CHAPITRE VINGT-CINQ

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Même quand il n'y avait pas trop d'urgence, les plans ne se déroulaient jamais vraiment comme on le voulait. Erwan pouvait le jurer, cet adage était vrai dans n'importe quelle dimension !

Il allait être trois heures du matin et, pour la seconde nuit consécutive, il était encore debout, à travailler.

Son enseigne d'astreinte venait d'afficher les dernières informations au tableau de situation.

Au moins, Adacie et Suwane avaient réussi ! La réponse à leur problème semblait finalement avoir été trouvée : tous les kañvs étaient de nouveau opérationnels après des heures et des heures de test effectués la trouille au ventre.

Les sept KT 341, dont les quatre exemplaires ayant été cloués au sol quatre décades plus tôt ou lors de l'assaut des Imprenables pour leur subite perte d'autonomie, ainsi que les modèles plus petits, qui avaient manifesté les mêmes signes avant-coureurs de problèmes, semblaient maintenant dignes de confiance.

Il faudrait encore plusieurs jours pour vérifier les autres chariots récoltés lors des combats ou bien achetés, mais il n'y avait pas d'urgence les concernant. Le prisonnier pourrait s'y consacrer un peu plus tard, cela l'occuperait avant son transfert en Asasp.

Erwan envisageait aussi de lui faire rexaminer certains modèles d'ici quelques jours pour voir s'il notait de nouvelles différences sur les engins remis en service. Les équipages des hélicos s'étaient relayés pour tester les machines aussi longtemps que possible. Mais il y avait trop de mystères à propos des quartz et de cette pierre noire que pour le moment c'était à l'empirisme pur et simple qu'on se fiait.

Le système de prise, qu'à un moment tout le monde avait jugé responsable, avait été reconstruit à l'identique sur le seul modèle n'ayant jamais présenté la moindre anomalie. L'essence de bois et le type de sertissage des quartz, qu'on pouvait qualifier de fiables, étaient maintenant établis. Par prudence, Adacie n'avait fait remonter que des chariots de même type que ceux n'ayant jamais montré la moindre faiblesse.

Le prisonnier avait été sollicité pour examiner les engins avant et après les vols d'entraînement. Son expertise semblait formelle. Les soins qu'il avait reçus, ses nouvelles conditions de détention avaient été sa récompense et une sorte d'accord tacite était pour le moment établi.

Après trois autres jours d'examen minutieux, onze autres grands chariots avaient été mis de côté, en réserve pour plus tard. Il était hors de question de former de nouveaux équipages maintenant et il n'y avait plus de cette mystérieuse pierre noire indispensable à la propulsion.

Une douzaine d'autres chariots ayant passé l'inspection de Lovier avait été réservée ; pour quand il y aurait le temps de faire des essais ou d'imaginer de nouvelles façons de construire leurs merveilleux engins.

Finalement, cela arrivait presque au bon moment. La veille, le maréchal Rowèn avait enfin pu lancer une première attaque contre la cité troglodyte d'Azil, qui s'était obstinément refusée à toute négociation.

Même certains captifs Aziliens qui avaient à contre-cœur de parler à Erwan avaient montré leur surprise face à intransigeance de leur seigneur suzerain. Erwan, lui, avait tout fait pour que les travaux de siège s'éternisent, aussi bien pour faire monter la pression chez les assiégés, que tenter de faire passer des messages de négociation jusqu'au dernier moment.

Les choses avaient traîné tant et si bien qu'une colonne de renfort venue de l'Ouest avait réussi à passer les barrages mis en place par les assaillants et les contrôles organisés par les Aziliens, qui avaient juré de rester neutre, eux-mêmes. Cette troupe composée de quelques dizaines de jeunes impétueux avait stupidement tenté de gagner la cité et s'était fait anéantir devant les défenseurs impuissants.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant