Tranit eut à peine le temps de saluer ses deux amies qui se dirigeaient vers ce que Tranit reconnut comme l'auge en bois que Suwane utilisait, qu'un cavalier surgissait au galop et stoppait à moins d'une toise d'elle. Erwan se laissa glisser à terre, face à la jeune femme, un grand sourire illuminait un visage bien plus reposé que la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il la détaillait avec curiosité et répondit à son salut militaire avec chaleur.
— Ravi de te revoir parmi nous, Tranit. Tu vas bien ? Vraiment bien ?
— Aussi bien qu'on puisse le souhaiter après un si long sommeil. Un peu faible, je suis encore affamée !
— On va y remédier, fit-il en regardant toute l'agitation autour de lui. Tranit lui montra le chariot qui était maintenant débâché sur la moitié.
— L'odeur de chanvre et ma propre transpiration me rendent l'intérieur difficilement supportable. Est-ce que discuter ici conviendra ?
Ils étaient dans un vaste cercle de chariots, entre un immense bassin et ce qui ressemblait à un potager. Les Imprenables étaient aussi vastes que de petites cités et que, malgré leurs immenses réserves, elles se devaient de contenir des terrains agricoles pour permettre de subvenir aux besoins de sa garnison.
— Le temps est au beau fixe aussi nous devrions être tranquille de ce côté. Après on verra si on peut se rapprocher de certains bâtiments.
Erwan se hâta de lever la main.
— Ne soyons pas pressés. Nous avons toute la journée pour voir comment tu te sens. Je vais en profiter pour faire le point avec toi.
Asseyons-nous et profitons d'un bon déjeuner, je n'ai encore rien pris.
Il fit signe à un membre de son escorte et invita Tranit à s'asseoir devant la petite table qui fut immédiatement recouverte de pains fourrés, d'une bouilloire de chicorée et plusieurs petits pots desquels de délicieux fumets s'échappaient.
Il semblait vraiment ravi de voir la jeune femme finalement réveillée et se montra attentif à ses gestes, son comportement et passa une bonne heure à l'observer déjeuner, ce qui en devenait presque intimidant pour Tranit.
Les premiers jours de sa cohabitation avec Adacie, Tranit avait été pareillement intimidée, un peu gênée aussi, par tant d'attention. Elle ne s'était pas attendue à un tel comportement de la part d'Erwan.
C'est quand il se consacra à sa tasse de chicorée et à quelques pains fourrés qu'elle se détendit finalement et lui apporta quelques réponses un peu plus détaillées. Le jeune homme l'écouta attentivement et Tranit le vit se détendre un peu plus.
Elle vit son attitude devenir encore plus relâchée et même son visage prendre des traits plus souriants et devenir même plus séduisant tant il semblait bien. Leur déjeuner traîna en longueur et Erwan s'en foutait éperdument. Il y eut quelques moments d'absolu silence entre eux.
Par deux fois, il dû faire signe du personnel de son état-major de ne pas intervenir, alors qu'ils pensaient être temps de passer à autre chose. Il redemanda à manger jusqu'à ce que Tranit lui assura de ne plus pouvoir avaler quoique ce soit pour quelques heures.
La jeune femme demanda une pause pendant laquelle elle passa aux sanitaires de son chariot de commandement. Elle se mouvait toujours lentement, mais se sentait un peu plus forte, moins faible pour être plus honnête.
Lorsqu'elle revint auprès d'Erwan, ce dernier vidait une bouteille d'eau fraiche et la jeune femme ne décela aucune odeur de chanvre autour de lui. L'avait-on averti qu'elle n'en supportait pas l'odeur ? Tranit ne souvenait pas d'un seul jour sans avoir vu Erwan un bâtonnet de chanvres aux lèvres avec les yeux irrités et des cernes de plus en plus prononcés.
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Les larmes de Tranit - 8 & 9
AdventureLe rire de Tinart - 2 : Qu'en coûte-t-il de réveiller un passé oublié ?