CHAPITRE VINGT-DEUX

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Le lendemain, 20 messidor

Tranit ne rouvrit les yeux qu'un peu avant sept heures. Adacie et Suwane avaient retardé le plus longtemps possible son réveil, probablement inquiètes qu'elle soit encore fatiguée.

Tranit ne dit rien, accepta leur aide pour se doucher et s'habiller avant qu'elles ne se retrouvent dans leur petit salon.

Quelqu'un était venu écrire sur une ardoise leurs activités de la journée, seule Adacie allait quitter les Imprenables pour effectuer des missions d'infiltration et déposer des équipes de renseignement.

Tranit profita donc du bref moment dont elles disposaient pour raconter sa rencontre avec le patrouilleur fluvial jusqu'à la découverte d'Erwan préparant un petit-déjeuner, alors qu'il était bien la dernière personne qu'elle souhaitait revoir.

Seule Adacie s'en amusa, Suwane fronçait les sourcils. Elle choisissait toujours le camp de Tranit lorsqu'il fallait donner son avis sur Erwan. Cet homme était vraiment trop différent des gens normaux.

Adacie affichait son sourire mystérieux et, juste avant de partir, leur promit de leur raconter d'ici peu pourquoi il en était ainsi. Elle leur envoya un baiser aérien avant de disparaître.

Juste après, l'escorte de Suwane arriva. Elle était impatiemment attendue au quatrième escadron, car la rumeur affirmait déjà qu'elle avait trouvé la solution à leurs problèmes ? Pilotes comme techniciens voulaient absolument en savoir plus.

Tranit la laissa partir, Erwan n'allait certainement pas tarder à la rejoindre. Elle savait qu'elle devait rencontrer les jeunes de la troisième compagnie de mousquetaires, pour leur raconter quelques moments de la prise des Imprenables, mais aussi les voir présenter quelques exercices de tactiques qu'Erwan leur avait demandé de résoudre.

Elle attendit un peu plus longtemps qu'elle ne l'aurait pensé. Erwan arriva au volant de la Gk juste avant neuf heures et envoya l'enseigne l'escortant aider Tranit à le rejoindre.

— J'espère que tu as bien dormi, s'exclama-t-il joyeusement. Moi, pas du tout, mais ce fut une nuit vraiment profitable ! On en discutera plus tard, se hâta-t-il d'ajouter en voyant que la jeune femme allait vouloir savoir pourquoi..

— À tes ordres, plaisanta Tranit en s'installant à ses côtés.

— Tu as bien mangé ? Tu te sens vraiment bien ?

Apparemment le souvenir de la veille lui faisait prendre quelques précautions. Tranit lui offrit un grand sourire.

— On verra bien !

Il rit, mais n'en dit pas plus. Il conduisit en silence jusqu'au campement de la troisième compagnie de mousquetaires et l'amena sous une grande tente qui semblait servir de salle de travail.

Un grand tableau noir faisait face à près d'une vingtaine de sièges pliants installés en arc de cercle. Dans l'espace central, un immense tableau posé à plat et recouvert d'un tissu pour en protéger les inscriptions à la craie

— Ils sont presque tous encore au bassin. Ce matin, il y avait une épreuve de natation. Comme ils ont tous lu le rapport sur ton opération, ils vont avoir bon nombre de questions. Cela fait au moins trois ans qu'ils étudient l'art militaire.

Ils ont lu vos classiques et moi je leur ai appris ce que je savais. Alors, ne te fie pas à leur jeune âge, leurs questions seront celles de connaisseurs. Ça ira pour toi ? Tu seras seule, je ne veux pas intervenir sur cette partie.

Tranit fit signe qu'elle n'en savait rien, ce qui était l'exacte vérité.

— Une seule heure, rajouta Erwan, mais tu comprendras vite que c'est important. Ensuite, nous les écouterons proposer leurs solutions à plusieurs situations tactiques que j'ai imaginées.

Les larmes de Tranit - 8 & 9Où les histoires vivent. Découvrez maintenant