CHAPITRE VINGT-SEPT

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1er thermidor 719, les Imprenables, dix-sept heures.

Il avait finalement fallu laisser partir les chariots de commandements, les enseignes ne pouvaient pas attendre plus longtemps. Tranit était retournée à son campement et aussitôt commencer une révision de son plan d'attaque en prenant compte les informations de plus en plus précises fournies ces derniers jours et s'obliger à un certain pessimisme.

La majorité du matériel avait été déplacé jusqu'aux Sentinelles. La grande carte constituée de carreaux d'ardoise avait été déjà remontée là-bas et presque tous les enseignes s'y étaient rendus pour poursuivre leur travail de mise à jour.

Erwan, retenu la plupart du temps auprès de l'armée qui établissait le siège d'Azil ; avait rencontré la jeune femme lors de deux brèves réunions entre deux obligations et fait savoir à Tranit qu'il comprenait le délai nécessaire. Il avait promis d'envoyer autant de reconnaissances possibles vers le nord pour englober le Rieumes et le potentiel danger qu'il représentait dans leur théâtre d'opérations.


Jusqu'au dernier moment, Tranit avait retardé son départ pour écouter un rapport, confirmer un état de préparation de ses unités.

Mais il lui était impossible de repousser à plus tard le déplacement de son propre chariot de ravitaillement. Elle laissait le chariot d'habitation à Suwane et Adacie puisque leur escadron restait positionné dans la forteresse et avait fait embarquer ses affaires personnelles.

Elle se retrouva avec sa seule musette de combat et ses armes de dotation qu'elle pouvait caser dans la Gk que Suwane lui avait laissée. Le grand chariot serait rapproché du campement du quatrième escadron, Suwane et Adacie n'auraient plus besoin de se balader dans les forteresses.

Les transmissions étaient regroupées sur le toit du bâtiment central au pied duquel les kañvs étaient installés et les quelques sections techniques du Barcus avaient été rapprochées, toujours par souci d'efficacité.

Frénal, la lieutenante des carabiniers qui avait si souvent escorté Suwane vint à sa rencontre à la tête d'un peloton renforcé. Elle offrit un salut parfaitement TTA à Tranit et indiqua l'imposant rempart sud qui faisait face aux montagnes.

— Mes respects, colonel. Je dois partir à la rencontre de nos renforts de cavalerie. Avez-vous besoin de quoi que ce soit ? Dois-je vous laisser une escorte ? Nous n'avons plus aucune instruction vous concernant.

Et Tranit voyait bien que cela contrariait la jeune femme. Elle ne se voyait pas planter une déesse comme ça.

— Pas la peine, lieutenant. Je rejoins les Sentinelles. Vous avez été affecté à quel GBK ? s'enquit-elle par simple politesse.

— Groupe nord, le 72.

Par convention, ces unités constituées temporairement étaient dénommées d'après l'affectation de leur colonel. L'Arthèz de Bènwan portant le numéro sept, ses GBK étaient donc numérotés de 71 à 78. La logique TTA, avait conclu Tranit.

— Le colonel Bènwan frétille d'impatience. Il va vous faire cavaler, lança Tranit en souriant. Bonne chasse !

La carabinière lui offrit un magnifique sourire, resalua et entraîna sa troupe à sa suite.

Même une officière expérimentée comme elle s'enthousiasmait à l'idée d'aller foutre une dérouillée à ces odieux Lannemézanais qui avaient osé bafouer la Fidélité impériale et faire perdre son précieux temps à Leur prophète. Pourtant, Tranit fréquentait maintenant assez souvent Erwan pour être certaine qu'il ne leur en demandait pas tant. Ces Montagnards étaient toujours difficiles à comprendre.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant