CHAPITRE 38

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17 thermidor fin d'après-midi

Tranit reposa la dernière pièce de bois qu'il avait fallu déplacer pour disposer d'assez d'espace. Avec Erwan, elle venait d'accomplir sous les regards, autant ébahis qu'un peu tristes, d'une demi-douzaine d'élèves de la troisième compagnie, un travail harassant sans presque prononcer un seul mot. La tension était palpable.

C'est qu'il aurait été bien trop facile escompter tout régler en quelques heures. Une fois la rencontre avec les Aziliens volontaires pour transmettre le message d'Erwan, et surtout celui de la déesse Tranit réclamant des troupes pour monter la garde face au Lannemezan, achevée, Adacie en personne était venue leur annoncer qu'elle transporterait les Aziliens.

Pour des missions d'une telle importance, elle avait tendance à passer au-dessus de ses subordonnés. Tout ce qui touchait directement à Erwan et Tranit était sa chasse gardée et ses hommes étaient bien aises de lui laisser cette responsabilité.

Si Tranit avait était contente d'échanger quelques paroles avec sa camarade qu'elle ne rencontrait plus assez souvent à son goût, elle pensait ensuite pouvoir rejoindre Luin, pour lui apprendre les changements qu'il fallait opérer. Et là, ça avait été la douche froide.

Comment osait-elle imaginer qu'elle et Erwan allaient pouvoir se balader ensemble au-dessus d'un territoire ennemi comme si de rien n'était ? Que l'hélico d'Erwan n'ait jamais eu le moindre problème n'était pas la question. Erwan et Tranit étaient trop importants pour rester ensemble lors d'un vol de guerre !

Tels avaient été les mots de Diérel. C'était probablement la seule situation où les hussards approuvaient entièrement les paras. Si on pouvait admettre que les deux jeunes gens doivent rester ensemble pour des raisons pratiques, il était hors de question que ce soit avec un seul engin et sans garde appropriée.

Il y avait bien le seul 221 de disponible, quartz gonflés à bloc, bouteilles pleines et prêt pour deux heures de vol, mais seul le 041 d'Erwan pouvait l'escorter. L'entourage d'Erwan avait refusé tout déplacement sans la présence d'un second 041 !

Tranit n'avait su quoi répondre. Les jours précédents elle avait volé aux alentours avec seulement deux gardes. Il y avait toujours un appareil en alerte, mais entre les Allières, les forteresses et les tours, ils avaient la possibilité de circuler comme bon leur semblait. Erwan avait tenté de négocier, mais sans succès. Pas moins d'une dizaine de gardes du corps pour eux deux. Avec les enseignes d'astreinte et le matériel nécessaire, au cas où, il fallait trois chariots volants.

Tranit avait bien essayé de parler du plan prévu, l'attaque sur la citadelle du Grand prince du Lannemezan et le sourire de Diérel en avait plus cynique.

— Justement, avec ce que tu veux nous faire faire, hors de question que vous risquiez votre vie avant que nous le fassions !

De l'absurdité totale. Ubuesque avait décrété Erwan avant d'entraîner la jeune femme avec lui, expliquant qu'ils ne parviendraient pas à les faire changer d'avis. Il était hors de question d'aller voir Adacie, elle approuverait Diérel sans hésitation.

Il fallait donc attendre le lendemain pour que trois appareils soient prêts pour eux. Le retour aux sentinelles, dans le même appareil, mais ils étaient en territoire conquis, avait été maussade. Tranit avait un nouvel aperçu de l'entêtement ridicule dont les adorateurs d'Erwan faisaient preuve.

Il y avait toujours une frontière invisible à partir de laquelle la hiérarchie disparaissait en raison d'une impérieuse nécessité de sécurité. Tranit avait fait envoyer de nouveaux messages à Luin, mais elle ne pouvait en dire plus sinon insister sur les dernières mesures à prendre et promettre de tout expliquer le lendemain.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant