Erwan sourit à Tranit et eut un petit geste de la main. Une petite porte se trouvait sur l'arrière des jarres. Erwan ouvrit la plus proche. Tranit y découvrit comme une grosse bouilloire posée sur un gros poêle en brique. Aussi large que haute, près d'une toise et les perches en sortaient. Quand l'une montait, l'autre descendait.
— Ici, c'est un peu comme l'éolipyle de Darlène sauf que la boule ne tourne pas.
— Et c'est pour faire quoi ?
— Celle-ci, c'est une pompe. Tu vois ces tiges ? Elles aspirent l'air puis l'eau du bassin. Attends !
Tandis que Tranit regardait l'étrange objet ; Erwan retourna près de la margelle et fouilla dans sa musette. Il en revint avec une tige de bois terminée par une boule de résine et un tube en pierre brûlée.
Il inséra la tige dans le tube qu'il pointa vers le visage de Tranit.
— Regarde bien !
Il poussa fermement sur sa tige et Tranit sentit le petit filet d'air sur sa joue.
— Maintenant, bouche le tube avec ta main.
Elle s'exécuta et il tira lentement sa tige. Tranit sentit sa peau aspirée contre le tube. Erwan lui fit signe de la retirer puis de la remettre. Il pressa, elle sentit un peu de chaleur et l'air qui cherchait à sortir du tube. Il tira de nouveau et la sensation d'aspiration recommença.
— C'est ça la pompe. Aspirer pour prendre. Ici, l'eau remplace l'air. Et ma tige n'est pas actionnée par des dorkis mais par de la vapeur, parce qu'il faut un mouvement régulier et très long pour bien faire monter l'eau. Ce système fonctionne sans arrêt depuis une décade ! Maintenant nous savons comment faire, c'est plus simple.
— Et la machine fonctionne avec de la... vapeur ? Mais comment tu fais pour le feu ? Ça doit brûler une quantité impressionnante de bois et de résine ?
— Non, dit le jeune homme en souriant. Pour démarrer le feu, oui, j'ai besoin de résine et de charbon de bois. Mais ensuite, mon eau devient ce liquide qu'on ne peut pas toucher dans la forteresse. Ce n'est pas de l'eau malgré son apparence, mais il brûle. Donc une fois la machine lancée, elle pompe de l'eau, la chaudière est remplie, la jarre se remplit de ce liquide, du dihydro, dont une petite partie sert à faire bouillir de l'eau pour actionner la pompe.
Tranit suivait les étapes qu'il lui détaillait et sentait un mal de tête naître dans sa petite tête.
— Je n'avais jamais entendu parler de ces liquides, dihydro et dioxy... l'eau c'est de l'eau !
— Oui mais l'eau est composée de deux autres éléments plus petits. Apparemment personne ne le savait ici. L'hydrogène et l'oxygène liquide. Maintenant, sache que c'est aussi dangereux. Ces deux éléments s'enflamment trop vite. Ils explosent, même, comme nos flammèches et nos grenades.
Les parois de ces jarres font deux coudées d'épaisseur, c'est le seul moyen de garder l'hydrogène et l'oxygène sous forme liquide. Je n'ai pas les moyens techniques de faire des réservoirs moins massifs.
Tranit revint s'asseoir sur la margelle, pensive.
— Ça fait beaucoup de travail, beaucoup de temps et d'argent pour pas grand-chose, non ?
Erwan sourit, il avait déjà entendu ces commentaires un nombre incalculable de fois.
— Oui ! L'investissement est énorme ; vraiment ! Mais ensuite, sur la durée, c'est beaucoup plus économique. Tu vas voir.
En moins de dix minutes, Erwan introduisit Tranit à la machine à vapeur de James Watt qu'il avait légèrement modifiée pour l'utiliser avec ces étranges quartz capables de faire tant de choses.
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Les larmes de Tranit - 8 & 9
AdventureLe rire de Tinart - 2 : Qu'en coûte-t-il de réveiller un passé oublié ?