Chapitre 39 : Chaton

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Le bruit affreux d'un camion passant à côté de moi me sortit de mon sommeil aussi désagréablement que brusquement. Je grimaçais en ouvrant un œil à cause de la luminosité bien trop forte et tentais de me retourner mais mon dos courbaturé me fit un mal de chien.

- Bordel...

Mon matelas était affreusement dur et les bip-bips incessants du camion ne cédaient pas. J'étais frigorifié et je ne sentais aucune couverture moelleuse et réconfortante à proximité en tâtonnant avec ma main. Je me redressais alors pour gueuler un bon coup sur qui pouvait bien me réveiller si tôt et si atrocement mais mon crâne cogna le plafond, me coupant net dans mon élan.

Je grimaçais encore plus et me forçais à ouvrir les yeux pour comprendre ma situation mais à peine étaient-ils entrouverts que je le regrettais déjà. J'étais mieux dans mes rêves. La réalité me ramenait dans ma voiture, au beau milieu d'une rue qui n'était pas la mienne, un camion poubelle à côté de moi avec deux employés qui effectuaient simplement leur travail.

Je restais figé quelques instants, essayant de me rappeler comment j'en étais arrivé là et à part une boîte vide de chicken wings à côté de moi, je n'avais pas franchement d'indice.

Je tournais la clé que j'avais très intelligemment laissée sur le contact pour voir l'heure et ma vision resta floue un moment avant de se stabiliser sur 6:09 du matin. Le jour se levait à peine. La rue était vide. Hormis ce cauchemar ambulant qui semblait prendre un malin plaisir à traîner à quelques mètres de moi en faisant un raffut pas possible, il n'y avait pas un passant.

Les événements d'hier me revinrent en tête petit à petit et ma poitrine se serra de plus en plus à la réminiscence de chacun des souvenirs. Puis, lentement, ils devinrent flous jusqu'au trou noir et je n'avais aucun doute quant au responsable, l'alcool. Ça expliquait au moins l'état lamentable dans lequel je devais être hier soir pour avoir dormi dans ma voiture sans essayer de rentrer chez moi.

Je déglutis péniblement. J'étais pathétique. Mais maintenant que j'étais parfaitement éveillé, je décidais qu'il était temps de regagner en dignité et en confort pour terminer de décuver tranquillement dans mon lit.

Ma gorge resta sèche pendant tout le trajet et mon corps refusa de se détendre, toujours crispé de cet affreux réveil et des courbatures qui lacéraient mon dos. Bien malgré moi, mon esprit tournait en boucle. Les mêmes questions revenaient encore et encore, les mêmes scènes se rejouaient sans cesse, tout ça pour n'arriver qu'à un seul résultat, une seule conclusion, celle qu'ils s'étaient bien foutus de ma gueule depuis tout ce temps, tous les deux, comme les gros enculés qu'ils étaient.

Je m'échouais lamentablement contre la paroi de l'ascenseur une fois à l'intérieur et patientais jusqu'à mon arrêt. Si j'avais été ne serait-ce qu'un étage plus haut, j'aurais eu le temps de m'endormir là, encore debout, contre le miroir glacé. Lorsque le ting d'arrivée retentit, mes paupières se fermaient déjà et je sursautai. Je traînais des pieds pour sortir et arrivé à quelques mètres de ma porte, je me figeai.

Est-ce que j'étais encore en train de rêver ? Parce que la situation était inimaginable. Ça ne pouvait être qu'une hallucination parce que j'avais encore de l'alcool dans le sang. Ça ne pouvait pas être réel. Il ne pouvait pas être là. Yoongi ne pouvait pas être en train de m'attendre devant ma porte.

Comment pouvait-il oser se pointer ici après tout ce qu'il s'était passé ? Est-ce qu'il pensait vraiment que j'aurais envie de le voir ? Que peut-être j'aurais tout oublié ? Qu'il pourrait me servir n'importe quelle excuse ou mensonge pour me ranger de son côté ? Il ferait mieux de s'étouffer avec son culot et de me laisser tranquille.

Pull & Push [sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant