CHAPITRE QUATRE

17 7 2
                                    


Au moins trois contre un. Un qui semblait blessé puisqu'il utilisait une béquille de bois et manquait de vaciller.

Sans que Suwane eu besoin de faire le moindre geste, la jeune mousquetaire l'avait fait reculer de plusieurs pas puis posé la main sur son étui de hanche et porté son sifflet à ses lèvres. L'homme de forte taille qui avait commencé à viser avec son harpon avait stupidement lâché son arme et regardait avec hébétude droit devant lui. Suwane avait laissé tomber la tunique, mis un genou à terre et dégainé aussi son révolver.

Elle tenait celui tombé sur le marchand dans sa ligne de mire, mais était prête à tirer sur n'importe qu'elle personne faisant un geste menaçant.

Ce n'étaient pas des gens à eux qui se battaient, mais des vassaux ou des volontaires venus de petites seigneuries indépendantes.

L'individu tombé se relevait en écrasant le marchand et semblait de fort mauvais poil. Il rugit en dégainant une dague ce qui incita ses amis pourtant stupéfaits à en faire autant. Ce fut malheureusement pour lui la chose la plus stupide qu'il eut pu faire ce jour-là.

Déjà, dès que la jeune mousquetaire avait utilisé son sifflet deux choses s'étaient produites : son escorte à moins de deux cents toises de là se précipitait sur les dorkis et les hommes, même la forte tête qui venait de recevoir une baffe de la lieutenante, dégainaient leurs carabines à pompe de calibre douze alors qu'ils galopaient vers l'appel qu'ils avaient reçu.

De plus, tous les visiteurs alentour qui venaient de n'importe quelle unité des troupes d'Erwan, et même certains de la suite d'Awèl, connaissaient ce sifflement strident. Seuls les premiers, des unités de la garde, pouvaient traduire cette série de deux brefs et trois longs répétée deux fois : le 22, signal de danger.

Mais cela fut suffisant pour que, dès la fin du deuxième signal lancé, tous ces gens-là se fussent mis à l'abri, la main sur les poignées de leurs épées ou de leurs dagues. Ne restaient, plantés avec étonnement dans les ruelles du marché que les visiteurs venus de l'armée assiégeant la cité d'Azil qui ne comprenaient pas ce qui se passait.

Une autre chose fut qu'une douzaine d'officiers, sous-officiers du Barcus, de l'Etxalar ou de la cavalerie de la garde, qui se trouvaient là en goguette, se portèrent immédiatement vers le sifflet.

Une autre chose stupide que l'homme renversé provoqua fut qu'il alerta la personne qui l'avait balancé comme un malpropre et qu'elle se retourna vivement pour faire face à ce danger immédiat, ce qui déclencha l'irrésistible colère de Suwane.

Les quatre assaillants s'en prenaient à une femme ! De forte taille, elle portait une tenue de hallebardière, mais son visage était couvert d'hématomes, de coupures et son air effrayé n'était pas celui d'une personne s'attendant à prendre seulement une bonne raclée. C'était pire !

Suwane ne voulait même pas savoir qui avait raison ou tort. Elle se releva, alors que son escorte et les volontaires arrivaient prêts à en découdre, bondit en deux enjambées sur l'assaillant qui se redressait et le culbuta en l'assommant de la crosse de son révolver. Par-derrière et devant témoins, Suwane venait d'intervenir dans une querelle sans se soucier de la moindre conséquence. Elle pointa son révolver sur les trois autres assaillants alors qu'elle était rejointe par sa mousquetaire. Mais les trois hommes ne savaient pas ce qu'elle tenait en main et le plus proche s'indigna de son action.

— Petite salope ! Je t'apprendr...

Il finissait à peine de dégainer un harpon court que Suwane et la mousquetaire lui tiraient en même temps une balle dans la tête. Deux calibres 12 à moins de trois toises ! L'arrière de la tête explosa sur le visage des deux autres comparses qui, livides de terreur, se mirent à vomir ce qu'ils avaient dans leurs tripes.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant