CHAPITRE VINGT-ET-UN

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Tranit observait le visage tuméfié de Suwane en écoutant d'une oreille distraite les explications que la petite mousquetaire fournissait à Erwan plutôt maussade. Le liaig s'écarta de la jeune muette et se tourna vers Tranit.

— Ça va aller, colonel. Très impressionnant, mais guère dangereux. Des compresses bien froides pour aider à décongestionner et du repos. L'homme se tourna vers Suwane.

— Évitez de manger quoi que ce soit qui nécessite de mâcher, au moins jusqu'à demain soir. Si ça vous élance trop, j'ai une potion, mais n'en prenez pas trop. Gardez ça pour dormir.

Et Suwane acquiesça docilement de la tête pour remercier le druide, qui remballa ses affaires et quitta le chariot de Tranit.

C'est là qu'elle avait découvert Suwane, juste après leur retour. Le kañv les avait déposés sur la plateforme dégagée de la salle découverte par les jeunes mousquetaires et ils avaient passé plus d'une demi-heure au milieu d'une bande de gamins surexcités par ce qu'ils venaient de faire avec la bagnole.

Ils en avaient tant abusé que la petite bouteille de Leyde que Suwane utilisait avait dû être rechargée deux fois, sans éveiller les soupçons ce qui relevait aussi de l'exploit. Tous voulaient renouveler l'expérience et explorer le reste des souterrains. Leur seigneur et prophète avait assuré qu'il ferait son possible, mais qu'il n'y avait malheureusement qu'une seule Gk de disponible. Il allait falloir patienter. Il avait ensuite embarqué Tranit pour revenir près du donjon et lui avait fait part des messages sibyllins envoyés par Suwane depuis le matin et ce qu'il avait autorisé.

Le cœur de Tranit avait bondi plusieurs fois ! Sa Petite Fée avait trouvé quelqu'un probablement capable de dire quels kañvs fonctionneraient bien et apparemment capable d'expliquer pourquoi d'autres ne le pouvaient pas.

Tout ce plaisir ressenti à l'annonce de ces nouvelles avait disparu lorsqu'un autre message avait informé que la personne capable s'avérait être un tueur quelque peu dégénéré et qu'il avait tenté de tuer Suwane et la mousquetaire.

Son désamagar était doté d'un étrange mécanisme ressemblant fort à celui qu'Erwan possédait et avec lequel il avait tué à distance, d'un simple geste de la main, un félon qui avait tenté de s'emparer de la forteresse d'Auriébat, près de Maubourguet.

Suwane avait toute la mâchoire gauche tuméfiée après avoir reçu deux puissants coups avec le manche de l'instrument druidique. Mais la jeune muette offrit un magnifique sourire crispé à Tranit et remontra son cahier !

Elle prenait l'entière responsabilité de ce qui s'était passé. Elle avait baissé sa vigilance un bref instant, LE mauvais instant et elle en payait les conséquences.

Elle se leva malgré le geste de Tranit pour la forcer à rester assise et alla poser le cahier devant un Erwan trop immobile pour ne pas être sur le point de laisser éclater sa fureur.

Elle tapota fermement ce qu'elle avait écrit jusqu'à ce qu'Erwan baissa les yeux et elle fit signe à la cadette de répéter le point essentiel.

— Je n'ai pas eu le temps de prévenir la lieutenante, confessa la jeune Oliane, d'un air vraiment fautif. Quand le 805 nous a apporté l'objet, je suis allé le récupérer. La lieutenante était avec la cheffe de notre escorte, je savais que le prisonnier ne pouvait rien faire.

Elle revoyait la scène en la racontant, cela était évident avec sa lente respiration.

— J'ai pris le désamagar, poursuivit-elle et je l'ai examiné attentivement. J'ai très vite vu qu'il était bien différent de tous ceux que j'avais pu observer auparavant et le culot de sa poignée m'a intrigué. Il se dévissait et à l'intérieur il y avait un autre quartz dans le compartiment.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant