plus fort. Son corps monte et descend contre le mur carrelé sous mes assauts sans merci. Ses bras reposent en équilibre sur mes épaules. Ses doigts glissent dans mes boucles humides. Mes lèvres embrasent ses joues, ses lèvres, son cou, ses seins doux et fermes aux tétons durcis de plaisir. Elle gémit, halète, se cambre.

Son corps se convulse autour de moi. Dans un dernier coup de rein, nous jouissons à l'unisson. Je m'effondre tout en me retirant. La tête dans le creux de mon cou, elle dépose un baiser sur ma peau. Un bras autour de sa taille, j'éteins l'eau.

Nous retournons dans la chambre où nous nous effondrons sur le grand lit sans prendre la peine de mettre nos pyjamas. Le doux silence de la nuit comblé par la fine pluie qui tape contre la fenêtre crée une agréable berceuse. Blottie entre mes bras, Bree pose la tête sur ma poitrine.

— Si j'en avais la force, je te baiserais à t'en faire tout oublier, je souffle. (Elle grogne, m'assène une petite tape sur le ventre.) Charmant, je la nargue.

Elle tente de rouler sur le côté, mais je l'en empêche. Nos jambes s'entremêlent sous la couette. Mes propres paupières s'alourdissent, chaque fibre de mon corps exténuée par les dernières quarante-huit heures et les trois nuits de sexe intense.

Bree émet un bâillement :

— Si je devais faire un vœu, je souhaiterais que ces deux derniers jours ne terminent jamais, dit-elle la voix pâteuse.

J'esquisse un petit sourire tout en lui embrassant les cheveux.

Amen à cela.

** ** ** ** ** 

Au Premier Regard (tome 2) EN COURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant