CHAPITRE VINGT-SIX

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29 messidor 719, Les Imprenables, midi.

L'esprit dégagé, le corps reposé, Tranit remercia la jeune élève de Darlène qui venait de lui offrir une demi-heure d'un merveilleux massage. Son bref somme et les longueurs effectuées avec les élèves mousquetaires dans l'eau délicieusement chaude du bassin central lui avaient rendu sa vitalité.

Les jeunes élèves lui avaient fièrement offert un cliché de l'immense carte en morceau d'ardoise qu'ils avaient réalisée pour Erwan. Celle-ci allait être démontée et transportée aux Sentinelles d'où Tranit superviserait les opérations.

La jeune femme, sachant combien ces plaques de quartz étaient rares, avait remercié ces enfants, difficile d'utiliser un autre mot, en fronçant juste assez les sourcils pour montrer qu'ils avaient fait dépense sans doute superflue.

Leurs gloussements et les sourires lui confirmèrent qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'autorisation de faire cette image, mais ils avaient travaillé avec un tel acharnement sur la carte en y rapportant tant d'informations rapportées par les équipes de reconnaissances que Tranit comprenait leur geste.

Maintenant, il ne lui manquait plus qu'un bon déjeuner pour ne pas tomber d'inanition et elle se sentirait prête. Elle savait que Suwane et la mousquetaire l'escortant n'allaient pas oublier de l'alimenter.

Tout le monde était occupé à préparer les opérations qui commenceraient en soirée et Suwane, en raison de son handicap, était l'une des très rares personnes à n'avoir rien à faire dans l'immédiat, aussi Adacie lui avait ordonné de s'occuper de Tranit.

La jeune femme rejoignit son escorte qui l'avait suivie.

- Alors quoi maintenant ? Erwan va bientôt nous rejoindre.

- 10-25 à 13.00 pour Aquitaine Unité, colonel, confirma la cadette Oliane.

Suwane montra son cahier. Elle voulait passer à la petite Imprenable où la plupart des blessés étaient soignés. Tranit opina du chef. Il y avait encore quelques-uns de ses hommes immobilisés après l'assaut des forteresses et elle risquait de ne pas les revoir de si tôt. Elle savait que les liaigs voulaient les renvoyer en Louvie-Juzon dès qu'ils pourraient voyager.

- D'accord ! Et qui va conduire ? Cadette ?

Oliane eut un grand sourire et se mit au garde-à-vous.

- À vos ordres, colonel.

Elle n'allait pas laisser passer l'occasion de conduire la Gk de Suwane, surtout qu'à suivre la jeune écuyère dans ses différentes tâches, elle avait profité de ce véhicule beaucoup moins souvent que ses camarades.

Tranit et son amie s'installèrent à l'arrière, posant leurs musettes à côté de la cadette, qui s'installait aux commandes du petit chariot. Suwane montrait de nouveau son cahier à Tranit : elle avait tant de questions, de précisions à lui demander.

Pendant les quelques minutes que dura le trajet souterrain entre les deux forteresses, Tranit parla de ce qu'elle espérait obtenir en organisant les GBK plutôt qu'utiliser les régiments déjà créés par Erwan.

Ces unités de taille plus réduite mélangeant infanterie disposant d'une petite artillerie et de cavalerie en permanence pourraient s'adapter à toutes les situations possibles face aux puissantes forces d'invasion que le Lannemezan voulait lancer contre le Fossat.

Erwan voulait ravager le Lannemezan et désorganiser l'ennemi. Le Fossat pouvait devenir un allié alors autant le préserver autant que possible.

Et Suwane comprenait cette partie. Adacie ne pouvait pas l'obliger à ne rien faire et la jeune fille s'envolerait seule dans son petit kañv d'attaque pour soutenir les opérations spéciales que les dragons allaient lancer pour sécuriser les voies de passage.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant