CHAPITRE 40

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De retour aux Sentinelles, Tranit et Erwan avaient passé la majeure partie de l'après-midi à revoir l'ensemble du front et des mouvements opérés par leurs forces comme celles des Lannemézanais.

Comme Tranit l'avait pensé, un message TOP de Luin les attendait déjà, confirmant la présence d'une demi-douzaine de nouveaux captifs ayant travaillé directement pour le légat. Ils seraient transférés dès qu'un kañv serait disponible.

Cela leur avait laissé assez de temps pour se concentrer sur le front nord dirigé par Bènwan. Le jeune chevalier ne semblait plus savoir quoi faire pour éclaircir la situation. La baïssa de Bérat était en effervescence, c'était peu dire.

Des troupes avaient tenté d'encercler la petite forteresse dans laquelle le maréchal Lièk, chef de guerre du grand prince de Lannemezan, était censé résider pour diriger l'invasion de l'Azil.

D'autres avaient attaqué les quelques petits villages alentour pour piller les réserves, tandis qu'une assez grande partie d'entre elles semblaient simplement s'en retourner chez elles.

Dès qu'il avait été mis au courant, Bènwan avait demandé à Suwane et ses équipes de lui rapporter des captifs pour comprendre enfin ce qui se passait.

Erwan commençait à envisager une histoire de trahison mise à jour par les alliés des Lannemézanais ou bien un simple problème d'argent. Mobiliser autant de forces en espérant retarder leur paiement, voire assurer simplement un ravitaillement convenable, ne pouvait que conduire à une telle catastrophe.

Pourtant, le jeune homme se demandait ce qui s'était passé dans la tête des dirigeants lannemézanais et surtout de ce fameux maréchal Lièk qu'on lui présentait comme expérimenté et fort habile. Ça ne pouvait pas être seulement la pression de son suzerain. Un tel homme savait forcément gérer des suzerains impatients.

Tranit, de son côté, s'inquiétait bien plus pour Bènwan et ses troupes pour s'autoriser la moindre supposition. Elle savait le jeune homme capable de diriger sa brigade avec intelligence et tirer de ses subordonnés le meilleur d'eux-mêmes. Ces actions depuis le début et surtout la connivence qu'il semblait avoir établi avec l'irascible Estialescq en étaient les meilleures preuves.

Et puis elle n'aimait pas savoir Suwane si exposée dans cette région. Sa jeune amie excellait dans son travail et redoublait d'ardeur pour offrir toute l'aide nécessaire que leurs kañvs pouvaient apporter. Sa présence s'avérait aussi nécessaire pour couvrir les petits 041 qui déplaçaient aussi souvent que possible les équipes de reconnaissance laissées en place par Erwan, pour aider Bènwan à gérer son front si vaste et si déroutant. Mais au final, tout cela était trop.

S'il n'y avait pas cette nécessité d'arrêter les hostilités en intervenant sur Castelbajac, elle aurait demandé à Erwan de descendre en personne avec des renforts pour tenter d'y voir plus clair. Le jeune homme pensait exactement la même chose, mais ne voulait pas le montrer.

Pourtant, malgré la nécessité de rapatrier autant de dragons et d'enseignes que possible autour d'eux pour préparer l'assaut aérien, il avait demandé à Diérel de faire tourner les dragons, afin d'assurer une présence renforcée permanente sur ce front nord.

Tranit savait qu'Adacie faisait de même avec ses appareils. Un 341 assurait une permanence près du QG de Bènwan afin de faire face à n'importe quelle situation. Les enseignes d'Erwan étaient trop précieux pour les laisser sans surveillance.

Leur émulation mêlée à leur enthousiasme demandait une surveillance constante. Ils étaient bien trop heureux de participer à la guerre de leur prophète pour garder les pieds sur terre en permanence.

En début de soirée, ils furent informés que les derniers captifs aziliens ramassés par Luin avaient été transportés aux Imprenables, pour quelques interrogatoires préliminaires. Ils seraient avertis dès qu'il y aurait quelque chose d'important.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant