CHAPITRE HUIT

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    Dans le frima matinal, amplifié par les immenses murailles qui semblaient conserver la fraîcheur de la nuit bien plus longtemps qu'il n'était raisonnable, Adacie déposa Suwane au pied de son escorte, qui se préparait.

Les deux jeunes femmes étaient radieuses, heureuses du réveil de Tranit et du temps passé avec elle.

Suwane embrassa sa supérieure et amante, avant de descendre de sa Gk et d'embarquer les sacoches ramenées des magasins du quatrième escadron du Barcus. D'un petit signe de la main, elle fit signe aux cavaliers de les emporter et rejoignit la lieutenante des carabiniers, qui regardait, attendrie, la jeune mousquetaire à l'esprit embrumé tenter de monter sur son dorkis.

— Des gamins bien bruyants ! confia-t-elle à Suwane. On les a entendus chanter et boire jusqu'à une heure déraisonnable pour de si jeunes personnes.

La mousquetaire voulut toiser l'officière, mais celle-ci était perchée bien au-dessus d'elle et sa tentative de demi-tour la rendit un peu trop pâle, ce qui fit sourire quelques cavaliers.

Suwane, amusée, l'aida à se mettre en selle comme si de rien n'était avant de monter sa propre monture.

— Je propose un petit pas léger jusqu'à la sortie, cela devrait aider notre jeune amie à se sentir mieux. Qui a la gourde ?

Un carabinier leva la main. Apparemment, ils savaient à quoi s'attendre et une fois que la gamine aurait bien dégobillé, ils lui feraient boire quelque chose qui lui rendrait une meilleure mine.

La petite troupe se mit en route vers l'immense portail que l'on venait d'entrouvrir pour la journée. Dès qu'ils l'eurent franchi, les dorkis se mirent à un trop léger, l'allure agréable avec laquelle on pouvait voyager des heures durant.

C'est un peu avant le marché que la mousquetaire tenta de se pencher sur le côté, mais c'était trop tard. Elle fut prise de violents spasmes qui firent doucement rire les plus anciens, Suwane devina qu'ils avaient dû parier sur quand elle craquerait.

La carabinière s'éloigna avec elle pour qu'elle en finisse avec ce moment difficile puis la fit boire longuement. Avec la proximité des échoppes, il fut aisé de trouver de quoi nettoyer sa tenue qui n'avait pas été épargnée. Un carabinier vérifia sa monture qu'il gratifia d'un petit lustrage.

La gamine marcha un peu tout en finissant sa boisson et sembla reprendre quelques couleurs. Elle eut droit à une tape dans le dos et put remonter toute seule en selle. Suwane avait bien vu que l'éclair supérieur gauche de sa tunique avait été teint en rouge.

Quand elle voulut s'excuser auprès de Suwane, la jeune femme lui brandit le poing, pouce en l'air avant de le replier et de brandir quatre doigts. Tout était 10-04, il n'y avait rien d'autre à dire.

Ils se remirent en chemin et se lancèrent dans un petit galop pour rejoindre la Petite, la seconde forteresse dans laquelle se trouvait leur premier rendez-vous de la journée.

La garde les laissa entrer sans discuter et ils y laissèrent leur escorte. Suwane, la lieutenante et la mousquetaire poussèrent jusqu'à l'hôpital militaire installé dans le donjon central des fortifications.

Sauf que celui-ci n'était pas massif comme celui de la forteresse principale, mais aussi beaucoup plus ouvert. À chaque niveau, une galerie extérieure en faisait le tour et donnait sur de nombreuses pièces aussi bien aérées qu'éclairées.

Leur patiente était au troisième étage et le liaig du Barcus déjà à son chevet avec deux apprentis de l'Etxalar.

— Vous voyez l'efficacité du traitement ? Souvenez-vous comment étaient ces plaies hier.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant