Hari
Je fonce à travers la nuit noire, le regard rivé droit devant moi sans jamais m'arrêter. Les radars n'ont qu'à me flasher je m'en fous, les amendes attendront. Je ne peux m'empêcher de serrer le volant de toutes mes forces, le corps tendu. Brianna. Agressée. Quelque chose me dit que qui que soit la personne derrière ça, il ou elle a quelque chose à voir avec les fantômes de mon passé, c'est certain.
Mon téléphone ne cesse de vibrer mais je l'ignore. Hormis Gladys, ma famille a eu du mal à comprendre ce qui se passait. Le temps de prévenir les Andrews, j'étais dans la voiture direction Spring Valley. Arrivé sur place, je me gare à l'arrache et me rue hors de la voiture. Je peux sentir la colère et la panique faire rage en moi tandis que je franchis les portes de l'hôpital. L'infirmière organisatrice de l'accueil est là, assise derrière son écran.
— La chambre de Mademoiselle Andrews, s'il vous plaît.
— Vous êtes de la famille ? demande-t-elle sans daigner m'adresser un regard.
— Hari Stanford, son fiancé.
Elle me jette un coup d'œil surpris. J'inspire lentement afin de retenir les propos cinglants qui me brûlent la bouche. Bouge ton derrière espèce de mollasse. Je m'humecte les lèvres et réitère ma demande :
— La chambre de ma fiancée, s'il vous plaît.
Elle pianote furtivement sur son ordinateur.
— Chambre 214, deuxième étage.
— Merci.
Je fais demi-tour et saute dans le premier ascenseur que je trouve. Je me laisse aller contre le mur du fond, ferme les yeux. Ma poitrine monte et descend tandis que j'inspire et expire lentement. Faîtes qu'elle n'ait rien de grave. Faîtes qu'elle n'ait rien de grave. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le deuxième étage. Je les franchis d'un pas vif tout en attrapant mon téléphone qui vient de vibrer dans ma poche.
Les Andrews viennent de déposer Sam. Ils se mettent en route maintenant. J'ai prévenu papa et Cody. Xx. G
Je tape une réponse rapide et remets mon téléphone à sa place. La porte de la chambre entrouverte, je donne un petit coup et entre le plus discrètement possible. Mon regard croise celui éreinté d'Angie assise dans un fauteuil face à la télévision.
— Merci d'être venu.
— C'est normal. Max et Sonia viennent de se mettre en route.
Elle acquiesce. Je détourne la tête. Mes yeux se posent sur Brianna allongée sur un lit, paisiblement endormie. Je peux sentir mon cœur se serrer entre mes côtes à la vue des différents moniteurs auxquels elle est reliée.
— Mon amour...
Je m'approche et me laisse tomber sur le fauteuil à ses côtés. J'attrape l'une de ses mains entre les miennes et l'embrasse délicatement. Je peux sentir le soulagement s'emparer de moi au contact de sa peau douce et tiède. Elle est toujours là, c'est le plus important. Quant à la personne qui lui a fait ça, elle va avoir affaire à moi.
— Elle a été emmenée au bloc dès notre arrivée ici, m'informe Angie.
— Que s'est-il passé exactement ? je demande en lui jetant un coup d'œil furtif.
— Je ne sais pas trop...Bobby et moi étions dans la cuisine pour préparer le repas. Nous attendions que les quelques membres de notre famille reviennent, ça a sonné. Bree est allée ouvrir. Nous l'avons entendu crier. Le temps pour nous de la rejoindre dans le couloir, elle était au sol un petit poignard planté dans le ventre.
Je ne peux réprimer le frisson désagréable qui me parcourt le long de l'échine.
— Bree n'a pas dit qui lui a fait ça ?
Elle soupire.
— Non. Elle a seulement eu le temps de vous réclamer avant de s'évanouir. Je pense qu'elle nous en dira plus à son réveil...Mais entre tout le sang qu'elle a perdu, l'anesthésie, l'intervention et le sédatif qu'ils lui ont administré pour qu'elle se repose, nous allons devoir être patients. (Elle se lève, vient se placer de l'autre côté du lit.) Heureusement, les médecins ont dit qu'elle ne devrait pas avoir de séquelles.
— C'est déjà ça.
Elle m'adresse un sourire las, fatigué.
— Bobby est-il dans les parages ? je poursuis.
— Oui, il est allé à la cafétéria.
— Vous devriez le rejoindre.
Elle me regarde soucieuse.
— Mais vous ?
— La nuit va être longue. J'aurais tout le temps de faire non pas une mais plusieurs pauses, ne vous en faîtes pas.
Elle me répond d'un rire faible, triste, mais un rire tout de même. Elle embrasse Brianna sur le front, murmure un « à tout de suite » et sort de la pièce. La porte refermée derrière elle, j'attrape mon mobile et compose le numéro de Caederic qui me répond instantanément.
— Hari ! Papa m'a dit ce qui s'est passé. Comment va Brianna ?
— Je suis avec elle, je réponds à voix basse, elle dort. (Je prends une inspiration et m'humecte furtivement les lèvres tout en regardant rapidement la porte.) Je pense que ta mère n'est pas innocente dans cette attaque.
— C'est ce que papa et moi pensons également.
Super. Je ne peux réprimer le râle exaspéré qui m'échappe tandis que je m'affaisse contre le dossier de ma chaise.
— Quel est le plan, maintenant ?
— Je vais envoyer quelques-uns de mes hommes qui travaillerons sous couverture pour sécuriser la maison des O'Murchadha et l'appartement des Andrews le temps que nous réussissions à la coincer. Quant au reste, on maintient le plan comme prévu.
— A t'entendre, on se croirait presque dans Peaky Blinders, je remarque.
Un rire franc me parvient de l'autre côté de la ligne.
— C'est une façon de voir les choses.
Mes lèvres frémissent. Je prends sur moi afin de retenir l'étrange sourire qui menace de s'y dessiner.
— Qu'en est-il de Gwenaëlle ?
— Chaque chose en son temps. (Il s'interrompt. A en juger par les bruits que je perçois, il est en train de s'allumer une cigarette sur laquelle il prend le temps de tirer quelques taffes avant de poursuivre :) D'abord Hortense, ensuite notre Bertha Mason à nous.
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Au Premier Regard (tome 2) EN COURS
ChickLitHari et Brianna s'aiment, c'est indéniable. Malgré les secrets et les mensonges, Brianna envisage de lui donner une seconde chance. Mais alors qu'ils semblent tout mettre en place pour recoller les morceaux, voilà qu'un énième fantôme du passé surgi...