Chapitre 49 : Le chat est vulnérable

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Mais quel bâtard.

Quel gros enfoiré de bâtard, bordel !

Mais qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête pour sortir des conneries pareilles ?!

Sage ! On avait dit sage, pas sauvage ! S-A-G-E ! Tout le contraire de se jeter à la gorge de ce pauvre hoobae pour lui tailler la jugulaire en deux comme il l'avait fait, bordel !

Il n'avait rien demandé en plus ! Il n'avait jamais prétendu être ni un pro ni même un aspirant pianiste ! Ce n'était qu'un étudiant lambda, autodidacte, qui aimait bien jouer et découvrir et qui s'était proposé d'apprendre aux couples une petite mélodie romantique pour l'occasion. Ça n'avait aucune prétention et ça ne nécessitait absolument pas un tel carnage !

Connard ! Gros connard plutôt ! Je n'en revenais pas !

Je venais de passer une heure avec le pauvre garçon pour le calmer et le rassurer. Je lui avais expliqué une bonne quinzaine de fois que je ne comprenais pas d'où sortait tant d'hostilité, qu'habituellement il ne se comportait pas comme ça mais qu'est-ce que j'en savais à la fin ?! Absolument rien ! Je m'étais porté garant d'un trou du cul et voilà comment il me remerciait !

Au final, je ne savais même pas pourquoi je m'étais donné tant de mal pour défendre cet enfoiré. Bordel, j'étais tellement furax. J'avais ruminé tout le temps où j'avais réconforté le hoobae, me retenant de justesse d'exploser pour ne pas en rajouter une couche mais maintenant que j'étais seul, toute ma colère rappliquait et j'étais à deux doigts de tout casser.

Et je savais pertinemment sur qui je voulais passer mes nerfs. Il n'y avait qu'une seule personne qui méritait toute cette rage.

J'avais conduit un peu trop rapidement comme à mon habitude quand j'étais énervé. Ça n'avait fait qu'entretenir ce bouillonnement furieux que je ressentais à l'intérieur de moi. Je doublais une voiture trop lente en jurant tout ce que je pouvais, puis une autre et encore une, et j'arrivais enfin sur le boulevard après avoir insulté trois générations de personnes qui n'avaient rien demandé.

J'y étais presque. C'était la prochaine à droite. J'avais tellement fait cette route que je la connaissais par cœur et cette simple réflexion m'enflamma un peu plus.

J'appuyais sur l'accélérateur lorsque le feu passa à l'orange parce que je n'aurais pas supporté une minute de plus à attendre sans lui hurler dessus. Je tournais à droite un peu trop brusquement, m'enfonçait dans le quartier et m'arrêtais enfin devant son immeuble.

Les freins crissèrent, la portière claqua et je me précipitais hors de la voiture. La porte mal fermée du bas de l'immeuble me permit de ne pas me stopper dans ma course et je montais les marches quatre à quatre jusqu'à son étage. Je me précipitais devant son appartement et frappais avec violence.

J'étais dans un état de colère et de nervosité inimaginable. Je me sentais entièrement engourdi tant mes muscles étaient contractés depuis longtemps et j'étais certain que si l'on me retirait ce torrent d'émotions, je tomberais comme une poupée de chiffon.

Je tapais à nouveau sans me soucier le moins du monde des voisins. Trop impatient pour attendre une réponse et surtout, pour le mettre directement dans l'ambiance, je décidais de ne pas m'arrêter et de frapper jusqu'à ce que cette putain de porte s'ouvre.

Au bout de quelques secondes à peine, j'entendis sa voix irritée à travers la cloison :

- Putain, cassez-vous !

- Ouvre cette porte où je te jure que je la défonce ! hurlai-je à bout de patience.

Il y eut un moment de blanc avant que je ne l'entende bouger. Pour le principe, je tambourinais à nouveau et il jura tout ce qu'il pouvait en ouvrant, me faisant enfin cesser mes coups.

Pull & Push [sope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant