Hari
Ses yeux ne me lâchent pas d'une seconde tandis qu'il se rassoit.
— Que fais-tu ici ?
— Je suis venu parler affaires, répond-il en haussant les épaules.
D'un geste de la main il m'indique le fauteuil derrière le bureau. Je vais m'y asseoir, méfiant. Caederic se tourne vers Cody toujours près de la porte. Un simple regard suffit à lui faire comprendre le message.
— Je vous attends dans la cuisine, dit-il.
Il sort. La porte refermée derrière lui, Caederic me fait à nouveau face, soudain sérieux.
— J'ai une proposition à te faire.
— Très bien, je t'écoute.
— Je veux vous débarrasser d'Hortense et Gwenaëlle.
Il s'en faut de peu pour que je ne m'étouffe en entendant ses mots. Pardon ?
— Que veux-tu dire par « débarrasser » ?
Ses lèvres frémissent.
— Faire en sorte qu'elles ne vous embêtent plus.
— C'est-à-dire ?
Il rit, attrape le paquet de cigarettes rangé dans la poche intérieure de son manteau.
— Par là je veux dire les ramener au bercail, faire en sorte que nous puissions avoir la main mise sur elles de façon à ce qu'elles ne vous fassent plus de mal.
— D'accord mais tu oublies les médias, je remarque, sans compter le personnel médical qui s'occupe de Gwenaëlle et les avocats chargés de régler la question du divorce.
— Rien que des dessous de table ne puissent régler.
Je jette un coup d'œil sceptique vers notre père dont le regard parfaitement serein me fait comprendre que la proposition de Caederic n'est pas une blague et que cela ne le dérange pas le moins du monde.
— Cody avait raison, je ris nerveusement. (Mes yeux croisent ceux de mon demi-frère en face de moi.) Tu es une sorte de mafieux.
Il hausse les épaules.
— Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. (Il finit sa cigarette qu'il écrase dans le cendrier devant lui.) Que penses-tu de mon offre ?
Je secoue la tête, les lèvres pincées :
— C'est de la folie.
Je me lève et regagne le mini-bar où je me sers un verre de Whisky bien corsé que j'avale cul sec.
— C'est pourtant là le seul moyen pour Brianna et toi d'avoir la paix une bonne fois pour toute.
Je me sers un autre verre tout en me tournant vers lui, surpris.
— Quoi ? Tu pensais que je n'étais pas au courant ? Vos fiançailles sont pourtant considérées comme l'un des événements mondains les plus importants de cette fin d'année.
— Je sais. (J'avale une fois de plus mon verre cul sec et ajoute :) Je ne m'attendais juste pas à ce que tu sois aussi orienté événements mondains.
Il sourit, amusé.
— J'en sais plus à votre sujet que ce que tu ne le crois.
Un rire amer s'échappe de mes lèvres à l'entente de sa remarque. L'esprit un peu plus détendu, je range verre et bouteille puis retourne m'asseoir à mon bureau. Mon regard une fois de plus rivé à celui de mon demi-frère, je me laisse tomber nonchalamment dans mon fauteuil, les mains croisées sur ma poitrine.
— Qu'en est-il de Hayley ? Elle a beau être moins grave qu'Hortense et Gwen, elle n'en reste pas moins une chieuse.
— Une chieuse sous le contrôle désormais de son chéri avocat qui travaille sous mes ordres et ceux du clan.
Evidemment.
— Ça fait toujours une chieuse en moins, je remarque.
— Et bientôt trois.
Un drôle de frisson me parcourt l'échine. Bientôt trois.
— Quelles sont tes conditions ? (Il fronce les sourcils.) Sans vouloir paraître effronté, cela m'étonnerait que tu me proposes tes services pour que Brianna et moi puissions avoir la paix gratuitement. Je me trompe ?
— Non.
J'en étais sûr.
— Très bien. (J'inspire lentement et m'humecte les lèvres.) Quelles sont tes conditions ?
— Pour commencer... (Il s'interrompt, jette un coup d'œil interrogateur en direction de notre père qui lui répond d'un mouvement de tête affirmatif, puis se concentre à nouveau sur moi.) Je veux que papa vienne vivre en Irlande.
J'acquiesce.
— Ensuite ?
— Je veux que tu cèdes la direction de Stanford Edition à Gladys et que Brianna, Hayden et toi veniez vivre là-bas vous aussi.
A mon tour de froncé les sourcils.
— Pourquoi voudrais-tu que je fasse ça ?
— Parce que...
Il attrape son téléphone rangé dans la poche arrière de son pantalon et me le tend. Le même article que celui que Cody m'a montré un peu plus tôt apparaît sur l'écran. Je lève les yeux.
— Le clan a besoin d'un nouveau champion, poursuit-il son regard presque solennel ancré au mien.
Je m'esclaffe.
— Alors là n'y...
— Je veux que ce soit toi, Hari.
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Au Premier Regard (tome 2) EN COURS
ChickLitHari et Brianna s'aiment, c'est indéniable. Malgré les secrets et les mensonges, Brianna envisage de lui donner une seconde chance. Mais alors qu'ils semblent tout mettre en place pour recoller les morceaux, voilà qu'un énième fantôme du passé surgi...