2 thermidor 719, en soirée
Qu'il avait eu raison ! Tranit inspirait profondément et s'enivrait des senteurs de la forêt. Ces arbres étaient bien surprenants, avec leurs troncs si droits et ces branches toujours couvertes non pas de feuilles, mais d'épines.
Le sol en était jonché parfois sur des épaisseurs impressionnantes. Ces sapins, dont elle n'avait jamais entendu parler auparavant, étaient si nombreux ici.
La vallée était engoncée dans un axe sud-est nord-ouest et s'étendait bien sur quatre ou cinq lieues de long pour au moins une de large : difficile d'estimer avec le relief. Et des arbres par dizaines, par centaines !
Erwan avait évoqué des milliers avec probablement des hêtres parmi eux, mais la jeune femme n'y croyait pas vraiment. Comment une telle bénédiction, une telle fortune, pouvait rester ignorée ?
C'est vrai que les sapins n'apportaient rien en dehors de leur bois, mais il y en avait tant ! Pourquoi les Aziliens, ni même les Lannemézanais ou leurs voisins ne venaient-ils pas s'approprier ces merveilles ?
Sa question avait fait sourire Erwan qui n'avait fait qu'esquisser un clin d'œil à sa garde du corps, une dragonne qui lui avait répondu d'un sourire féroce, avant de lui assurer qu'elle allait très vite l'apprendre.
Pour le moment, Tranit attendait, assise sur une petite élévation rocheuse alors qu'Erwan donnait ses instructions à Lonig et sa copilote qui devaient rejoindre les Allières pour envoyer quelques messages TOP.
La pilote et son aide n'étaient pas trop contentes de laisser Erwan et Tranit avec seulement une garde, même une para. Les équipes de reconnaissances étaient déjà parties ailleurs, aussi le prophète avait promis de ne rien faire de dangereux.
Et pour le moment, il revenait vers Tranit avec sa garde en transportant les quelques provisions que son escorte se devait d'avoir.
— Bon... , fit-il en s'asseyant en face de Tranit. On va avoir de quoi boire quelque chose de chaud en attendant leur retour. Huil, installe-toi avec nous !
— Bien sûr, Mon Seigneur, fit la caporale en allant s'asseoir un peu à l'écart et en hauteur pour mieux surveiller.
Erwan lui sourit et prépara le brûleur à quartz pour faire chauffer l'eau.
— T'en penses quoi, fit-il à Tranit en désignant l'arbre sur lequel il avait porté son dévolu.
Ses cavaliers avaient sélectionné plus d'une vingtaine d'arbres tous aussi grands les uns que les autres et aux troncs bien larges : plus d'une vingtaine d'hommes les bras tendus devaient être nécessaire pour en faire le tour.
Celui-ci avait deux avantages. En plus de faire deux bonnes douzaines de brassées, il était très proche du ruisseau qui naissait à une ou deux lieues de là et coulait en s'élargissant pour rejoindre l'Arize. Ensuite, il était déjà en partie déraciné.
Au prochain coup de vent ou bien lors d'une pluie prolongée, les chances qu'il tombe de lui-même étaient grandes. Plusieurs arbres semblables avaient été découverts, mais leurs situations n'étaient pas intéressantes pour Erwan.
— Il est vraiment beau, avoua Tranit. Il doit bien faire soixante ou soixante-dix toises de haut.
Pas la peine de parler de la fortune qu'il représentait ! Sa masse de bois seule suffirait à enrichir quiconque pourrait le travailler.
— Un peu plus, en fait, compléta Erwan. Je lui donne près de quatre-vingt-dix. On vérifiera plus tard. En tout cas, il sera parfait pour nos petits projets.
— Tu es certaine qu'il va tomber ?
Erwan eut un petit sourire et leva innocemment les yeux vers le ciel, bien clair qu'on apercevait à travers la canopée.
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Les larmes de Tranit - 8 & 9
AdventureLe rire de Tinart - 2 : Qu'en coûte-t-il de réveiller un passé oublié ?