CHAPITRE 37

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Tranit retrouva un Erwan de bonne humeur, mais affamé, dans ce qui leur servait de bureau comme de salle à manger. Il avait commencé à dévorer quelques-uns de ces croque-monsieurs et s'était déjà servi au moins une tasse de chicorée.

Il leva le doigt pour signaler qu'il voulait parler d'abord.

— Je n'ai pas dormi trop longtemps, mais j'ai eu un sommeil paisible, ce qui n'est pas si fréquent. Je suis toujours ennuyé par les Lannemézanais, mais je me suis détendu en allant travailler sur le petit modèle de 0/11. Et aujourd'hui, on devrait pouvoir la monter et la faire tourner sur un banc d'essai avant d'envisager de la placer sur ton modèle, conclut-il avec un air ravi.

Tranit ne put s'empêcher de sourire tout en prenant place face au jeune au jeune homme. C'était une très bonne nouvelle. Sans rien d'autre à faire, elle aurait certainement décidé de sauter le repas pour avoir plus de temps à se consacrer à ce projet.

— C'est une excellente nouvelle. Moi aussi, j'ai bien dormi, mais, moi aussi, je suis contrariée par les Lannemézanais.

— Nous sommes contrariés, dit Erwan en levant sa chope. Trinquons et allons bricoler !

Et Tranit trinqua avec lui, mais ne but pas le délicieux breuvage. Elle voulait d'abord proposer son ébauche de plan.

— J'ai appris par Ylva que des enfants ont été faits prisonniers et qu'ils parlent beaucoup.

Erwan prit un air peiné.

— Des enfants de chevaliers servant de pages ou d'échansons. Ça ne me plaît pas trop, mais au moins sont-ils maintenant en sécurité.

— Ce n'est pas un problème, fit Tranit d'un ton conciliant. Je te comprends. Ce que je veux dire, c'est qu'ils en révèlent bien plus qu'ils ne le devraient. Mais qu'attendre d'autre d'enfants complètement déboussolés par ce qu'il leur arrive. Ils s'imaginent toujours que les leurs vont nous infliger la raclée que nous mériterions.

Erwan sourit tristement à ces propos, mais Tranit se hâta de terminer.

— J'ai chargé Ylva d'une mission les concernant.

Erwan reposa sa tasse, intrigué.

— Je vais la charger, elle et ses amis, d'obtenir le plus de renseignements possible sur Castelbajac. À un tel point que nos meilleurs topographes ou architectes puissent nous dresser le plan le plus complet de cette forteresse.

Erwan resta un instant silencieux, ses yeux légèrement levés vers le droite, c'était ce qu'il faisait quand il essayait de visualiser quelque chose.

— Avec assez de recoupement, cela ne devrait pas être trop difficile, concéda-t-il. Mais pourquoi ?

— Je me suis simplement dit que la capture de Castelbajac serait probablement le moyen le plus efficace de neutraliser le Lannemezan et ainsi retourner aux choses sérieuses.

Erwan resta silencieux. Pas étonné ni amusé. Simplement silencieux, le regard dans le vide, avant de reporter une tasse vide à ses lèvres et de s'en trouver surpris. Il se reversa de la chicorée pendant que Tranit entamait sa tasse.

— Cette forteresse est à près de vingt-cinq lieues de notre avance la plus extrême. Je ne doute pas de notre capacité d'assaut, mais...

— Non, pardon ! Je ne parle pas de conquête, Erwan. Un assaut en kañv ! Six 341 avec tes dragons et des hussards. S'ils ne sont pas de la partie, tu devras rester ici. Une rapide incursion ! On tombe sur la forteresse par les airs. On neutralise tout ce qui s'oppose à nous et on capture les personnalités les plus importantes.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant